Un petit village du Rajasthan.
Sortie des classes dans un petit village du Rajasthan. À 4 heures de l’après-midi, les écoliers s’égaient dans leur bel uniforme. Les filles portent une jupe plissée bleue marine, un chemisier blanc et des nattes attachées par des nœuds bleu marine ; les garçons, eux, sont en pantalon long bleu marine, chemise blanche et cravate, même les tout petits : l’Inde ne plaisante pas avec l’éducation. Et tous les écoliers saluent le drapeau chaque matin. Mon petit-fils Ben, à qui j’ai appris le salut hindou – mains jointes à la hauteur de la poitrine – et le salut musulman – main au front, puis au cœur –, est tout à fait scandalisé quand les écoliers lui serrent la main. Alors quoi ? Alors ils en ont appris assez sur l’Occident pour savoir que bonjour se dit en se serrant la pince, pour vérifier qu’aucune bague contenant une cachette secrète pour un poison quelconque ne s’y trouve. Néanmoins, ils sont absolument fidèles aux vieilles traditions indiennes et mettent la main aux fesses de notre amie Véro, sidérée d’être pelotée à plus de cinquante ans par des gamins de dix ans. Et cela n’empêche pas un joueur de vielle de se prosterner devant son patron en lui touchant les pieds en signe de respect, car ce ne sont pas les mains impures qui comptent, mais les pieds : comme les » pieds de lotus » du gourou, par exemple. Le Premier Ministre de l’Inde, Manmohan Singh, 78 ans, aurait bien besoin de ce respect ; au lieu de cela, il est obligé de dire à la presse réunie que non, il n’est pas un » lame duck » , un canard boiteux, et qu’il a encore un programme à remplir. Cette phrase me fait froid dans le dos ; l’homme est irréprochable, et je n’aime pas cette dénégation. Tiendra-t-il ?