Le 6 mai dernier, à 20 heures, les résultats du second tour de l’élection présidentielle annonçaient la victoire de François Hollande. Quelques minutes plus tard, la danse ministérielle commençait : le futur gouvernement Hollande devenait LE sujet à suivre. Fort heureusement, l’obsession prendra fin dès demain, avec l’investiture du nouveau chef d’Etat et la nomination de son Premier ministre. Pour le gouvernement, il faudra cependant attendre mercredi. La Règle du jeu n’échappe pas à la règle, et vous livre une petite synthèse des pronostics qui circulent un peu partout dans les médias.
La place qui fait jaser tout le monde, c’est bien sûr celle du Premier ministre. La nomination de Pierre Moscovici, considéré favori il y a quelque temps, n’est a priori plus d’actualité. On lui préfère le nom de Jean-Marc Ayrault, député maire de Nantes et conseiller spécial de François Hollande, qui semble être aujourd’hui le mieux placé dans la course à Matignon. C’est d’ailleurs ce qu’a annoncé ce matin Jean-Pierre Jouyet sur RTL… avant de s’excuser pour ce qu’il convient d’appeler une « gaffe ». Le premier ministrable rencontre cependant des difficultés sur le projet de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, où il doit faire face à une vive opposition de la part des écologistes et agriculteurs de la région. Pour certains, le dossier de « l’Ayraultport », comme il a été baptisé, constituerait un obstacle à sa nomination et ce, malgré l’accord conclu le 9 mai dernier. Pour d’autres, le nom de Jean-Marc Ayrault aurait trop été relayé dans les médias pour qu’il soit effectivement élu. Il y a, de toute façon, d’autres prétendants. Pascal Lamy, ancien directeur de cabinet de Pierre Mauroy et directeur de l’Organisation mondiale du commerce, est également cité parmi les candidats au poste… même si l’image ultralibérale de l’OMC risque de faire tache aux yeux d’une partie de l’électorat de gauche. Avec la CMU et les 35 heures, la figure de Martine Aubry, représentant les avancées sociales de la gauche, pourrait très bien séduire le nouveau président… A moins que ce ne soit Anne Lauvergeon, ancienne secrétaire générale adjointe de l’Elysée sous Mitterrand, dont l’expérience au sein d’Areva s’avèrerait utile sur le – très – délicat dossier du nucléaire. Il faudrait pour cela s’assurer qu’elle ne soit pas impliquée dans l’affaire UraMin. Enfin, Manuel Valls, l’aile droite de la gauche, est cité par les journalistes pour son côté rassembleur… vers la droite.
Les autres ministères ne sont pas en reste dans cette valse ministérielle. Comme chacun y va de son pronostic, autant vous le dire, c’est un vrai boxon. Michel Sapin, proche de François Hollande, semblerait être en tête pour Bercy. Le député socialiste connaît bien la maison : il a été ministre de l’Economie et des Finances d’avril 1992 à mars 1993. Pour l’Intérieur, Rebsamen et Valls seraient en lice. Si les médias plaçaient le président du groupe socialiste François Bensamen en tête la semaine dernière, c’est aujourd’hui le décomplexé Manuel Valls qui semble être à leurs yeux le plus côté. Il faut dire que Rebsamen parlait, peu avant le premier tour, de dépénaliser le cannabis… Dans le cas contraire, Manuel Valls pourrait toujours se consoler au ministère du Travail. A moins que ce ne soit la Culture, comme l’annoncent certains journaux… mais c’est Aurélie Filipetti qui semble être prévue au poste. Côté Affaires étrangères, c’est encore toute une histoire : si la place était promise à Laurent Fabius, nombreux sont ceux qui parient aujourd’hui sur Moscovici. A la Défense, c’est le président de la région de la Bretagne, Jean-Yves Le Drian qui fait office de chouchou. On parle encore de Vincent Peillon à l’Education, et de Jérôme Cahuzac au Budget, et d’André Vallini à la Justice.
Bref, on ne sait pas grand-chose. Mais le jeu de la danse présidentielle est trop séduisant pour qu’on ne s’y laisse pas prendre. François Hollande pourrait bien créer la surprise en nommant des ministres au potentiel « rassembleur », et donc pas trop marqué PS. Une chose est sûre : le président socialiste ne souhaite pas embaucher trop d’anciens des gouvernements Mitterrand et Jospin… ce qui pourrait déjouer nos pronostics sur Martine Aubry, Pierre Moscovici, Laurent Fabius et Michel Sapin. Avec l’avènement d’un gouvernement paritaire, de nouvelles têtes sont à prévoir: on parle de Najat Vallaud-Belkacem pour la Ville et de Delphine Batho pour la Recherche et l’Enseignement supérieur. Un rapprochement avec les Verts pourrait conduire Cécile Duflot à l’Ecologie. Dernier point, et pas des moindres : le gouvernement que François Hollande nommera mercredi n’est que provisoire, et sera confirmé ou modifié en fonction des résultats des législatives. Il se pourrait donc que le président garde certains de ses favoris sous la main pour le deuxième round.
Martine Aubry aurait été une bien meilleure premier ministre que tous ceux ici nommés.
Ah, la bourse ministrielle!