Ainsi Sakineh ne sera pas lapidée. Les lapidateurs se sont vus dans le miroir de nos yeux, ils ont vu la révolte, la rage, la révulsion que leur tranquille barbarie inspirait aux centaines de milliers d’humains qui se sont mobilisés, à l’appel de Bernard-Henri Lévy, pour dire: “Non. Pas cela. Halte à l’horreur.”
Nul ne sait aujourd’hui le sort final qu’ils réservent à Sakineh. Lui administreront-ils 99 coups de fouet supplémentaires, la pendront-ils, la fouetteront-ils avant de la pendre? Sakineh est une héroïne de l’humanité entière et nous devons toutes et tous nous incliner devant elle. Elle est en effet une immense pionnière de la liberté et il ne faut pas la défendre comme certains, trop nombreux, ont tenté de le faire avec bonne conscience. La lapidation, semblaient dire ces belles âmes, est injuste et imméritée, puisque Sakineh n’a pas commis l’adultère. Sakineh ne s’est jamais défendue sur ce terrain-là. Et si elle le fit une fois, il s’agissait d’une défense arrachée sous la torture.
La lapidation, le bombardement à coups de pierre de la tête d’une femme enterrée debout jusqu’au col, sa réduction en une bouillie sanglante, n’a aucune justification, cette femme eût-elle commis mille fois le péché d’adultère. Commettre l’adultère au pays des mollahs est le courage même, le plus haut courage, celui d’une femme qui ose dire aux barbus enturbannés : “Non, les femmes ne sont pas la propriété privée des hommes.”
Si l’Iran sort un jour du sinistre Moyen-Age dans lequel les mollahs l’ont enfermé, c’est à une femme comme Sakineh que l’humanité entière le devra. Ne relâchons pas notre mobilisation, arrachons définitivement Sakineh aux lugubres bourreaux de la prison de Tabriz et saluons-la, dans sa chair martyrisée, comme une libératrice, comme l’annonciatrice de temps nouveaux.
Claude Lanzmann
Et les bombardements sur la bande de Gaza en décembre 2008?
Pourquoi vous ne vous êtes pas autant indignés devant tant de civils massacrés???
Bizarre, bizarre !!!
Imaginons qu’Einstein ait 85 ans et réside à Paris. Un rapport de l’Inspection générale sur un professeur ayant décidé d’approfondir la théorie de la relativité restreinte et générale auprès d’une classe qu’il jugeait en avoir l’aptitude, lui reproche l’«instrumentalisation des élèves» par des «lavages de cerveaux». Imaginons la théorie de l’évolution valant à celui qui la professerait le même traitement du vivant de Darwin. Cela ne vaudrait-il pas une mise à pied immédiate des inspecteurs, et une prise de parole du ministre de l’Éducation trahie visant à rétablir l’autorité des auteurs susmentionnés? Comment voulons-nous que le doigt de Lanzmann polarise les consciences dans son axe comme devrait le faire l’une des plus grandes consciences de nos temps modernes au même moment où madame Pederzoli-Ventura est suspendue de ses fonctions pour avoir manqué de mesure en qualifiant la Solution Finale du nom hébreu : «Shoah»?
Claude Lanzmann nous prouve une nouvelle fois que la connaissance du plus grand crime contre l’humanité qui fût jamais, loin de ne nous rapprocher que des seuls Juifs, nous rapproche par voie inductive à vitesse grand V, de l’humanité tout entière.