Sajjad Ghaderzadeh, le fils de Sakineh Mohammadi Ashtiani, et Javid Houtan Kian, son avocat, seraient « interdits de tout contact » avec le monde extérieur, viennent de nous apprendre nos sources en provenance de Tabriz (nord-ouest de l’Iran). D’après elles, un avocat aurait tenté aujourd’hui de rendre visite en prison aux deux hommes afin de prendre en charge leur défense; mais en aurait été empêché par les responsables pénitentiaires. Sajjad Ghaderzadeh et Javid Houtan Kian n’ont donc pas la possibilité d’être défendus équitablement alors qu’ils sont soumis depuis neufs jours à des interrogatoires incessants dans un centre de détention provisoire de la ville. Sakineh Mohammadi Ashtiani, toujours condamnée à la lapidation pour adultère, est elle aussi « interdite de tout contact » depuis le 11 août dernier. Avec son avocat Javid Houtan Kian en prison, elle ne bénéficie elle non plus d’aucune défense.

Nos sources viennent également de nous avertir que le procès qui devait avoir lieu aujourd’hui à Tabriz, dans lequel devait comparaître Javid Houtan Kian, mais aussi, vraisemblablement, Sajjad Ghaderzadeh, le fils de Sakineh, en raison de la similarité de leur dossier, aurait été reporté à une date inconnue. Les interrogatoires contre les deux hommes devraient quant à eux se poursuivre. « On a demandé à leur famille de repasser à la prison dans une semaine », nous dit-on depuis Tabriz.

Mina Ahadi, porte-parole du Comité international contre la lapidation, qui suit le dossier depuis quatre ans, s’avoue très inquiète de ces derniers rebondissements: « J’ai appris que Sajjad a été particulièrement mis sous pression, révèle-t-elle, étant donné que c’est lui qui a donné le plus d’interviews à la presse. Or il n’a rien fait. C’est un garçon de 22 ans qui a juste décidé de sauver sa mère à tout prix. Il n’a rien commis d’illégal. Il n’a commis aucun crime ». Mina Ahadi se souvient notamment des derniers mots du fils de Sakineh : « Il ne pensait qu’à la libération de sa mère. Il voulait de nous tous que nous maintenions la pression sur nos gouvernements afin qu’ils redoublent d’efforts diplomatiques pour la sauver ».

Mais si Sajjad demeure emprisonné depuis plus d’une semaine, il est une autre personne sur laquelle se focalisent les craintes de Mina Ahadi. « Depuis l’arrestation de sa mère, Sajjad ne vivait plus qu’avec sa petite sœur âgée de 17 ans. C’est lui qui subvenait à ses besoins en travaillant du matin au soir. Aujourd’hui, sans lui, elle est complètement esseulée et a très peur ». La porte-parole du Comité international contre la lapidation n’oublie pas non plus Javid Houtan Kian, qu’elle décrit comme un « excellent avocat qui n’a pour seul tort que d’avoir révélé le véritable contenu du dossier de sa cliente Sakineh ».

On apprend aujourd’hui du ministère iranien des Affaires étrangères que l’Iran a accordé à des représentants du consulat d’Allemagne à Téhéran l’accès aux deux journalistes allemands du Bild arrêtés dimanche 10 octobre dernier en compagnie du fils et de l’avocat de Sakineh qu’ils interviewaient. Téhéran n’a toutefois jamais confirmé l’arrestation des deux Iraniens. Cette annonce répond à la demande hier d’une délégation de députés allemands en visite en Iran au président du parlement iranien Ali Larijani d’intervenir en faveur de leurs deux ressortissants.

Là-dessus, Mina Ahadi est formelle:  » Je regrette que les autorités allemandes n’aient même pas pris la peine de prononcer les noms de Sajjad et de Houtan Kian ».