C’est invraisemblable. Lorsque l’on rentre dans cette salle du sous-sol du Palais de Tokyo, à regarder les affiches suspendues, splendides pour certaines, on se dit vite qu’il y a un problème. Calme cependant qu’un peu nerveux, nous avançons, pas à pas, d’abord assez enthousiaste devant des textes, des photos, des revues, qui dénoncent l’Apartheid en Afrique du Sud, cet abominable apartheid où des millions de noirs furent sous le joug de Boers, d’Afrikaners impitoyables, injustes, meurtriers avec eux. L’Afrique du Sud était une violente dictature ségrégationniste, et ces textes, ces photos, ces affiches de résistance le rappellent d’une bien belle manière. Un peu plus loin, une autre dictature, celle-ci militaire, dénoncée ici par encore des textes, des photos, des affiches, celle de Pinochet, au Chili, le régime aux 38 000 torturés environ, qui fit des Chiliens un peuple martyr.
Ensuite, nous montons quelques marches, et là, l’hallucination, l’effroi même. On se dit, simplement, que le Palais de Tokyo est devenu fou. La Palestine. Le mouvement de résistance l’OLP, de Yasser Arafat. Plusieurs points problématiques nous apparaissent alors. D’abord, dresser, oser une équivalence entre cette résistance palestinienne à Israël, considérée de facto, l’air de rien, sans détour, comme l’Afrique du Sud époque Apartheid et comme le Chili époque Pinochet, c’est-à-dire, comme une dictature, est une aberration. Comme si Israël, pays démocratique, aux élections démocratiques, aux institutions démocratiques, pays des droits de l’homme et de la femme, LGBT friendly, avait quelque chose à voir avec les dictatures susmentionnées. Ce parallèle insensé est politiquement, historiquement faux et dangereux. Ce problème de juste évaluation des choses, de discernement, de mauvais jaugeage, semble faire passer alors l’exposition d’un statut prétendument objectif, scientifique même, à un statut plus proche d’un geste propagandiste.
Autre point problématique, Yasser Arafat, époque années soixante-dix, est présenté comme un héros, un sympathique personnage organisant, en 1978, une exposition à Beyrouth pour des peintres palestiniens, ce qui est vrai, ce qui est tout à fait louable bien sûr, mais à un détail près et qui est de taille : Arafat est un des pires terroristes de l’époque sans jamais que ce soit mentionné, ni dans les documents d’archives, ni, et c’est encore plus problématique, dans les cartels sensés contextualiser l’exposition. N’y avait-il aucun historien digne de ce nom, prêt à éclairer cette époque rationnellement ?
Rien que pour l’année 1978, année de l’exposition à Beyrouth, on compte plus de dix attentats sur le sol israélien, faisant une quarantaine de morts, dans les bus, à Tel Aviv, à Jérusalem et ailleurs dont bien sûr des enfants et des femmes. Rien de ce pan-là d’Arafat n’apparaît, c’est du révisionnisme. Et le parallèle nous saute finalement à la figure : L’OLP est exclusivement présentée comme une organisation de libération de la Palestine, jamais comme une organisation terroriste, comme le Hamas par tout un pan de l’extrême gauche aujourd’hui, les LFI pour ne pas les nommer, présenté comme mouvement de résistance et non de terrorisme. Difficile de ne pas faire ce rapprochement ; difficile de ne pas être alors écœuré par le message à peine dissimulé de cette exposition. Faire l’éloge de l’OLP époque terroriste, n’est-il pas faire une « apologie du terrorisme » ?
Autre point problématique, qui relève là des cartels, mis en place par les deux curatrices, Kristine Khouri et Rasha Salti, sur lesquels, une fois de plus, le manque de contextualisation est patent. Pourquoi écrire que le Liban est attaqué par Israël en 1982 sans dire pourquoi ? Présenté comme cela, bien sûr, Israël apparaît barbare, sans vergogne. Pourquoi ne pas avoir dit que l’opération « Paix en Galilée » lancée par l’armée israélienne, avec la complicité des milices chrétiennes, visait à faire cesser les attaques de l’OLP contre Israël depuis le sud Liban ? Je n’ose imaginer ce que furent les premiers cartels de l’exposition, retirés à la hâte suite à l’affaire Sandra Hegedüs.
Ajoutons un détail significatif : le mot d’Israël n’apparaît quasiment jamais dans cette expo, comme si, on le comprend bien vu sa tonalité générale, ce pays n’existait pas. Comme s’il était rayé de la carte, from the sea to the river. J’ai relevé deux occurrences, « les chars israéliens rentrent au Liban », « Israël, pays fasciste et raciste » : deux occurrences terribles, révélatrices des intentions des deux curatrices.
Enfin, un dernier point, non moins épineux. Était-il raisonnable de maintenir cette exposition à tous points de vue violemment anti-israélienne, alors que le 7 octobre avait eu lieu, alors que la guerre entre Israël et Hamas continue à l’heure où j’écris ces lignes ?
Curieux, je suis allé voir les X des deux curatrices, Kristine Khouri, Rasha Salti. L’une d’entre elles partage des informations d’un journal en ligne, Palestian Online. Je suis allé voir ce site que je ne connaissais pas, et non sans surprise, je suis tombé sur une vidéo d’une conférence d’un professeur américain, John-J. Mearsheimer qui avait fait scandale au début des années 2000, avec son livre coécrit avec Stephen M. Walt, The Israël Lobby and U.S Foreign Policy (traduit en français à La découverte en 2007). Ce qui en dit long sur le site, et par extension, sur les curatrices.
Il est encore temps de retirer cette partie de l’exposition qui déshonore le Palais de Tokyo, qu’on avait connu plus inspiré.
Ces deux curatrices ont des noms arabes, non? Pourquoi peut on confier cette exhibition exclusivement à deux arabes (ou femmes d’arabes)? – et sans surveillance par l’établissement culturel de Paris? Je ne comprend rien … – est-ce que Paris a capitulé? … Ou est-ce que Paris avait déja calculé que ce serait plus important pour les Jeux Olympiques que les visiteurs potentiellement violents ne se fâchent pas, alors que les visiteurs civilisés ne vont pas ètre un danger s’ils ne seront pas contents? … Mais quel cynisme … ce n’est plus la France que j’ai admirée …
Il n’y a pas, d’une part, un Hamas organisation du crime (contre l’humanité) dont il serait fondé d’invoquer le principe de violence légitime propre aux États de droit pour en démanteler les infrastructures militaro-terroristes et, d’autre part, un Hamas politique dissociable du premier dont une communauté internationale qui n’aurait pas perdu tout crédit auprès des véritables protecteurs des droits fondamentaux et d’une construction économique ou sociétale authentiquement humaniste, pourrait légitimer l’existence et l’État, la ligne et l’action, la cause et le projet.
Un Oslo III nous mènerait dans le même mur contre quoi se fracassent nos velléités d’établissement d’une Pax Romana infrachristique ouvrant la porte, les fenêtres, puis les bras, et inévitablement les jambes, au fer de lance boschien que l’Antilonginus porte, non sans le concours d’une fabrique des élites revigorée par son virage révolutionnaire désathéisé, dans ce sacré principe d’incertitude qui, bien qu’il soit une bénédiction pour la recherche scientifique de haut niveau, est devenu une vraie plaie pour la plupart des consciences convalescentes de l’Union des Dénazifiés.
On n’est pas à moitié enceinte, fût-ce du jihâd par l’épée.
On ne négocie pas avec les terroristes ; on envisage moins encore avec eux un accord de paix digne de Notre nom.
Nous ne nous relèverions pas du déshonneur auquel nous condamnerait une Seconde Drôle de guerre. — Imaginez un instant une région de Normandie qui, deux jours avant la commémoration du Débarquement, s’enorgueillirait de remettre son Prix Liberté au membre d’une agence onusienne dévoyée, l’UNRWA pour ne pas la nommer, laquelle agence, tout comme, d’ailleurs, l’organisation qui la chapeaute, est mouillée jusqu’à l’os dans le pogrom du 7 octobre… Pardon ? vous rigolez…! attendez, vous êtes en train de me dire que ce cauchemar n’est pas un produit scandaleux de mon imagination ?
Je compatis. Mais quelle idée de lier amitié avec la gauche socialiste, historiquement antisémite ? Proudhon, Marx, Sorel, Hugo, Jaurès étaient antisémites. Comme la plupart des auteurs socialisants. Comment être surpris ? Par contre, ils ne piperont mot sur Pol-Pot, Trotsky, Mao, Staline et leurs autres idoles socialistes. Et ils sont fascinés par l’islam collectiviste. Houellebecq explique très bien cela dans son roman « Soumission », avec le prof de gauche français qui laisse tomber sa fiancée juive.