La décision du gouvernement suisse de ne pas extrader M. Polanski est la conséquence directe du refus injustifiable par le système judicaire américain de fournir les pièces de première importance que lui demandaient les Suisses. Ces éléments n’étaient pas insignifiants et le fait de ne pas les fournir n’était pas accidentel ni même « un simple détail technique », comme certains ont pu l’avancer.

Ces pièces étaient le témoignage donné sous serment par l’ancien procureur dans cette affaire – effectué en février et mars de cette année – qui prouvait que le juge du premier procès de 1977 avait concédé que le temps passé par M. Polanski à la prison d’Etat de Chino valait peine pour cette affaire. Nous avons demandé à plusieurs reprises au procureur de Los Angeles et au Département américain de la justice, de la part de M.Polanski, de bien vouloir transmettre ce témoignage aux Suisses et nous avons essuyé des refus, tout comme le gouvernement suisse.

Les raisons du refus de coopérer du procureur paraissaient claire : le témoignage aurait montré que la demande d’extradition elle-même n’était pas fondée dans la mesure où elle partait du principe faux que M. Polanski n’avait eu pour peine que l’obligation de se soumettre à une expertise adaptée. La vérité, si elle avait été révélée, aurait pu miner la légalité de la demande d’extradition, et le procureur savait cela. Quoi qu’il en soit, les Suisses auraient dû être informés de la vérité.

La Cour d’appel californienne a rappelé à l’occasion de cette affaire que le procureur doit jouer dans notre système judiciaire un rôle de « garant de l’intégrité du système ». Cela n’a pas été le cas à cette occasion. Au contraire, le procureur a refusé d’enquêter et de remédier à ce que la Cour d’appel a considéré être des erreurs de procédure et de justice « hautement abusives » et « profondément non éthiques ». En 2009, la même cour soutenait qu’« une enquête doit être menée immédiatement  sur les manquements à la procédure, sans considération de l’état d’arrestation de Polanski. » Cette enquête n’a pas été engagée. Elle pourrait et devrait être menée dès maintenant par une tierce partie neutre, éventuellement une commission nommée par le Gouverneur, et les résultats devraient être rendus public.

En tant que membres du système judiciaire, nous renouvelons notre demande pour qu’une enquête approfondie sur les faits et circonstances de cette affaire ait lieu dès maintenant, également sur la question de savoir pourquoi la demande d’information des Suisses n’a pas été honorée.

Il en va de la préservation de l’intégrité du système judiciaire fédéral – que le procureur a juré sous serment de protéger – et de la crédibilité de notre pays auprès de ses partenaires de traités qui, en matière de demandes d’extradition, doivent pouvoir se déterminer sur la vérité de dépositions effectuées sous serment.

Traduction : Thibaut Mosneron Dupin


10 Commentaires

  1. The day after election in America

    113.http://latimesblogs.latimes.com/lanow/2010/11/did-pension-comments-hurt-cooley-in-la.html

    Did the pension comments hurt Cooley? Not necessarily – the Polanski extradition did hurt Cooley because the Swiss rejected it,

    Also the double standard in the Santa Monica Courthouse and district attorneys office hurt Steve Cooley because it is very much dependent on whether the perp works for California Government and County of Los Angeles, and if so cover up and the CODE OF SILENCE prevails, if the perp don’t work for the government then book em Dano prevails.

    Also this link predicts election outcome for Steve Cooley

    http://www.thewrap.com/movies/article/roman-polanskis-latest-victim-steve-cooley%E2%80%99s-political-career-21907

  2. Cette «fenêtre d’opportunité pour la résistance», demandait Eric French au professeur Chomsky, vous dites qu’elle existe? Et le guru d’envelopper Eric dans l’espoir d’une «gamme de possibilités» poussées sous la douche froide de «ses limites» aux «tendances», «assez fortes», entenaillées par un «modèle qui pousse au conformisme», «très présent», et de dire dans cette esquisse de sourire chomskyenne, tendant la perche du test de dégustation d’humour au candidat à l’adoubement, que «les sanctions pour anticonformisme» pouvant «être significatives», CE N’EST PAS «comme si on vous envoyait dans une chambre de torture».

    Eric French : (rires _ Ouf! J’crois qu’c’est bon. Tu l’as vue dans ses yeux la p’tite étincelle? Moi, je l’ai vue… Eh! Man! Y t’attend, là…) _ Ça va plus toucher votre mode de vie et comment vous serez limité à certaines…
    Chomsky : Ça peut être ça, ça peut affecter votre avancement, ça peut même affecter votre emploi, ça peut affecter la manière dont on vous traite, vous savez, le dénigrement, le licenciement, la calomnie, la dénonciation. Il y a un éventail, c’est vrai pour toute société.» Et Noam va chercher Socrate, et va derrière Socrate, à la recherche des prophètes de ce qu’il nomme : l’«Ancien» Testament. Il les appelle, l’un comme les autres, «des intellectuels dissidents». «Est-ce qu’ils étaient bien traités? Non, on les emmenaient dans le désert, on les emprisonnait, ils étaient dénoncés.» Dénoncés comme Noam, Dénonciateur des dénonciateurs, se dit Eric, dont les yeux vont palper ainsi que deux guillemets les iris de son maître. «Il y avait aussi des intellectuels qui se conformaient. Ceux-là, des siècles plus tard, mettons dans les Evangiles, on les désignait comme de faux prophètes, mais pas à l’époque. Ils étaient bienvenus et bien traités à ce moment là : ce sont des courtisans (Noam Chomsky. Une participation directe à la créativité. ZNet, 9 janvier 2010).

    Or quid, Noam, d’une autre affaire, où là, ce sont des courtisans de Mnémosyné maltraités par de faux prophètes en costumes gris, qui n’ont pour seule compulsion que de raviver les compulsions à une revanche populaire, toujours à prendre sur les élites dont le professeur Chomsky a convaincu son peuple-disciple de ce qu’elles étaient globalement responsables de sa misère? Où le procureur n’a pas joué avec Polanski son rôle de «garant de l’intégrité du système» comme nous le rapelle la Cour d’appel californienne. Où des erreurs «hautement abusives» et «profondément non éthiques» de procédure et de justice constatées par la même Cour d’appel, n’eurent pas raison du refus compulsif de l’homme-clé à réparer les torts faits à l’Homme-Roman. Cet homme, qui n’a d’élitaire que la carrière d’artiste. Cet artiste, dont le don d’exception lui permet d’exprimer ce que le plus petit des siens croyait une fois pour toutes, mort au monde sous l’ostéosphère qu’on lui a vissée dessus comme un couvercle d’urne. Ce que Roman réussit là où vous voudriez réussir, c’est à extraire l’homme de la masse où ce monde le noie, et sous la forme extraordinairement maniable de quoi vous le maintenez. Allez, vite, porter secours à Roman Polanski! Il est, seul, capable de vous porter secours. À la fin des fins, la gauche américaine aura fait beaucoup plus de mal à Polanski que ne continuera de lui en faire la droite, car contrairement à la gauche avant qu’elle ne se dénature, la droite n’est pas fondée à être son alliée naturelle.

  3. Est-ce une bonne chose pour Polanski que de s’acharner contre la justice américaine? Les fustiger ainsi c’est prendre le risque que cette justice s’acharne sans fin sur cette affaire – qui aurait dû être classée depuis si longtemps.

  4. Ravie de voir que malgré le fait d’avoir retrouvé la liberté, Polanski continue de tenir le même discours, de réclamer les mêmes choses.

  5. C’est scandaleux. Qu’ils sont gonflés ces américains!
    Ils exigent une extradition et refusent de livrer toutes les pièces du dossier pou évaluation.
    La Suisse a , finalement, eu un peu de discernement….

  6. Il est impensable que la justice américaine ne se remette pas en question.
    Des juges qui sont élu au suffrage direct, cela ne pouvait engendrer rien de bon…

  7. 42 JOURS DE PRISON POUR AVOIR DROGUE PUIS VIOLE UNE MINEURE, CE N’EST PAS CHER PAYE !

    • «  » »42 JOURS DE PRISON POUR AVOIR DROGUE PUIS VIOLE UNE MINEURE, CE N’EST PAS CHER PAYE ! » »

      Vous avez lu le dossier d’accusation et celui de la défense de 1977 ???
      Avez vous vu que la personne ne souhaite pas de nouveau procès ?

      Finalement, avez vous bine suivi cette affaire complexe…?

  8. Dear Mr Douglas Dalton, Bart Dalton and Chad Hummel

    Thank you for this article.

    Even for those of us who are not trained as lawyers, the entire matter conserning Mr Polanski’s wrongful detention based on spurious legal arguments has been obvious.

    From the beginning I have stated that the US Attorney has shifted the goal posts to suit his game, making common sense and decisons based on justice and not emotion almost impossible to make.

    This enite matter has been a shameful reflection of « trial by media ».

    Thankfully the Swiss authorities were able to realise this and release Mr Polanski.

    Is it possible for Mr Polanski and his Family, not to mention Mrs Geimer and her family, who have all suffered enormously, to seek compensation?

    I cannot imagine the distress everyone in this has suffered and wish everyone peace and best wishes.

    Janey