Trois événements ont marqué ce dimanche  sur les plans politique, social et syndical.

1 — Le grand meeting organisé par le parti Ettajdid dans la proche banlieue d’El Menzah a été incontestablement  l’événement politique le plus marquant de la journée. Dans une salle pleine à craquer, où plusieurs centaines qui n’ont pu accéder, plusieurs orateurs ont pris la parole pour défendre la décision de participation au gouvernement de transition  et exprimer leurs attentes et les correctifs à apporter à l’avenir à son action. Outre Ahmed Brahim, premier responsable du mouvement et ministre de l’enseignement supérieur dans le gouvernement de transition, avait pris la parole Maher Hanain, dirigeant du Parti démocratique et progressiste (PDP), un autre parti participant au gouvernement. La parole a été donnée aussi à un représentant du Forum pour le travail et des Libertés, parti dirigé par le Dr Mustapha ben Jaafar, qui avait accepté dans un premier temps de participer au gouvernement comme ministre de la santé et qui s’est retiré après le volte -face de l’UGTT. Plusieurs jeunes du mouvement d’Etttajdid originaires de Sid Bouzid et de Kasserine ont pris la parole pour donner leur témoignage sur leur participation aux luttes sociales engagées dans leurs régions respectives. Une intervention remarquée de Sana Ben Achour, présidente de l’Association des Femmes démocrates, respectant la diversité des opinions dans son association elle n’a pas voulu émettre un avis sur la question du soutien gouvernement de transition, cependant, elle a exprimé  à la fois la joie des femmes et leur adhésion à ce processus révolutionnaire, mais elle a exprimé aussi  ses craintes face à l’intégrisme qui pourrait trouver un terrain propice dans la situation difficile que vit le pays depuis le 14 janvier.

Ce que je peux retenir de ce premier qu’il s’agit d’un pari gagné face au climat d’incertitude qui s’est diffusé chez une frange de la société après le retrait des trois ministres représentant la  sensibilité syndicale de l’équipe gouvernementale.  Le meeting a montré que l’offensive démocratique des forces soutenant l’émergence d’un ordre nouveau à travers le soutien vigilant du gouvernement de transition avait une place parmi une frange de la population et que le non au gouvernement n’est aussi généralisé que cela. A la fin du meeting, les présents se sont donnés un nouveau rendez  au palais des Congrès, le mercredi 26 janvier  pour une autre action pour la défense des acquis de la révolution des Jasmins.

Avant de clôle ce premier point je vains insérer dans ce papier le résumé du meeting rédigé par un journaliste de de l’AP  « M. Brahim, chef du mouvement Ettajdid (Le Renouveau), une formation de l’opposition légale, a jugé « irresponsable » cette grève « car le pays a aujourd’hui de stabilité et non pas d’instabilité », a-t-il déclaré lors d’un meeting tenu dimanche à Tunis Sans contester « le droit à la grève qui est garanti par la Constitution », il a pressé les instituteurs et les enseignants de faire preuve de responsabilité et à renoncer à cette grève « qui n’est pas juste ».

Parlant devant plus d’un millier de personnes issues de diverses sensibilités politiques et intellectuelles, M. Brahim a jugé que la situation dans le pays « est en train de se stabiliser et que les questions de sécurité sont résolues pour l’essentiel ». Selon lui, les décisions politiques prises « en moins d’une semaine » vont dans le sens de la volonté populaire de rupture avec le régime de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali et de construction d’un « ordre démocratique nouveau ».

Il a cependant mis en garde contre « les dangers réels » qui persistent du fait des « surenchères » sur la composition du gouvernement transitoire contesté par la rue, soulignant le risque qu’elles engendrent « le vide, voire le chaos » qui pourraient favoriser le « retour des démons du despotisme ».

« Nous avons paré au plus pressé, c’est-à-dire sauver le pays du désordre pour ne pas laisser de vide dans lequel pourraient s’engouffrer des solutions militaires que nous ne voulons pas ou toutes autres aventures prévisibles », a-t-il soutenu, en appelant « le peuple tunisien à nous faire confiance ».

« Laissons le gouvernement travailler. Il ne faut pas que cela (les manifestations) aboutissent à des choses incontrôlables », a-t-il lancé, en accusant « des personnes qui appellent au chaos et à remettre en question tous les acquis modernistes de la femme et autres ».

Il faisait manifestement allusion aux islamistes, que plusieurs autres intervenants ont également pointé du doigt, notamment la présidente de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) Sana Ben Achour, et le représentant du Parti démocratique progressiste (PDP), l’avocat Maher Hanin. AP

2 — L’autre fait de la journée est « la marche sur la capitale » organisée  par plusieurs personnes originaires du gouvernement de Sid Bouzid  qui après avoir marché quelque kilomètres à pieds, soudainement des « volontaire »s sont venus à leur secours  leur proposant aide matérielle, des camions et des bus pour les ramener manifester à Tunis jusqu’à « la chute du gouvernement ». Ils sont arrivés aux portes de Tunis à l’aube du dimanche, après avoir défilé sur la principale avenue, ils sont allés faire un sitting sur place du gouvernement à la Kasbah.  S’il est légitime de voir des populations se diriger vers Tunis pour présenter leurs doléances,  mais pourquoi seuls 400 personnes , même si elles sont issues des régions les plus  marginalisées s’attribuent –elles  « l’honneur » de parler au nom de toutes les autres régions et l’ensemble du peuple et le monopole de demander la chute du gouvernement.  A l’heure où je vous écris ce texte ( dimanche) plus de 300 personnes étaient sur la place du gouvernement, l’armée présente autour d’eux ne les a pas chassé malgré l’état de couvre feu

3 — Les cours doivent reprendre lundi après une fermeture des écoles durant plusieurs semaines en raison des troubles sociaux qui ont secoué la Tunisie pendant plus d’un mois. Cependant forts du  mot d’ordre de grèves tournantes annoncé par la CA  de l’UGTT qui continue à réclamer la chute d’un gouvernement dont elle avait donné, dans un premier temps, son accord pour sa constitution et donné par écrit la liste des noms qu’elle proposait , mais depuis mercredi elle avait volte-face et a changé sa position, fort de cette position, le syndicat de l’enseignement  secondaire (direction dominée par des éléments de l’extrême gauche et des nationalistes) a annoncé une grève illimitée jusqu’à la chute du gouvernement. De leurs cotés, les enseignants des lycées secondaires dont les élèves, ont été invités à rejoindre les établissements dès lundi, ont déclaré une seule journée de grève avec des séances d’explication et de discussion sur les événements  qu’avait connu le pays. Enfin, les enseignant du supérieur ont été invités appelés à se réunir dans leurs établissement dès lundi 24 janvier pour préparer la reprise progressive des cours à partir du 27 janvier.

Habib Kazdaghli

Dimanche 23 janvier à 23h

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