« Je vais m’exposer, dans tous les sens du mot. S’il y a un spectateur, s’il y a quelqu’un qui veut aller voir ces tableaux, il ira voir des «frustrations». C’est très simple, tous les poèmes plastiques que je fais, toutes ces frustrations, on peut les expliquer. Il n’y a rien de magique, ni de poétique dans le sens qui leur est donné, que leur donnent certains grands connaisseurs. La poésie pour moi veut dire «faire», c’est un terrible mot qui ne peut être traduit en français. Poète veut dire «faiseur», celui qui fait.

Les créateurs sont dans les catacombes. Lorsqu’on se prend la liste des personnes les plus influentes d’un journal comme le Times – d’abord rendons hommage, parce qu’il dit le mot «influent», qui ne veut rien dire, c’est un mot panique – dans ces listes-là, combien de poètes? Zéro. Combien de dramaturges? Combien de philosophes? Zéro. Combien de romanciers? Zéro. C’est normal, parce que nous sommes dans les catacombes, et c’est une bonne chose.

C’est que les fractales ont changé la géopolitique du monde : ce n’est pas parce que personne ne lit le manifeste panique, que le panique n’est pas en train de changer le monde. Ce n’est pas parce que personne n’avait lu les manifestes dada, que dada n’a pas changé le monde.

Et c’était des changement minuscules, extraordinairement minuscules, petits, on n’a pas besoin de plus. Quelle merveille! Lorsqu’on voit la liste, il n’y a pas un seul poète, merveilleux! Applaudissons des quatre mains! »

Le prépuce

Fernando Arrabal, Prépuce. Photo : Yann Revol
Fernando Arrabal, Prépuce. Photo : Yann Revol

« Ce prépuce, c’est un double prépuce : c’est un rêve. Lorsque je suis arrivé au sanatorium à Paris, j’ai fait ce prépuce, et j’ai mis des titres dans un petit truc de rien du tout, par la suite j’ai trouvé un reliquaire, vous voyez un petit reliquaire. Puis j’ai trouvé le tableau, le cadre, et le cadre est un miroir. Alors le prépuce se regarde lui-même. Ce que je voulais dire, c’est que le prépuce se trouve derrière le miroir : c’est comme le passeport vers ce que j’appelle le «Destierro».»

Destierrolandia

« L’autre jour, au restaurant avec Kundera, je lui dis : «Comprends bien, tu n’es pas pragois, tu n’es pas tchèque. Tu n’es pas français.» Je ne suis ni marocain, ni espagnol, ni français : nous sommes d’un pays très spécial, ce pays s’appelle Diestierrolandia. Il n’y a pas de traduction. Ce n’est pas l’émigrant, le desterrado. Mais lui a très bien compris, parce qu’il a traduit mes poèmes – lorsqu’il a traduit mes poèmes, il a dit quelque chose de lumineux, parce qu’il illustre la citation du desterrado. Il me dit : «Avec ma machine à écrire, c’est la première fois depuis longtemps que j’écris en tchèque, et dans ma machine, je ne trouve pas ma saloperie d’accent», «ma saloperie d’accent», c’était formidable ! C’était une preuve d’amour aussi, il traitait la langue avec amour. »

Les quichottes

« Nous ne sommes pas venus dans ce monde pour être plus riches, ou pour être plus célèbres, nous sommes venus dans ce monde pour être des poètes, pour être des quichottes. Et en faire autant que l’on peut, et c’est notre mission.

Nous sommes dans les catacombes, et je suis sûr que si quelqu’un écoute ce que je dis, ne comprenne rien… Mais il faut dire que moi non plus, je ne comprends pas.»

Pour plus d’informations sur l’exposition, cliquez ici.

INFORMATIONS PRATIQUES

Dates : Du 12 au 23 septembre 2013.
(Vernissage le mercredi 11 septembre 2013 à 18h en présence de l’artiste).
Horaires d’ouverture : Ouvert tous les jours, de 12h30 à 19h.
Musée du Montparnasse
21, avenue du Maine 75015 Paris
tél : 01 42 22 91 96
fax : 01 42 22 91 00
Accès :
Métro : Montparnasse-Bienvenüe (sortie n°2 place Bienvenüe).
Lignes : 4, 6, 12, 13.
Falguière. Ligne 12.
Bus : 28, 48, 58, 89, 91, 92, 94, 95, 96
Tarif :
5 € / Gratuit pour : les moins de 12 ans, la presse, les personnes
possédant la carte ICOM, les conférenciers
Le site de La Règle du jeu
www.laregledujeu.org
Tél. : 01 45 44 98 74
E-mail : redaction@laregledujeu.org