Ce n’est même plus drôle de critiquer le « Jerry Springer Show »: tout le monde l’a, depuis longtemps, dix, quinze ans, déjà fait.

Cependant, une métaphore est saisissante, quand on en parle: celle des « Jeux du Cirque ». Et elle mérite, encore maintenant, réflexion.

D’une part, oui, il y a bien dans cette mise en scène quelque chose de cet ordre-là: tout d’abord, le caractère presque « chorégraphié » de l’ensemble. Nous attendons la laideur des individus, des corps déformés, nous sommes dans l’expectative du combat qui va avoir lieu, des femmes qui s’agripperont les cheveux. Nous sommes avides de ce déluge de violence et d’horreur, de cette humanité en apparence si animalisée, en tout cas, si dévalorisée. On est bien loin du maniérisme d’un Bronzino…

Mais de l’autre, une divergence profonde: pour un Romain, les combats de gladiateurs n’étaient pas une éducation à l’humanité. C’était une confirmation de la différence: ces gens, qui combattaient, là, en face des citoyens, ce n’étaient pas des hommes. Ou du moins, pas des hommes comme les Latins de l’époque: des condamnés à mort. Des esclaves. Des êtres sans valeur.

Tandis que que chez Jerry Springer, comme en témoigne la minute moraliste de la fin, comme le manifeste le ton du présentateur, le but est clair: montrer à chacun que ces douleurs sont humaines, qu’il existe une communauté étrange et parfois dangereuse, dans la souffrance et dans la passion.

Et pourquoi pas, poser que les sentiments sont dangereux, qu’ils sont bestiaux, et que face à cela, seule est possible l’ataraxie d’un Jerry Springer, observateur et philosophe.

La télévision comme exercice de la désillusion…