Le directeur de La Règle du jeu, Bernard-Henri Lévy, a retrouvé l’énergie de nos combats d’il y a vingt-cinq ans, au moment de la guerre de Bosnie.
Le champ de bataille a changé, passant de Sarajevo à Kirkuk et au Sinjar.
Le lieu de rassemblement, à Paris, a également changé – passant de la Mutualité au Cinéma Le Saint-Germain.
Mais la rage est la même.
Et identique, aussi, est l’ennemi que nous avons en face de nous : l’éternelle tentation du munichisme et de l’abandon.
De là, est née cette idée d’un grand meeting de solidarité, demain, 2 novembre, à Paris.
Sorti du Kurdistan sous blocus pour rapporter les dramatiques nouvelles de son peuple, il y aura là le Général peshmerga Hajar Aumar Ismaïl.
A ses côtés, et aux côtés de Bernard-Henri Lévy, il y aura Anne Hidalgo, Caroline Fourest, Bernard Kouchner, Kendal Nezan et Manuel Valls.
Certains seront là pour dire leur chagrin devant cette espérance kurde une nouvelle fois bafouée, au mépris de tous les principes de l’honneur et de toutes les règles du droit international.
D’autres, pour répéter, encore et encore, le mot d’ordre que La Règle du jeu, entre autres, en France et au-delà de la France, a popularisé : #SupportKurdistan.
D’autres encore pour dire leur dégoût de ce nouveau moment de lâcheté collective que sont en train de vivre les grandes démocraties.
Et d’autres se souviendront de ce mot du Général de Gaulle, qui a influencé tant de nos amis Kurdes rencontrés au fil du tournage de Peshmerga puis de La Bataille de Mossoul : «un grand peuple peut perdre une bataille, il ne perd jamais la guerre».
Tous, d’Anne Hidalgo à Manuel Valls, de Caroline Fourest à Bernard Kouchner ou à Bernard-Henri Lévy, seront d’accord, il me semble, sur le constat suivant.
C’est parce qu’il est coupable d’avoir voulu être indépendant au terme de cent ans de résistance contre toutes les tyrannies, que le Kurdistan, qui fut en première ligne de la guerre face à Daech et qui accepta de faire front quand tous étaient débordés par le raz de marée, est aujourd’hui attaqué, asphyxié, humilié, par ses puissants voisins : Irak, Iran, Turquie.
C’est là une immense erreur politique, géopolitique et morale qu’ont commise les Etats-Unis d’Amérique en permettant que leurs chars Abrams, ceux-là même qu’ils avaient livrés pour combattre l’Etat islamique, aident les divisions irakiennes et les milices iraniennes venues de Téhéran s’emparer de Kirkouk, le poumon et le berceau du Kurdistan.
Et que l’Europe, quant à elle, assiste sans mot dire à l’écrasement d’un rêve séculaire, au blocus aérien et terrestre d’un petit peuple adepte de ses valeurs, à l’invasion d’une nation où ont trouvé refuge un million et demi de chrétiens, de yézidis et d’Arabes fuyant Daech, c’est une nouvelle preuve, s’il en était besoin, de sa tragique inexistence.
Face à cette injustice qui rappelle les pires abandons de l’histoire du dernier siècle, c’est aux amis du Droit et de la démocratie de se mobiliser pour arrêter la forfaiture.
Le peuple français, qui a une longue tradition de solidarité avec le peuple kurde, doit, plus que jamais, exprimer son amitié, peser de tout son poids dans la bataille de l’opinion et pousser à ce que l’Europe dise stop aux agresseurs.
C’est le propos de cette rencontre.
Un meeting, fût-il nombreux, passionné et fervent n’a, certes, jamais changé la face du monde ; mais il faut qu’il soit dit qu’il reste des femmes et hommes, en France, qui ne se résignent pas à l’inacceptable ; et il faut aussi que, là-bas, entre Erbil et Dohuk, dans la ville de Kirkuk objet d’une épuration ethnique effroyable, dans cette prison à ciel ouvert qu’est devenu le Kurdistan tout entier, il soit su que ces femmes et hommes existent, qu’ils parlent haut et fort – et que les Kurdes ne sont pas tout à fait abandonnés.
Le jeudi 2 novembre à 20h
Projection du film La Bataille de Mossoul, de Bernard-Henri Lévy,
suivie de prises de parole par Caroline Fourest, Anne Hidalgo, le général Hajar Aumar Ismaïl, Bernard Kouchner, Bernard-Henri Lévy, Kendal Nezan et Manuel Valls.
Une soirée sous l’égide de la revue La Règle du jeu, SOS Racisme, l’UEJF, l’Institut kurde de Paris et la Fondation Danielle-Mitterrand – France Libertés.
Cinéma le Saint-Germain
22 rue Guillaume-Apollinaire
75006 Paris
Entrée libre
Il est conseillé de réserver : redaction@laregledujeu.org
Avant toute chose, je tiens à préciser aux plongeurs de l’Observatoire islamamphibien que mon respect pour la douleur de Naoufal ibn Ziaten est fraternelle et infinie. Cela dit, quand j’entends le frère de la première victime de l’iSlamiSte de Toulouse rappeler à ses concitoyens qu’Abdelkader Merah a réagi devant la cour tel le dernier roi de France devant ses juges, leur jetant au visage les faces du seul Être au monde auquel il accepte de rendre des comptes, n’étant plus à démontrer qu’«il ne veut pas notre justice», et d’en conclure que «ce n’est pas un musulman», j’en viens à m’interroger sur l’idée que je m’étais forgée de notre enluminé pays. Ne résulterait-elle pas plutôt d’une hallucination collective? Est-il si incongru de songer à la possibilité que nous vivions, depuis la canonisation de notre code pénal, en Cinquième République islamique? Je comprends néanmoins la terreur d’un homme dont le frère n’a pas été assassiné en raison du fait qu’en tant que soldat de l’armée française, il représentait la République, mais, comme les autres militaires de couleur pris pour cibles par la milice de l’uchronique et d’autant plus efficace car insaisissable Califat mondial, pour ce qu’il incarnait le renégat parfait, méritant à ce titre qu’on le jugeât, condamnât et exécutât pour haute trahison. Le sous-officier Abdelkader Merah est non seulement un musulman, mais l’islam est au cœur de son action. Ce dernier prône un islam dévoyé selon tous ceux dont il dénonce la corruption de la foi; à noter que le Coran ne recommande ni ne commande aux adeptes d’Allah d’aller se prosterner sous la table des lois républicaines. Ce que n’est pas le sous-officier Abdelkader Merah, c’est un républicain. Ce contre quoi le sous-officier Abdelkader Merah s’oppose et lutte à mort, c’est l’État de droit qui a vocation soit à éclairer le monde, soit à s’éteindre à l’échelle planétaire.
L’opinion mondiale doit réagir et s’opposer à l’étranglement actuellement en cours du Kurdistan irakien. C’est un nouvel-ancien Anschluss qui est en train de se réaliser, mené par les forces irako-iraniennes de Soleimani, le chef des Pasdarans iraniens et des milices chiites en Irak. La manœuvre en cours est de très grande ampleur. Elle mire à déployer, après la chute de Kirkuk et le contrôle des champs pétroliers, les armées irakiennes et les milices iraniennes aux bords du Kurdistan irakien en soustrayant tout ce territoire, jusqu’alors sous commandement des Peshmergas, au gouvernement kurde.
L’étranglement économique du Kurdistan, désormais enclenché par la perte des champs pétroliers, se poursuivra selon le plan conjoint Iran-Irak par la création d’une nouvelle région Souleimaniye-Kirkouk-Halabja, Souleimaniye étant la deuxième ville du Kurdistan, et la constitution d’un nouveau gouvernement à Erbil, capitale du Kurdistan, directement soumis au contrôlé des autorités centrales à Bagdad.
C’est exactement ce que Al-Abadi et Nouri al-Maliki, encien vice-président de l’Irak, entendaient s’exprimant devant la presse pour intervention militaire contre l’autonomie du Kurdistan et leur opposition la plus totale pour création d’un second Israël en Irak, c’est à dire d’un pays libre et démocratique.