Quand avez-vous senti un durcissement de la situation en Iran?

Les journalistes en Iran ont toujours été soumis à des limites, mais l’étau s’est davantage resserré depuis la prise de fonction, en 2005, du président Ahmadinejad. En effet, la situation s’est aggravée l’année dernière après les contestations de l’élection présidentielle. la censure a augmenté, et davantage de journaux ont été interdits. Plusieurs publications ont été fermées, et les journalistes étrangers et bi-nationaux ont été confrontés à des restrictions grandissantes. Beaucoup d’entre eux ont vu leur visa être révoqué, non renouvelé ou ont été sommés de quitter le pays.

Nombreux ont été les journalistes emprisonnés. Reporters sans frontières ou d’autres organisations ont tenté de les aider, car beaucoup d’entre eux ont quitté l’Iran sans le moindre bien, mais ils ont besoin de plus d’assistance (ceux qui souhaitent les aider peuvent se connecter sur le site www.rsf.org)

Est-il toujours possible de travailler en Iran sans devoir être complaisant envers le Régime?

Le défi pour nombre de journalistes iraniens a été de se rendre compte jusqu’à quand leur travail serait toléré par les autorités et à partir de quel instant devraient-ils faire face à celles-ci. Je pense que durant ces dernières années, en particulier sous le président réformateur Mohammad Khatami, beaucoup de journalistes iraniens ont pu respecter cette « ligne rouge » tout en informant le peuple, souvent de manière indirecte ou en utilisant des symboles. Mais cela est devenu beaucoup plus dur depuis l’élection de 2009.

Qu’en est-il des journalistes étrangers qui continuent à travailler sur place?

Les journalistes étrangers qui demeurent en Iran ont été sévèrement limités dans ce qu’ils peuvent couvrir et dans la manière dont ils peuvent travailler. Ils sont probablement surveillés et doivent, s’ils veulent continuer à exercer leur métier, respecter les restrictions grandissantes imposées par le gouvernement sur les médias.

Propos recueillis à New-York par Laurent-David Samama