Le 80ème anniversaire du Débarquement a été un grand moment pour notre mémoire nationale et pour celle de l’humanité.
Avec quelle émotion on a vu arriver, le plus souvent en fauteuil roulant, ces derniers vétérans anglais, canadiens mais surtout américains qui ont libéré la France !
Ultime et bouleversant voyage des survivants des « boys », dont tant sont tombés sur notre sol, qui ont changé le cours de l’Histoire en permettant, avec la Résistance et les armées soviétiques de vaincre l’Allemagne nazie.
Que les élèves de Normandie et d’autres régions aient participé aux commémorations est salutaire.
La présence de la rappeuse afghane Sonita, réfugiée aux Etats-Unis, faisait doublement sens.
Elle n’avait pu, faute de visa, venir chercher le Prix Liberté 2021 quand il lui avait été décerné. Figure emblématique de la lutte pour les droits des filles, luttant depuis sa prime jeunesse contre le mariage imposé aux petites Afghanes, elle chante la liberté. Sa dernière création « Stand up ! », qui a associé des jeunes de Normandie, avait une extraordinaire force symbolique, en témoigne le beau clip tourné sur les plages du Débarquement.
Dans un monde en souffrance, un tel moment de grâce, d’engagement et de recueillement devait être savouré pleinement.
Pourquoi a-t-il fallu qu’il y ait eu une ombre au tableau ?
Ombre il y a bien eu, autour du Prix Liberté 2024, décerné par l’Institut International pour les Droits de l’Homme et la Paix, la Région et l’Académie de Normandie, qui doit récompenser un combat exemplaire pour la liberté.
Le modeste Consistoire Israélite de Normandie avait lancé l’alerte.
On a ainsi découvert à quelques jours de l’événement que le Prix était attribué cette année au photojournaliste palestinien Motaz Azaïza.
Or, la grande proximité de ce dernier avec le Hamas est avérée. S’il a pris soin d’effacer ses posts les plus compromettants, il n’a pu effacer les captures d’écran qui en avaient été faites dès le 7 et le 8 octobre. Il se félicitait des monstrueuses attaques menées contre la population du sud d’Israël et n’attendit pas les représailles israéliennes pour lancer #Gazagenocide.
Véritable vedette, celui qui se présente comme « survivant du génocide » a été exfiltré par le Qatar en janvier. Ilse refuse à condamner les crimes du 7 octobre et déclare « Nous ne voulons pas de paix, nous voulons la liberté. »
Qu’il ait été désigné par un jury international et par le vote de milliers de jeunes du monde entier en dit long sur le niveau de désinformation.
Le choix a été fait dans le cadre d’un projet éducatif. Que des enseignants et l’Académie de Normandie n’aient pas su éclairer des élèves trompés par une propagande agressive est alarmant.
Que Motaz Azaïza ait été largement préféré aux deux autres nominés, deux femmes, interpelle.
La Syrienne Noura Ghazi, veuve d’un militant du « printemps arabe » arrêté, torturé et assassiné, avocate qui défend les droits des plus de 111 000 disparus de la répression de Bachar al-Assad, n’aurait-elle pas mérité ce prix ?
La prisonnière biélorusse Maria Kolesnikova, condamnée à onze ans de prison pour avoir manifesté contre la trouble élection du dictateur Loukachenko, n’aurait-elle pas été une meilleure lauréate du Prix Liberté ?
Mais leur cause était rendue inaudible dans le vacarme de la mobilisation dite pro-palestinienne.
Irrité par l’intervention de la petite communauté juive de Normandie qui avait déploré « un choix immoral et inapproprié », le lauréat s’est fendu d’un appel aux accents gaulliens, « ô Français libres… » pour dénoncer une campagne de diffamation lancée par « les sionistes » – bien briefé, il n’a pas dit « les Juifs » contrairement à ceux qu’il soutient activement.
Nos protestations tardives ont été inopérantes, Hervé Morin, Président de la Région, se contentant de dire qu’il n’en pouvait rien.
Le 4 juin, lors de la remise du Prix au Zénith de Caen, devant des centaines d’élèves, le lauréat a dit qu’il était « occupé depuis 76 ans » et précisé qu’il n’était pas un terroriste. Précision inutile, le postulat étant qu’il ne peut y avoir de Palestinien terroriste. Pour la doxa, à Gaza on est soit résistant – auquel les crimes les plus atroces doivent être pardonnés – soit civil innocent.
Lorsque le président du jury a voulu rappeler le sort des otages israéliens du Hamas, les sifflets ont fusé.
Paradoxe tragique, la célébration d’une victoire sur nazisme s’est trouvée entachée par une tolérance envers Hamas pour lequel l’antisémitisme est également consubstantiel.
Quant à Sonita, qui combat les talibans, quelle faute de l’avoir associée à un apôtre de la création d’un nouvel État taliban, pour reprendre les mots du grand Salman Rushdie !