Lundi 9 janvier, Libération révélait l’intension d’Eric Cantona, ex-footballeur, acteur et artiste, de se présenter aux élections présidentielles de 2012. Il ne s’agit pas là d’un canular : la star s’est associée à la Fondation Abbé-Pierre (FAP) afin de faire du logement la priorité des présidentielles.
Cette campagne est l’occasion pour l’ancien footballeur de sensibiliser la population sur le problème du logement en France. Dans un entretien fait par Libération, il explique qu’il s’agit d' »une question essentielle et qui concerne 10 millions de personnes. Que des gens soient obligés de faire d’énormes sacrifices – sur l’éducation de leurs enfants, parfois même sur leur santé – pour se loger, pour être à l’abri, c’est inacceptable ». Le « message solidaire et puissant » lancé par Eric Cantona en fait donc le messager direct de la Fondation Abbé-Pierre. Comme l’explique le délégué général de la FAP : « Il nous fallait un aiguillon comme Eric Cantona pour redonner au logement la place qu’il mérite dans cette campagne. »
La candidature d’Eric Cantona n’en fait donc pas une mauvaise réplique de feu Coluche. A l’instar du cancérologue Victor Izraël dont la candidature, annoncée en novembre dernier, visait à dénoncer le manque de moyens donnés par l’Etat au Plan Cancer, l’ex-footballeur entend bien profiter de la surmédiatisation de la campagne présidentielle pour défendre une cause certes caritative mais aussi et surtout politique.
Toute la campagne doit s’attacher à déployer ses armées autour de l’ultime forteresse. Du réchauffement climatique au refroidissement géographique, le reste n’aura servi qu’à noyer le gros poisson. Ce gros notable et potentat repus, digérant sur les genoux, joignant verticalement les paumes afin d’éviter l’écrasement de la gueule via son basculement, ersatz de prière pour qu’un gueux n’ait pas calculé sa présence entre une plume plantée entre les ailes de l’oie rôtie et la tête de porc aux oreilles persillées. D’ailleurs, nous errons chaque jour devant les mêmes façades sciemment abandonnées au monoxyde de carbone de sorte que nous ne nous doutions pas de ce qu’elles recouvrent de dorures jalousement léchées. Pauvre Malraux! Vain éclaircisseur des monuments dressés à la gloire de l’égalité! J’avais cru un moment que seul un Sarko de gauche aurait la suave malignité de faire manger dans sa main le reproductible portrait de monsieur Bertin. Mais la jacquerie montebourgeoise en aura décidé autrement, appuyant des deux mains sur la tête du seul homme de son camp dont la légèreté compulsive lui eût permis de naviguer d’un cercle paulien à l’autre, – je n’ai pas dit «paulinien», c’est à Wolfgang Pauli que je fais référence, à un principe d’exclusion que nul mieux que le nouveau riche ne saurait conjurer. De toutes les manières, ce sera ça ou la guerre. La révolte fourchue, la révolte piquante, la révolte décapitante. Continuez à clapper à droite et à huer à gauche! Faites-nous ramer encore, juste quelques milles, et puis, vous réentendrez battre nos pouls de pirates! Il était tellement plus aisé d’élever la basse-cour lorsque son humanité lui était confisquée. Mais il y a toujours un petit Doinel pour aller chiper un fruit dans le panier de la porteuse de connaissance. La force du verbe. La force du verbe met un terme à l’état de roture. Elle en conteste l’essence. Elle en rejette l’héritage. Elle prend l’ascenseur au sous-sol et compte bien venger des générations de damnés de la terre en arrivant dans le bleu. Cette justice idéale sera finalement plus déprimante que ne le furent les millénaires de déterminisme social. Elle va nous confronter à l’épreuve d’un yo-yo à vomir. Car il est sans doute moins ignoble de devoir apprendre à se contenter d’avoir ce que l’on est que d’avoir à accepter de renoncer à obtenir l’essence que l’on nous a fait miroiter. Le propre d’un ascenseur est de redescendre vers le fond après qu’il a touché le plafond. Un instrument de justice ne devrait pas se transformer en instrument de torture.
L’ascenseur social fut un mythe à demi pensé. Une formule censée assurer la rédemption d’une néoféodalité post-révolutionnaire. Il faut maintenant concevoir un autre appareil d’ennoblissement de l’espèce humaine. Ce qui me vient à l’esprit, tout de suite, c’est une balance. Ou non! Oui, c’est ça… un relais. Un pouvoir à se repasser. L’abolition des privilèges de par l’égale répartition des responsabilités. La responsabilisation du citoyen ne passera qu’à la condition que ses valeurs intrinsèque et extrinsèque soient identifiées par la succession concitoyenne comme essentielles au franchissement toujours repoussé de son horizon. Où un acte quel qu’il soit ne meurt pas dans la main qui le met au monde mais se conçoit comme une pièce, insolite d’aspect, d’une valeur pour le moment inestimable au sens littéral, à remettre de main en main jusqu’à ce qu’elle atterrisse dans celle qui saura l’assembler aux autres. Une réévaluation générale est devenue nécessaire. Elle l’est depuis la nuit des temps. De la surestimation des uns dépend la sous-estimation des autres, et réciproquement. Mais une fois rétablie la conscience du juste écart entre l’un et ses autres, demeure une inégalité incompressible. Ce n’est pas une raison pour cesser de chercher l’équilibre. Le chirurgien peut remercier le ciel pour le talent! pour l’aptitude à l’effort! pour l’aptitude à la persévérance! Il sauve une vie, et il peut dire merci au quoi-que-ce-soit qui lui en confie la mission. La vie qu’il sauve aussi peut dire merci, au quoi-que-ce-soit, et à son conducteur. Mais si après tout ça, on dresse une table à chaque bord de laquelle on va fêter une autre victoire sur la mort, et que l’un après l’autre, tous les morceaux des plats se retrouvent dans l’assiette du réparateur de corps, ses éternels débiteurs étant sommés d’apprécier le spectacle en avalant leur propre bave, je crains que ne morfle durement la question du mérite. Où chacun sait ce qu’il doit à chacun, la question de la répartition égalitaire des biens ne se pose plus. Le bistouri ne toise plus la truelle. Nul ne conteste plus la place d’aucun. Plus un sagouin ne préférerait payer une amende à l’État en sorte que ses administrés ne soient pas dérangés par le bruit et l’odeur d’un relogé social. Et la question de l’impossibilité de vivre sans le minimum vital se résout de telle façon que le plus valeureux, tel Julien l’Apostat, n’attend plus d’autre rétribution à ses contributions qu’une sobre part de reconnaissance. Quoi? Si Épictète ou Spinoza pouvaient vivre avec peu, c’est sans doute qu’on le peut.
Ceci n’est pas une menace mais une alerte. Le Grand Matin où la précarité qui nous talonne tous décochera son croche-pied en version accélérée, la barquette de dix mini-calissons d’Aix à 146 € revisités par une épicerie fine que par charité, chrétienne ou non, je ne nommerai pas, n’infligera plus longtemps son obscénité à la caillera de masse. Visionnons ensemble un avenir inévitable… Le communisme de nos vingt ans s’est viandé comme une merde pour cause de bassesse matérialiste. La redistribution juste du fruit de l’effort collectif ne résultera que très naturellement, sans même qu’on s’en aperçoive, d’un progrès de conscience. La reconnaissance réciproque des valeurs respectives suffirait à créer l’accord parfait social. Après cela, nul imposteur ne saurait faire d’une Méduse un radeau. Après cela, une société harmonieuse pourrait enfin s’attaquer à la reconnaissance réciproque des besoins respectifs. L’erreur commune aux petits soldats de l’Égalité consiste à concevoir la Liberté comme l’aiguillon maléfique du peuple. Ils tuent leur oxygène et puis s’étonnent de s’asphyxier. La conscience de la juste valeur constitue exactement ce qui manque à notre démocratie perfectible. Nous consumons tellement d’heures à la protéger des fantômes qui souhaitent l’anéantir que nous en aurions presque perdu de vue les véritables vices. Les tares intarissables d’une entité éprise d’une soif de réparation permanente des injustices qu’elle cause à chaque nouveau jeu de coudes. Crevez l’ego et ouvrez l’œil! La France ne manque pas d’émetteurs, elle a tout simplement coupé ses récepteurs.
Au pays de Django, je n’autorise pas un ex-vendeur de musique au mètre chez CANAL+ à passer pour son pote le gitan quand Biréli Lagrène pourrait bien sillonner la scène de Charléty de long en large à un dernier meeting que tous les sympathisants de la cause rom lui colleraient une casquette de roadie. Les artistes de demain, dans un monde juste, le seront. Ils tireront leurs aspirations de leur inspiration. Ils reviendront d’une excellence a priori atteinte vers ceux qui s’y acheminent. Ils reconnaîtront leurs pairs de la même manière que les imposteurs le faisaient avant eux. L’égalité des chances n’est pas une égalité des choses. Elle représente la possibilité pour chacun de devenir ce qu’il est. Or toute tâche dès lors qu’elle est perçue pour ce qu’elle apporte à l’ensemble des attributs d’une civilisation réellement élevée, possède la même noblesse qu’elle tire de la splendeur du monument tout entier reposant pour partie sur elle. Un jour, l’éboueur sera respecté pour l’élément primordial d’une société qui sans lui pataugerait dans ses propres excréments. Ce jour-là, sa fille n’ira plus se prostituer tout l’été au bordel d’Angela Lorente. L’addition de l’épanouissement individuel et du projet collectif, et non pas la fusion du premier dans le second. La disparition de l’individu dans l’intérêt général, c’est la disparition de l’intérêt du général. Après cent trente ans d’école obligatoire, le citoyen d’une civilisation démocratique n’est pas un zombie orwellien. Son indépendance intellectuelle détermine son positionnement dans le réel. Il a conscience d’être pensant et de ce que sa pensée a d’unique. Le destin qu’il se sait posséder n’est pas plus collectif que ne l’est le dessin d’une vie dont il est aujourd’hui en mesure de retracer les séquences, lesquelles il sait procéder de son libre arbitre. Je ne veux plus que le politique s’adresse à une catégorie dans laquelle il espère m’atteindre, je veux qu’il s’adresse à moi comme à chaque électeur qui est une vie qui n’en est aucune autre. Je veux qu’il sente cette vie derrière tous les anonymes, les pseudonymes, les patronymes attentifs à ses moindres paroles.
Quand la philanthropie se lie à la fortune, c’est à dessein de rétablir un équilibre rompu par la seconde. Une grande fortune philanthrope est admirable en ce qu’elle émet le signal d’un défaut dans le logiciel de l’État. Certains vous diront que l’État n’est pas là pour se substituer à la solidarité citoyenne, mais à me pencher avec eux sur la file grandissante d’Emmaüs ou des Restos du Cœur, ils ont grand mal 1, à me faire m’y faire, 2, à me la fermer. Je n’en comprend que mieux Pialat, qui interrogé sur ce qui allait s’avérer être la dernière œuvre de Michel Colucci, décoinçait un «S’il passait là, maintenant, je lui foutrais mon poing sur la gueule.» Et que cela ne m’empêche pas de n’avoir jamais assez de mots pour louer le cœur de Coluche!
La philanthropie contente d’elle-même ressemble trait pour trait à la dame patronnesse de jadis. Elle instaure une nouvelle féodalité là où le libéralisme ne devrait pas cesser d’étendre le drapeau tenu en l’air d’un seul bras par la femme à la poitrine et aux pieds nus, guidant le peuple.
Je ne dirai qu’un mot quand le bâtiment va… tout va……construire c’est de l’emploi ….alors oui Eric il faut les bouger et j’en suis …. des logements et moins de chômeurs ça serait bien non ?? mais peut on encore rever ?? voila la vrai question…. nous la France d’en bas pourquoi avons nous des idées qu’ils n’ont pas …..
Bien joué Canto !!!!!!!!!!!
Au moin un vrai candidat au presidentielle