Plus que l’imprévisible Jabulani aux orbes aléatoires, plus que l’orange batave, plus que la vélocité nipponne, plus qu’une Mannschaft enfin ottomane, me plaît, en ce début de Mundial, le son lancinant, obsédant, vrillant, décérébrant, boulézien, de l’étrange (si étrange…) Vuvuzela.
Trompette de carton bouilli, corne de brume, shofar païen, elle vaporise un bruit qui rend fou. Un bruit d’essaim et de ruche dont les tympans du jeune Churchill, mélomane peu averti, avaient déjà eu à se plaindre pendant la guerre des Boers.
Vuvuzzzz ! hurlaient les guerriers du bush en lançant leurs sagaies au curare sur les poitrines anglaises.
Vuvuzz ! entendait-on dans le Soweto de l’Apartheid… Et cette trompette, cet essaim, a une histoire qui grimpe jusqu’aux âges théologiques, quand des Aborigènes décidèrent que l’Abeille régnerait au premier rang de leur panthéon enchanté.
J’aime cet amour immémorial de l’abeille et de l’essaim – auquel Einstein emprunta son meilleur théorème: « si, un jour, l’abeille disparaît, l’homme n’en aura plus pour très longtemps… » De plus, la Vuvuzela (qui, paraît-il, donne des migraines à Van Percy et à Rooney – comme par hasard : un Hollandais et un Anglais) possède une admirable vertu : elle hâte la démence, la transe, et procure aux humains un délire spécial qui transforme (dans l’âme de ceux qui en reçoivent la stridence) la perception de la fin en illusion du commencement.
Ainsi, on vuvuzelle volontiers au chevet des agonisants qui veulent croire à l’imminence d’une renaissance à l’instant de leur trépas… Socrate, lui, exigeait que l’on portât un coq à Esculape, afin que ses disciples s’avisent que la mort guérit de la maladie de la vie. La socratique Vuvuz, avec ses abeilles, instille la même drogue subtile. Car, nul ne l’ignore, on va beaucoup mourir sur le gazon du Capetown Stadium – si proche de la Bonne Espérance.
« Le vuvuzela, un objet marketing et non traditionnel » titre le magazine slate.fr
http://mondial2010.slate.fr/article/2483/le-vuvuzela-un-objet-marketing-et-non-traditionnel/
Monsieur, j’ai apprécié aussi votre texte et à ce propos vous dites « la » et ils titrent « le »
tout est permis puisque das Vuvuzela dit l’allemand?
Il a suffit qu’un écrivain dise qu’il aime le vuvuzela pour qu’on dise que c’est poétique.
non, mais je rêve?!?!
Je vous signale qu’il s’agit de santé publique là!!!!!!
le vuvuzela peut endommager sérieusement les tympans!!!!!!
Vous aimez le vuvuzela?!?!
Incroyable!!!!
Seul un écrivain peut trouver de la poésie dans ce bruit là.
je vous assure, cher Jean-Paul Enthoven, que lorsque vous êtes dans le stade et qu’on vous oblige à écouter ça… vous ne trouvez vraiment pas de la poésie à la chose.
Suberbe texte… Ca me réconcilie presque avec le vuvuzela…
tres inspire et plein de joie; Il fallait -il encore que la vuvuzela arrive a marquer des buts