Commandé par Havas, le sondage IFOP de septembre 2025 éclaire avec une netteté bienvenue l’état d’esprit de la société française après la visite de Volodymyr Zelensky à Paris.
Il dit une chose simple et essentielle : malgré le vacarme des réseaux sociaux, malgré les assauts incessants de la propaganda russe et les campagnes de désinformation conçues pour épuiser et diviser, la majorité des Français reste lucide et fidèle à l’Ukraine. Non seulement ce soutien ne faiblit pas, mais il tend à se renforcer, à se transformer en exigence politique et en volonté d’action.
Près de trois quarts des Français (72 %) considèrent aujourd’hui que la Russie représente une menace pour la souveraineté des États de l’Union européenne. Ce n’est pas un simple signal : c’est un véritable consensus national.
Le diagnostic traverse tout l’échiquier politique : 90% des socialistes, 88% des sympathisants de la majorité présidentielle, 87% des Républicains.
L’anomalie demeure l’extrême droite : seuls 54% des électeurs RN considèrent Moscou comme une menace, et à peine 17% des électeurs de Zemmour. La France Insoumise occupe une position intermédiaire : 72% de ses électeurs voient la Russie comme une menace, mais leur défiance à l’égard de Poutine reste plus faible (68%, contre 79% dans la population générale). Cette ambivalence traduit les tiraillements idéologiques d’une partie de la gauche radicale, partagée entre un anti-impérialisme sincère et une méfiance viscérale envers les Etats-Unis/l’OTAN.
Ces chiffres montrent que la perception d’un danger russe n’est plus l’apanage de quelques rares experts du sujet : elle est devenue un sentiment collectif. Ils confirment aussi que, malgré les récits de Moscou qui agitent l’épouvantail de l’escalade, renforcé par la menace nucléaire, les Français choisissent la réalité des faits horribles : bombardements russes, déportations d’enfants ukrainiens en Russie, massacres documentés à Boutcha ou Marioupol par l’armée russe
79% des Français déclarent ne pas faire confiance à Vladimir Poutine pour respecter un cessez-le-feu.
Quatre Français sur cinq refusent de confier au Kremlin les clés d’une paix qu’ils savent illusoire.
Cette défiance est massive : 93% chez les écologistes, 85 % chez Les Républicains, 83% dans la majorité présidentielle.
La France Insoumise se distingue par une défiance plus faible (68%), et surtout le RN et Zemmour : seuls 74% des électeurs RN expriment cette méfiance et près d’un quart se disent prêts à croire Poutine. Chez les électeurs de Zemmour, près d’un sur deux (49%) lui fait confiance. Ces chiffres révèlent un ancrage prorusse beaucoup plus marqué dans ces électorats.
Il faut le dire, les réseaux sociaux amplifient cette minorité.
Les politicards tels que Philippot, De Villiers, Melenchon, Mariani, Marine Le Pen et les autres saturent X/Twitter de messages prorusses et d’appels à « négocier ».
A chaque fois je me pose une question : les électeurs RN et zemmouristes étaient-ils prorusses avant d’adhérer à ces partis, ou est-ce le narratif prorusse de ces partis qui a façonné leur vision ? L’œuf ou la poule.
Ce que le sondage révèle, c’est que, hors du vacarme numérique, la majorité des Français garde la tête froide. Familles, retraités, salariés : cette France silencieuse conserve une méfiance instinctive envers Moscou par mémoire historique ou par simple refus de la brutalité.
Elle ne veut pas être complice, même passivement, d’un régime du Kremlin qui a fait de la violence d’État, du chantage énergétique et de la déportation ses méthodes ordinaires.
Le paradoxe apparent, vouloir la paix sans céder, se résout dans ce chiffre : 75% des Français estiment qu’un cessez-le-feu ne peut être acceptable que s’il s’accompagne de garanties de sécurité solides pour l’Ukraine.
Ce soutien massif traverse tout l’échiquier politique :
– 94% des sympathisants de la majorité présidentielle et 93 % de LR approuvent cette exigence ;
– 91 % des écologistes et 84 % des socialistes s’y rallient ;
– même 80 % des électeurs de LFI l’approuvent ;
– seuls les électorats du RN (67%) et de Zemmour (60%) sont en retrait.
Les Français refusent un Munich 2.0 : une paix sans garanties n’est qu’une pause avant la prochaine guerre que la Russie planifie déjà.
Ils appellent à la construction d’un dispositif multilatéral robuste, ONU, UE, pays volontaires, et à l’intégration de l’Ukraine dans l’architecture de sécurité européenne, non plus comme un voisin périphérique mais comme une pièce centrale du dispositif de protection du continent.
Le sondage révèle une mutation spectaculaire : 47% des Français se disent favorables à l’envoi de troupes occidentales, soit +11 points depuis mars.
– 70% des électeurs macronistes approuvent,
– 53% des Républicains, 56 % des socialistes,
– LFI se divise (50/50),
– RN (41%) et Zemmour (21%) restent farouchement opposés.
Ces chiffres n’expriment pas un goût pour la guerre mais une certaine exaspération : les Français veulent que l’agresseur russe soit stoppé, même si cela suppose un pas supplémentaire sur le plan militaire.
Les Français approuvent massivement le soutien à l’Ukraine :
– 61% soutiennent l’intégration progressive de l’Ukraine à l’OTAN,
– 59% la poursuite des livraisons d’armes,
– 56% l’entrée dans l’UE.
Mais il faut aller plus loin : la France et ses alliés possèdent des stocks d’armes vieillissants qui dorment dans les dépôts et pourraient changer la donne sur le terrain. C’est le moment de les livrer. Et surtout, la priorité doit être la protection des civils : fermer le ciel ukrainien n’est plus une option mais un impératif moral.
Protéger les écoles, les hôpitaux, les infrastructures énergétiques est un devoir que les alliés européens doivent assumer. Cela exige des avions, des systèmes de défense et du courage politique. C’est la seule façon de réduire la capacité de Moscou à terroriser les civils ukrainiens et d’accélérer la fin de la guerre.
Aider l’Ukraine, ce n’est pas seulement livrer des armes : c’est aussi bâtir les conditions de l’après-guerre. Coopérations industrielles, chaînes de production conjointes, formation technique – plus tôt elles seront mises en place, plus vite l’Ukraine s’ancrera dans l’économie européenne et plus solide sera la paix.
Ce sondage IFOP, grâce à l’initiative salutaire de Havas, acteur reconnu pour sa capacité à capter les mouvements profonds de l’opinion, est une photographie précieuse : la France n’est pas divisée comme le prétendent les relais de Moscou. La majorité reste solidaire de l’Ukraine, méfiante envers Poutine, prête à soutenir un engagement accru.
Oui, les réseaux bruissent de désinformation, et oui, une partie de l’extrême droite et de la gauche radicale recyclent les narratifs prorusses. Mais ils ne représentent pas la majorité. La France choisit l’Ukraine. Et ce choix donne à ses dirigeants une légitimité : livrer les stocks, fournir les avions, pousser l’Europe à se tenir fermement aux côtés de Kyiv pour l’accompagner jusqu’à la victoire.

Clair, net et précis.
Bravo !