Depuis toujours, le RN (et, avant lui, le FN) n’hésite pas à changer certaines parties de son discours pour tenter de séduire les électeurs – au point, par exemple, de valser entre un soutien inconditionnel à Israël et sa détestation la plus extrême.

Le parti ne cesse en effet de se contredire (et de se re-contredire). Ces frénétiques virevoltes s’observent sur bien des sujets essentiels : la sortie de l’Union européenne, de l’euro ou de l’OTAN, une éventuelle démission d’Emmanuel Macron, la constitutionnalisation du droit à l’avortement, la peine de mort, le droit des Juifs à porter la kippa, le principe de « double frontière », l’autodétermination de la Nouvelle-Calédonie, le déplacement des populations palestiniennes, la double nationalité, les confinements, la réforme des retraitesl’énergie nucléaire, le marché européen de l’électricité, les prix planchers pour les agriculteurs, le glyphosate ou les dangers de l’IA.
Le RN se montre ainsi très flexible sur de nombreux aspects de sa vision politique. Marine Le Pen expliquait par exemple, en mars 2017, que « 70 % de [son] projet ne pourrait pas être mis en œuvre » sans sortie de l’euro… avant de renoncer à cette sortie un mois après. 

On voit aussi, en ce moment, le RN multiplier les contorsions pour rassurer les milieux économiques – au point de s’inspirer toujours plus du programme économique de Macron. Depuis quelques jours, le parti prépare ainsi ses électeurs à des trahisons sur certains points phares de son « programme » (comme la réforme des retraites et la suppression de la TVA sur les produits de première nécessité). L’excuse du RN est toute trouvée : Emmanuel Macron aurait « manipulé » les comptes publics. Interrogé le vendredi 14 juin par BFMTV, Jordan Bardella s’est par exemple dit convaincu de trouver « soit des dissimulations dans les placards, soit des mensonges ». Jordan Bardella a aussi annoncé (lors de cette interview) vouloir « un audit sur les comptes de l’État à la Cour des comptes et à l’Inspection générale des finances »… faisant mine d’ignorer que ces deux institutions font ce travail chaque année. Changement de discours le 18 juin, sur Europe 1 : Jordan Bardella annonce désormais vouloir confier cet audit à une commission composée de « fonctionnaires de la Cour des comptes, d’économistes et d’universitaires ». Autrement dit : une commission dont les membres seraient désignés par le RN, et qui lui permettraient donc de justifier ses renoncements.

Bref, la cohérence du RN n’est pas à chercher dans son projet. Elle se trouve plutôt (et uniquement) dans ses cibles, qui n’évoluent pas au fil du temps : d’abord les étrangers et les immigrés (et toutes les personnes qui leur sont assimilées) ; mais aussi les journalistes, les syndicalistes, les associatifs, les féministes et les antiracistes ; ainsi que nos libertés publiques (et les institutions de la République).

5 Commentaires

  1. Le RN n’a pas de projet : il n’a que des cibles… Ce titre est débile et cette phrase vaut pour tous les partis, LFI en premier lieu. Un peu moins de banalités. Un peu plus de hauteur et n’enfoncez pas les portes ouvertes SVP

  2. La diabolisation du RN auprès de l’électorat sioniste et non-antisioniste est vaine dès lors que, face à un nazisme historique dilué dans la droite populiste, il ne nous reste plus que l’alternative d’une gauche dissoute dans le nouveau nazisme.
    Plutôt que de prêcher un bloc de convaincus sans exercer aucune emprise sur ces décrocheurs de la mondialisation heureuse qui, concomitamment et parfois causalement, constatent au quotidien l’élargissement inexorable du faisceau d’offenses et de persécutions qu’ont programmées les artisans du séparatisme islamiste en terre de mécréance multiculturaliste, il me paraît bien plus urgent de faire en sorte que les partis honorables redeviennent les maîtres d’œuvre de projets attractifs profitables à l’ensemble des citoyens de notre continent en voie d’humanisation perpétuelle, afin de préserver un monde ouvert aux autres car recentré sur ses premiers principes.
    Le cordon sanitaire, cela n’a rien d’extraordinairement séduisant.
    Démocrates engagés à combattre la maladie de Drumont, vous qui souffrez dans votre chair les renoncements de l’état de droit, faites du neuf avec le Vieux Monde, continuez ou, s’il le faut, commencez, sans exiger de vous-mêmes d’être capables de redresser les torts en une après-midi de chien, à (vous) perfectionner (à travers le prisme de) ce régime si imparfait et si affreux que l’on sait perfectible et vecteur de splendeur.

    • Macron semblait pourtant avoir pigé que l’on n’avance ni bien ni droit sans s’appuyer sur une jambe gauche et une jambe droite. Hélas, nous eûmes souvent le sentiment d’utiliser nos deux membres inférieurs de manière inintelligente, étranglés par le nœud d’un conflit intérieur confinant à l’immobilisme quand ce n’était pas à la démence, lorsque nous ne pouvions pas nous empêcher, après avoir fait un pas en avant sur un pied, d’en faire deux en arrière sur l’autre, un type de marche que l’on qualifiera de tournoiement statique, ou sur-place tournoyant, qui vous file le tournis jusqu’à parfois frôler le vomissement.
      On se serait attendu à ce qu’une gauche macronienne prît soin d’épargner à sa droite le procès en tout-répressif et de celle-ci qu’elle évitât que l’ailier gauche fût associé à la culture du tout-permis, s’esbaudissant dans la boue antiPatyque de l’incivilité à ethnogéométrie variable, faisant passer les impératifs de la réforme sous les fourches caudines de l’insurrection avortée, toujours prête à couvrir (du voile pudique de son paternalisme postcolonial inassumé) le règne de la petite délinquance et du grand-banditisme.
      En toute vraisemblance, le processus de recomposition doit se poursuivre et débarrasser les divers blocs républicains de leurs irréconciliables respectifs, sabordeurs s’il en est ; droite, centre et gauche auraient, ce faisant, restauré un pluralisme qui est consubstantiel à leur communauté démocratique et nationale, renvoyant dans les douves de l’histoire ce nouveau bipartisme menaçant nos États et notre droit malade de basculer dans deux formes de démocrature qui leur seraient fatales.

  3. Car enfin, c’est bien beau de pleurnicher maintenant que le RN va accéder au pouvoir (ou bien le NFP et c’est peut-être pire) mais qu’avons-nous fait pour protéger l’Occident et Israël en première ligne ? Rien ! Des articles, des livres, des conférences, des indignations médiatiques. Alors qu’il fallait vite fait, bien fait nucléariser (nuke) la Russie et l’Iran. Une attitude munichoise au total.

  4. Sans oublier cette poutinophilie qui risque de nous être fatale !