Le peuple espagnol, le génie Picasso, les meilleurs musées et la ville martyrisée de Guernica méritent la vérité sur le génial et fameux tableau.

À la question posée à AI il y a dix jours par un éminent journaliste en présence de ses collègues il était facile de répondre. En consultant les archives de presse des journaux de 1938 à 1944, de El Sol à ABC, du New York Times au Corriere della Sera, de L’Humanité au Temps, etc.

Toutes ces archives – indestructibles ? sans exception – font référence à l’inauguration à Paris, le 25 mai 1937, par le président de la République française, Albert Lebrun, de l’Exposition internationale des arts et techniques appliqués à la vie moderne. Parmi elle, le pavillon de la République espagnole. Dans l’un de ses couloirs était exposé le tableau à l’huile de 349,3×776,6 cm, peint par le génie Picasso : Cris d’enfants, cris de femmes, cris de colombes. Tel qu’il fut intitulé à partir de 1937 pendant les sept années suivantes lors des diverses expositions auxquelles il participa sans exception.

Le 3 avril 1940, Picasso prit une décision aussi surprenante que spectaculaire dans une France envahie, sous l’influence du maréchal Philippe Pétain ?, ancien ambassadeur et ami de Franco. À ce moment crucial, il demande la nationalité française, qui est rejetée. Une reproduction d’un mètre carré, conservée au Musée national de l’histoire de l’immigration à Paris, en témoigne.

Le 5 octobre 1944, le journal communiste français consacre la moitié de sa Une à l’adhésion de Picasso au Parti-communiste-français (surprise du Parti-communiste-espagnol). Sur la grande photo – Paris déjà libérée, par une division espagnole ? –, il apparaît aux côtés de Jacques Duclos et Marcel Cachin, dirigeants communistes français. Aucun Espagnol à l’horizon.

Des mois plus tard, le tableau de Picasso commença (d’abord modestement) à être intitulé Guernica par les partisans de sa nouvelle cause.

On dira alors que l’idée brillante et surprenante du nouveau titre était celle de Joseph Vissarionovitch Dhougachvili Staline alors qu’il toréait de toutes ses forces ceux qui dirigeaient le monde… 

On comprend que Wittgenstein soit venu en bateau (sí, sí) le voir et lui ait proposé de devenir le professeur de son élite. Et peut-être pourrions-nous même comprendre que l’auteur de centaines de milliers de crimes contre des innocents ait supplié (à la Dostoïevski) le prodigieux Mikhaïl Boulgakov de ne pas quitter la Russie, comme Staline le lui avait demandé par téléphone. Le roman sera sauvé des incendies par le seul exemplaire publié par son plus grand admirateur : Staline.

Picasso, stupéfait et « bien embêté », a-t-il cru que Staline avait changé le titre de son tableau ?

Il s’est consolé auprès de sa maîtresse si spéciale. Dora Maar ne pouvait même pas imaginer, ni même accepter, le terrible crime de Guernica commis par ses favoris. Car jusqu’à la fin de sa vie (le 17 juillet 1997), elle a cru en d’autres « paradis » et condamné quiconque ne partageait les idées si horribles que celles qu’elle prônait. Mais elle avait séduit le génie Picasso, en plantant à vive allure un couteau entre les cinq doigts de sa propre main aux Deux Magots à Paris en 1935.

Ils se sont connus et aimés depuis cette date jusqu’en 1944 ? Picasso a réalisé le 11 juillet 1943, en pleine Occupation, le portrait de Dora Maar (sa muse, sa maîtresse et horrible partisane ?) vendu le 24 octobre 2025. Estimé à huit millions d’euros, (toile de 80×60 cm) le tableau de Picasso a affolé les enchères parisiennes. Il a été adjugé à 32 millions. « C’est la plus haute enchère en France toutes maisons confondues » acquise « par un acheteur étranger, dont la nationalité n’a pas été précisée. »

Françoise Gillot deviendra la femme de Picasso en mai 1946. Le 22 novembre 2009 elle m’avoue à NY chez Mary Cronson, (en présence de Benoît Mandelbröt et Tom Bishop) :

« – Avant nous nous voyions deux fois par an. Je n’ai jamais compris pourquoi il n’a pas quitté Paris, comme la plupart, à l’arrivée des nazis. »

Dora Maar sera actrice en mars 1944 dans la pièce de théâtre de Picasso, avant, la même année, de la libération de Paris et l’adhésion de Picasso au parti communiste.

J’espère et souhaite, comme il m’importe, que la gloire du génie Picasso perdure et grandisse à jamais, et qu’il ait monté jusqu’au Soleil via la Voie Lactée…

Photos

Peinture de Pablo Picasso, « La Femme qui pleure ».
Pablo Picasso, « La Femme qui pleure », 18 Octobre 1937, Huile sur toile, 55 x 46 cm. Photo : RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris).
Picasso peignant «Guernica» en 1937. Photo : Dora Maar.
Picasso peignant « Cris d’enfants, cris de femmes, cris de colombes » en 1937. [« Guernica » en 1945]. Photo : Dora Maar.
Man Ray, « Portrait de Dora Maar »
Man Ray, « Portrait de Dora Maar », 1936, Tirage gélatino-argentique.
La toile « Femme au chapeau à fleurs (Dora Maar) » de Pablo Picasso
La toile « Femme au chapeau à fleurs (Dora Maar) » de Pablo Picasso, peinte en 1943 et restée inédite depuis plus de 80 ans, a été vendue 32 millions d’euros le 24 octobre à l’Hôtel Drouot.