Je n’envie pas les dessinateurs de presse qui chaque jour ou presque doivent donner à penser aux lecteurs souvent distraits de quotidien. L’exercice est toujours périlleux, mais parfois l’outrage est trop grand pour ne pas être relevé. Ce fut le cas du dessin de Plantu paru dans Le Monde du 21 décembre 2009.

Immédiatement l’œil s’arrête sur cette image en Une où trône trois visages. On y remarque tout de suite un Benoît XVI goguenard entre les portraits du pape Pie XII et celui d’Éric Besson. Puis on aperçoit les silhouettes. Sous le portrait de Pie XII, on distingue trois déportés en tenue rayée ; sous celui du Ministre de l’Immigration, trois sans papiers, des afghans probablement. Dans la « bulle » papale le dessinateur fait dire à Benoît XVI « Et maintenant je béatifierais volontiers le bienheureux Eric Besson ».

On reste coi devant ce dessin et on tente de comprendre au-delà de la maladresse. Des maladresses. Qui Plantu souhaite ici croquer? Qu’est-ce qui est comparé à quoi? Après quelques secondes, on repose négligemment le dessin en saluant l’exploit.

Car c’est bien à coups de crayons douteux et de confusions terribles, presque nauséeuses, que le cartooniste réussit la prouesse d’une quadruple injustice en un croquis.

– Injustice à Pie XII, dont les critiques les plus virulents ne retiennent au pire qu’une complicité passive et silencieuse aux crimes nazis et qui ne peut donc en rien être rapproché du grand ordonnateur d’une politique honteuse et humiliante. Si Besson est combattu c’est parce qu’il donne cœur, âme et moyens à la tâche indigne des expulsions chiffrées. À l’inverse, si Pie XII est controversé c’est pour son aveuglement et son silence.

– Injustice à Besson qui, en étant comparé aux auteurs des déportations, se voit travesti en responsable partiel d’une machinerie tragique et infernale. À l’inverse de l’effet sans doute désiré, ce dessin fait apparaître sieur Besson moins auteur des scènes de traque qu’il produit pourtant chaque jour. Paradoxalement, comparer en filigrane Besson aux Nazis, c’est amoindrir sa responsabilité dans ce qu’il fait aujourd’hui et ici.

– Injustice faite aux hommes et femmes sans papiers qui en étant comparés aux déportés se voient niés dans ce qui fait la spécificité de leur humiliation et plus isolés dans le combat pour leurs dignités.

– Injustice enfin aux déportés. Les trop rares à être revenus des camps, ont toujours récusé avec la plus grande vigueur l’idée d’être érigés comme l’étalon-mètre de la souffrance.

Comme débattre de l’identité nationale, comparer les tragédies devrait être réservé aux chercheurs et aux universitaires. Utilisé à des fins politiques, même lorsque c’est pour dénoncer une situation, comme tente sans doute de le faire Plantu, les comparaisons ne peuvent être qu’outrageuses et fausses. Siné prétend semer sa zone et Plantu sa confusion.

13 Commentaires

  1. Plantu n’est pas très bon ni subtil, il se plante presque tous les jours.
    On doit le « subir » quand on lit Le Monde au quotidien, hélas !

  2. Alors… au délà du language ordurier de votre post étonnement validé… voici mes commentaires (si si je me permets) :

    – Plantu a le droit de dessiner ce qu’il veut… Mais Haddad, Levy et consorts comme vous dites ont également le droit de critique… Non c’est défendu aussi ?

    – Il faut être ctaholique pour parler du Pape, musulman pour parler de l’Islam… ah bon… étonnant car vous condamner à mort de nombreuses sociales… Bref évidemment que l’on peut parler d’une communauté si on n’en fait partie.

    Voilà… donc en conclusion votre contribution est à la fois ordurière et simpliste… Difficile de faire pire.

    Respect !

  3. putain, Plantu il a encore le droit de faire et de dessiner ce qu’il veut, merde alors ! infect ou pas ?

    n’en déplaise à Haddad, Levy et consorts.

    quant au Vatican, mais de quel droit des non-catho prétendent lui dicter sa conduite ?
    pour le dire autrement, tu prends ta règle du jeu et tu vas jouer dans ton coin et tu fous la paix au monde.

  4. Plantu n’est pas à son premier dessin infect il fait souvent des comparaisons qui sont dénuées de sens c’est la raison majeure pour laquelle je n’achète plus ce journal

  5. le dessin jouit trop souvent d’une impunité dont l’écrit ne bénéficie pas . Il suffit de lire la transcription qui en est faite pour en mesurer le condamnable excès,
    merci de réagir ;

  6. je suis « ahuri » de ce bout de phrase « Injustice à Pie XII, dont les critiques les plus virulents ne retiennent au pire qu’une complicité passive et silencieuse aux crimes nazis  »
    Il est tout de même question, si je ne m’abuse, de « béatification », c’est à dire un strapontin pour une « sanctification »!!! peut-on tolérer d’un SAINT une « complicité aux crimes nazis » fut-elle « passive et silencieuse »? l’avenir nous le dira sans doute…

  7. Cette caricature de Plantu est caricaturale en somme… Y a rien de nouveau, tout l’article est un joli pléonasme. Mais au moins c’est bien qu’il amène une réflexion.

  8. Plantu est un dessinateur… et c’est quoi un dessinateur?: c’est quelqu’un qui a un don inné pour le dessin…. et ça n’est pas un signe de Culture ni d’intelligence. le « Stürmer » avait aussi d’excellents dessinateurs!
    Plantu est un franchouillard prétentieux qui fait partie du Landernau Intello-Parisien. Le pire du monde dit civilisé,
    car se prenant pour le Gotha Mondial de la Culture. C’est cela l’Exception Française! Hélas…..

  9. Plantu sème la confusion, dite vous ? Ah bon, parce que avant selon vous il y avait la clarté du débat et de finalité. Ici béatification et fadeur vont de paire, me semble-t-il, dans un tableau où le petit Plantu s’y range parfaitement en bas du cadre.

  10. Demandez donc à MM Bloch, Blumenthal, ou Shmoll parce que Juifs en 1942 dans le guetto de Varsovie, s’ils n’auraient pas envié un sans-papier d’aujourd’hui, parce que étranger?
    Demandez donc à ces MM. parce que Juifs, s’ils n’auraient pas apprécié un certain Eric Besson, plutôt qu’un Ribentrop ?
    Demandez donc à ces MM. parce que Juifs, s’ils n’auraient pas choisi un centre de rétention à Calais, plutôt qu’un camp de la mort En Pologne.
    Peut-être le confort douillet de notre icone nationale, l’empêche hélàs de troquer son fusain pour la lecture de témoignages sur la vie dégradante d’un camp de la mort d’Elie Wiesel, ou de Mme Simone Weil. Malheuresement M. Plantu ne s’émeut que des conditions inhumaines d’un afghan en transit prêt à retourner dans son pays, il est vrai pour être emprisonné ou même zigouillé peut-être.
    M. PLantu, questions: Nos trois Juifs Polacs, ont ils eu cette relative si petite chance d’être rapatriés vers…? NON
    Ont ils eu des vêtements chauds par – 30° à Matausen ou Sobibor, alors que nos centre de rétention sont équipés certes, d’un très sommaire confort, et 3 repas par jour? NON
    Nos sans-papiers d’aujourd’hui, sont ils exterminés parce que étrangers ou non Chrétiens? NON
    M. Plantu, vous êtes et resterez hélàs dans le brouillard, et fort heureusement les fils et petits fils de nos tois Juifs Polacs sont sortis de leurs nuits.
    SYLVAIN B.

  11. Ces comparaisons lamentables
    offensent le passé et n’éclairent pas l’avenir…
    Le fameux « CRS SS » a fait son temps me semble-t-il…

  12. This cartoon reflects perfectly the similarities of the mix of criminal negligence, shortsighted strategy, politicking, racial prejudices and personal rancor that are typifying the lousy characters of the now dead and while alive silent papal accomplice of the Nazi genocide of the Jews, the servility of the French political turncoat who is trying to please the low instincts of the French racists and the son of policeman and member of the Hitler Jugend movement that is the current pope. It is not so abnormal that the European Zeitgeist that allows the ban of the minaret incites also thieves to steal the sign board of the entrance of Auschwitz concentration camp, and make look legitimate the prohibition of hijabs and burkas by legal means. Sorry to say, but you condone this mood when you take offense of a perfectly justified analogy. As for the prisoners of the concentration camps, they are not standards of human sufferings, but they epitomize the end station of the tramway of racism on which the Besson, Pius et other Benedict have jumped on happily (remember the comment of the Pope on Islam)

  13. Le dessin de Plantu est infect. Mais
    en disant dans votre premier point que Besson c’est pire que
    Pie XII, vous êtes dans la même logique… Au-delà du fait que la comparaison est nulle et non avenue, si comparaison il doit y avoir, permettez moi tout de même de préférer le premier. Dans votre second point la référence aux « scènes de traque » vient poursuivre l’amalgame que vous voulez pourtant dénoncer.Je sympathise en revanche avec vos deux derniers points…