La peine de mort infligée à l’Iranienne Sakineh aurait été suspendue. C’est en tout cas ce qu’affirme la présidente du Comité des droits de l’Homme du Parlement iranien, Zohre Elahian, dans une lettre envoyée à la présidente brésilienne Dilma Roussef.

« Bien que le verdict concernant la peine de lapidation contre Sakineh Mohammadi Ashtiani n’ait pas encore été définitivement rendu, et qu’il soit pour le moment suspendu, elle est condamnée à 10 ans de prison », explique la présidente du Comité des droits de l’Homme du Parlement iranien, Zohre Elahian, dans la lettre envoyée à la nouvelle présidente brésilienne Dilma Rousseff.

Elahian poursuit en annonçant que la peine de lapidation prononcée contre l’Iranienne est suspendue depuis que la famille de son mari lui a accordé son pardon, mais qu’elle a été également condamnée à 10 ans d’emprisonnement.

Cette déclaration demeure la dernière en date d’une longue série d’affirmations contradictoires de la part de différents membres du pouvoir iranien, affirmant tour à tour que la peine de lapidation, puis la pendaison de Sakineh étaient suspendues, avant que le procureur de la province d’Azerbaïdjan occidentale ne révèle, il y a encore à peine deux semaines, que “la possibilité que cette sentence soit appliquée est aussi forte que celle qu’elle ne le soit pas”.

Pourtant, nous nous devons de rester extrêmement clairs sur les faits qui sont reprochés à Sakineh.

En effet, selon les documents que nous a fournis l’avocat de Sakineh, Houtan Kian, avant qu’il ne soit arrêté, Sakineh Mohammadi Ashtiani a été condamnée en mai 2006 à recevoir 99 coups de fouet pour “relation illégale” avec deux hommes, sans aucune preuve ni témoignage. 99 coups de fouet que Sakineh a reçus quelques jours plus tard, devant les yeux de son fils. En septembre de la même année s’est ouvert le procès du meurtre de son mari, au cours duquel Sakineh a été innocentée de toute complicité de meurtre, et où le cousin du mari, Issa Tahéri, a été reconnu coupable et a été condamné à être pendu. Après le pardon accordé par le fils de Sakineh, celui-ci est aujourd’hui libre.

C’est à l’occasion de ce procès, et malgré l’acquittement de Sakineh, que le juge islamique du tribunal de la province d’Oskou (nord-ouest de l’Iran) a réouvert son dossier d’adultère et a décidé de la condamner à 10 ans de prison pour “relation illégale”, ceci alors que selon le droit iranien, une personne ne peut être condamnée deux fois pour le même crime. Et c’est lors de la confirmation de la peine par le juge islamique de la ville de Tabriz (chef-lieu de la province) puis par celui de Téhéran, que la peine a été commuée en lapidation, toujours uniquement pour “relation illégale”. Une peine qui, selon les autorités iraniennes, aurait été suspendue en juillet dernier, à l’aube des premières protestations internationales.

Pourtant, du temps où il était encore libre, Houtan Kian, l’avocat de Sakineh, nous a révélé qu’il n’avait reçu aucun document de la Justice iranienne attestant de la suspension effective de la peine de lapidation à l’encontre de sa cliente. D’autre part, il avait ajouté que les déclarations gouvernementales iraniennes au sujet de sa cliente ne valaient rien, et que seuls des documents officiels signés par des responsables de la Justice iranienne faisaient foi.

Voici pourquoi de telles déclarations, prononcées par la présidente du Comité des droits de l’homme du Parlement iranien, personnage qui ne s’était jamais exprimé jusque-là, n’apportent rien de nouveau, et ne peuvent être prises pour argent comptant, d’autant plus que l’avocat de Sakineh, Houtan Kian, demeure toujours en prison depuis maintenant plus de trois mois.

D’ailleurs, dans sa lettre, Zohre Elahian, insiste sur le fait que « selon les preuves, l’Iranienne a trahi sa famille et tué son mari conjointement avec son amant. Elle a confessé ses crimes durant le procès ».