Plus personne ne m’écrit à la main. Même moi… mes derniers sonnets, mes dernières pièces de théâtre, et surtout mes poèmes, les arrabalesques, ou mes poèmes plastiques, je les écris sur mon Mac. Seuls mes dessins et mes peintures y échappent… mais il m’arrive d’ajouter des informations de mon Mac au dos du dessin ou de la toile.

Un ministre actuel m’a écrit (à la main) et à l’encre bleue. J’essaie de faire aussi bien que lui, mais je n’y parviens pas. C’est pourquoi il y a déjà lurette que je devrais lui répondre. Toutes mes excuses !

L’inoubliable et éblouissant Jim Morrison m’a offert un énorme stylo-plume. Tellement gigantesque et inutile que je l’ai accroché, à un poème plastique, d’une de ses photos dédicacées. Il faut voir à quel point il connaissait le surréalisme ; mille fois plus que Maurice Nadeau, ou, de toute évidence, plus que moi. Dire que j’ai eu pitié d’Alain Bashung (acteur dans le Cimetière) et que je lui ai donné trois de ses/mes livres de bibliophilie.

Le président Emmanuel Macron m’a écrit à la main, et je l’en remercie tais ravi, le 13 novembre 2017 ; pour son « hommage en vive connivence » avec mère Mercedes : « votre enseignante et médiatrice… un hommage au pouvoir émancipateur du savoir ».

Le président Mitterrand m’a répondu à la main (plume ou stylo-bille) avec humour. Très sérieusement : « …vous avez raison de demander la Légion d’honneur pour… mais je ne suis que président et je n’ai aucun pouvoir au sein de la Grande Chancellerie de la Légion d’honneur… ». Et mon ami a été fait légionnaire.

En Espagne, seul le vice-président Alfonso Guerra prit l’initiative de m’écrire au sujet d’un de mes livres. Je lui ai répondu et lui ai demandé s’il avait des nouvelles de mon père. Il s’est rendu aux archives de Salamanque et m’a dit :

« Votre père, lieutenant d’infanterie, était un ami proche du maire socialiste de Melilla, Antonio García Vallejo. Ils avaient l’habitude d’aller peindre ensemble face au mont Rostrogordo. »

Antonio García Vallejo fut exécuté le 17 juillet. Mon père, détenu dans une cellule par certains de ses camarades (insurgés) de l’Académie et les admirateurs de ses tableaux, fut prié de revenir sur sa décision.

Une demi-heure plus tard, mon père appela ses anciens camarades pour leur annoncer qu’il n’avait pas changé d’avis et ne pouvait pas trahir ses serments.

Il fut immédiatement conduit à la prison de « Rostrogordo » à Melilla. Quelques jours plus tard, il fut transféré à « El Hacho » de Ceuta, où il fut condamné à mort. Un an plus tard, les officiers de grade inférieur à celui de commandant bénéficièrent d’une amnistie. Pour lui l’isolement cellulaire commença alors et dura jusqu’à son évasion de la prison de Burgos en 1941.

Un fonctionnaire de la prison m’a aimablement informé que « Pic-nic», y est joué en prison par des détenus.

Trois « pseudo-arrabalesques » pour manuscrits 

« …ne faisons pas histoires, et encore moins Histoire ? »

« …comme le moustiquaire tremble à cause du bourdonnement lointain ? »

« …l’autruche, face à l’implacable destin, cache sa tête sous la ruche ? »

« …je perçois des spectres dans les objets ? »

« …si drôles et si hilarantes, les profondeurs ? »

Trois poèmes plastiques 

« Odeur de l’argent »
Odeur de l’argent, par Fernando Arrabal.
Cilice pour le ciel, de Fernando Arrabal.
Jim Morrison, par Fernando Arrabal.