Réjouissons-nous, une fois n’est pas coutume! Moi, en tous cas, je suis tout à la joie de vous annoncer, comme on faisait à son public, dans les théâtres élisabéthains, ou encore dans les salles de garde des châteaux, quand on était un bateleur, un spectacle tout entier fait de mots!

Ces articles maison auront donc ceci de particulier que, bel et bien écrits devant moi, puisque j’en suis l’auteur (je vous épargne le lien hypertexte, faites le tour de la boutique), ils ne vous seront montrés, pour le moment, qu’à l’intérieur d’une voix. Cela fait bien des années que je fais la lecture à quelques uns de mes amis ; c’est que j’osai prétendre à l’appellation fort douteuse, fort décriée, fort dépassée et hors d’usage, de poète. Or les poètes doivent lire, s’ils aiment le chant. Nous avons traversé un long désert de chant, depuis Mallarmé. La voix si travaillée, si dessinée ; la pose si maîtrisée ; l’énigme chue et pourtant sue , tout cela concourut au raidissement du poème, et tout simplement à la mort (dans l’oeuf ?) de l’espoir de faire chanter cette langue.  Plus tard, en guise de décombres, il n’est resté qu’une crispation, mi-orgueilleuse, mi-terrifiée, qui n’admettait de voix poétique que pythique ; la poésie se fit granite, foudre ou vide – quelques bons acteurs s’emparèrent des rôles. Mais la langue ? Oh, à quoi bon la langue  ? Il suffit de supprimer les poètes !

Il n’y eut pas que la gent politique qui décidât d’en finir avec la langue, quoique nos deux récents candidats à la Présidence, dans une admirable communion, exprimassent fort spectaculairement, et d’un commun accord, leur désir de la flinguer. La gent littéraire fit de même ; elle renonça, moi foi piteusement, au chant. Au moins, elle avait un peu honte d’elle même.

Bref, on se tut. Et dans la langue, on s’ennuya. On parla de soi – il faut bien parler de quelque chose, puisque parler il y a!

J’essaierai de vous distraire. Par écrit, je vous dirai un peu où se trouvent les textes que vous entendrez (d’abord dans la légende d’Elias, mon work in progress – hélas, sans un Beckett pour  l’exagmination requise… – dont vous pourrez lire, cher et avide public, le premier tome prochainement ; puis dans d’autres textes plus anciens) ; mais le chant, ce sera à vous de l’entendre.

A bientôt ; début du spectacle avant la fin du mois.