Dimanche 12 novembre.
Ne me résignant pas à défiler contre l’antisémitisme avec le RN en embuscade, serait-il relégué en queue de manifestation, je suis allé, seul, me recueillir au Mémorial des martyrs de la Déportation, à la pointe de l’Ile de la Cité, derrière Notre-Dame de Paris.
On descend un long escalier étroit et très pentu, on débouche dans une cour triangulaire absolument nue, d’une austérité radicale, entièrement ceinte de hauts murs, avec pour seuls échappatoires le ciel au-dessus des têtes et, à la pointe de ce vaste espace triangulaire, un soupirail à ras du sol, lardé de lances noires dans sa partie supérieure, qui donne sur la Seine, coulant, indifférente, en contrebas, sans qu’on puisse voir le fleuve lui-même mais seulement le flot qui passe. Les parois de cette cour-prison sont revêtues d’un crépis gris clair granuleux, muet, saisissant. Praticable par une seule personne à la fois, un passage étroit, entre deux murs à hauteur d’homme, conduit de la cour à la crypte, vaste rotonde obscure flanquée de deux cellules vides de chaque côté, avec en son centre une inscription circulaire en bronze : « Ils allèrent jusqu’au bout de la terre et n’en sont pas revenus. » Un luminaire brûle au centre de la rotonde. Elle est prolongée d’un boyau souterrain d’une cinquantaine de mètres, aux parois couvertes de 200.000 petites billes blanches (le nombre de déporté(e)s depuis la France) scintillant dans la pénombre. Loin, très loin, une lumière solitaire brille au fond de cette galerie déserte figée dans le temps. Une grille à claire-voie en interdit l’accès. Les noms de tous les camps de concentration et d’extermination nazis sont gravés dans les murs de la rotonde en lettres brisées, qui sont comme autant de griffures d’une écriture défigurée, qu’on dirait inspirée des barbelés des camps.
D’autres inscriptions, toujours en lettres brisées, sont gravées sur les parois de la crypte, dont les extraits d’un poème pour sa bienaimée Youki, de Robert Desnos, mort d’épuisement à Theresienstadt un mois après la libération du camp, le 8 juin 45 : « Il me reste d’être l’ombre entre les ombres, l’ombre qui viendra et reviendra dans ta vie ensoleillée. »
Une autre phrase, de Sartre, proclame que « le choix que chacun fait de lui-même et de sa vie était authentique, puisqu’il se faisait en présence de la mort. »
L’enjeu symbolique de ce Mémorial du pire est double, conjuguant deux visées complémentaires et contradictoires. 1) Il doit – et Dieu sait s’il s’en acquitte sans grandiloquence ! – figurer ce pire, donner à ressentir l’indicible, la terreur et la mort, par la monumentalité silencieuse et sans concession des lieux ; il le fait par ce continuum entre la cour-prison et la crypte souterraine, entre le jour qui ne se lèvera pas et la nuit éternelle des charniers qu’il remplace et subsume, entre l’espérance vaine et la mort assurée. Ce haut lieu architectural, grandiose et sans appel, est un lieu d’édification par l’effroi. 2) Ce même monument, tout autant, s’est voulu le reposoir en esprit de ces milliers de morts sans sépulture que furent les déportés. Lieu d’hommage aux martyrs de la déportation, le Plus jamais ça ! reste l’autre finalité muette de ce sanctuaire contre la terreur et l’oubli. Il fut érigé en 1962.
Entre édification et hommage, aucune des deux visées ne l’emporte. Mais quelle force de rappel, quel choc procure au visiteur ce Mémorial de la douleur humaine !
Une dernière inscription s’adresse à nous avant de remonter à l’air libre : « Pardonne. N’oublie pas. »
Le royaume du Danemark — litt. : royaume d’Angleterre (shakespearien ancien) — a donc choisi son camp de la mort : le camp de la GAUCHE antiNAZIE, celui du nationalisme à géométrie variable.
Quand l’héroïsme file à l’anglaise et oublie ce pourquoi, entre 39 et 45, son immortelle incarnation versait le sang ; à moins que le Robin des bois pourris n’ait pas la possibilité de se remémorer ce qu’il n’avait jamais vraiment saisi alors même qu’il aurait l’honneur — après le déshonneur, eh oui ! — d’en éponger la sanglante et salée addition : la nature de l’ennemi.
Pour sa girouette-boussole, le colonialisme est un crime contre l’humanité, Israël occupe une terre qui était celle de prétendus indigènes dont il ignore tout des antécédents criminels subhistoriques, or le piège est énorme, car toute victime d’un crime contre l’humanité est en droit de se défendre en recourant, s’il le faut, à la violence pour répondre à l’obligation d’éliminer le risque de génocide.
Sauve-qui-peut 1 : L’impérialisme n’est pas un génocide.
Sauve-qui-peut 2 : S’il subsiste bien des traces de colonisation en Eretz Israël, ce sont les colonies de peuplement des coranisateurs de la Terre sainte qui en cultivent l’ersatz.
Sauve-qui-peut 3 : L’intention génocidaire s’est exprimée de façon on ne peut plus claire dans les agissements prémédités et organisés d’un émule oumméen du Reich transformiste impatient d’en découdre avec l’Hypérion traître depuis le Sud global, atteint, à première vue, d’une maladie de l’esprit fendu que l’on croyait terrassée.
La passion aime exercer sur chacun de nous ses menaces d’abolition du discernement et, pour ces corbynistes qui prennent l’eau de toutes parts, il paraît évident que les Palestiniens sont une Passion.
Mais comment expliquer cet antisémitisme décomplexé qui s’exprime dans les urnes au profit de l’Internationale islamiste ? pourquoi la gauche révolutionnaire, parce qu’elle ne s’assume pas, revendique son identité pro-Palestine et apporte son soutien à une rue arabe dont plus de 70 % de la meute, à Gaza, Londres ou Canberra, légitime un mode de combat comportant le pogrom comme type d’attaque privilégiée ?
Je dirais que les représentants de cette gauche largement majoritaire haïssent l’État des Juifs, ces Juifs chez qui ils subodorent un état d’esprit ayant le don de concentrer à peu près tout ce qui les révulse en ce monde car, simplement, c’est plus fort qu’eux.
Et je reprendrais les mêmes mots dont j’usais plus haut afin d’appréhender les causes du palestinisme, en affirmant que, pour la gauche mondiale, l’antisémitisme est une véritable Passion.
D’où tu parles, camarade ?
Ah ça ! on se Le demande…
« En démocratie, l’État c’est moi », clame, reclame et réclame le frère de clan de Goldfish the Father.
Ne comptons donc pas trop sur un jeu d’alliances qui, incomplètement à l’Ouest a fortiori, ne serait pas moins frappé du sceau de l’impermanence qu’un tangka tibétain en poudre d’or.
Certes, le Labour a pris en compte la défaite de Corbyn, mais l’attentisme de Starmer à l’égard de l’ennemi d’Israël pose question et, disons-le, nous démontre déjà que son parti n’ira jamais à contre-courant d’une lame de fond qui semble le pousser vers Downing Street pour les échéances décisives de 2024, après quinze années solaires dans l’opposition assorties d’une progression descensionnelle vers les affres de la radicalisation.
Quelle est la différence entre un nazi et un islamiste ?
Réponse : le nazi ne songe même pas à jouer sur la corde sensible auprès des groupes sociaux qui s’efforcent de réduire à néant ses capacités de nuisance et de résurgence.
Le Hamas ne libère pas des otages, il en augmente le nombre en faisant d’Israël, de Superman, du pape et de la diplomatie occidentale les jouets de sa perversité immonde ou, si vous préférez, de la maestria stratégique avec laquelle sa barbarie toise notre civilisation lorsqu’elle nous voit l’aider à maintenir sa pole position dans la course des prétendants à la succession mahométane.
Le 7 octobre dernier, en l’espace de quelques heures, les Palestiniens — je dis les Palestiniens comme on dirait les Allemands ou les Russes pour désigner la gouvernance étatique ou non étatique d’un conglomérat d’entités ethnoculturelles plus ou moins homogène — perpétrait l’un des crimes les plus absolus en termes d’inhumanité que notre espèce ait eu à endurer, depuis l’aube de ce siècle dont on avait prophétisé — « Ne parlez pas de malheur ! » — qu’il serait religieux ou ne serait pas.
Dans ce contexte effroyable, la pire des choses aurait été d’offrir aux nouveaux chefs de file de la barbarie contemporaine l’opportunité de se présenter aux yeux du monde sous un visage humain. Ne me dites pas qu’ils l’ont fait !
Si fait. 3 assassins génocidaires en puissance contre 1 civil innocent réchappé de l’enfer. Pour 10 otages, 1 jour de trêve supplémentaire permettant à la sainte armée du Califat mondial de rassembler ses forces de frappe.
Mais on vous a expliqué que les négociations ne se font pas entre Israël et l’organisation terroriste Hamas, mais entre l’État juif et d’autres États-membres des Nations unies, lesquelles composantes de l’Acommunauté internationale ont le pouvoir d’imposer au Hamas de se soumettre à cet accord.
Exact : le méta-empire sunno-chî’ite fonctionne comme ses prédécesseurs, à commencer par le dernier successeur de Nabuchodonosor II en Eretz Israël, dont nul n’oublie que son usage d’une piraterie d’Empire qui pratiquait la traite d’êtres humains sur les rivages nord de la Méditerranée et rendait aux Européens ou aux Américains les eaux impraticables, pousserait la France à conquérir plusieurs de ses territoires stratégiques en sorte que le détroit de Gibraltar pût redevenir le point de passage majeur qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être pour la sécurité économique des nations.
Évidemment, nous pouvons continuer sur cette voie de garage avec les commanditaires de Daech, Hamas et tout le toutim, si nous considérons que cela joue en notre faveur, en nous donnant du temps, peut-être… quelques années, une ou deux décades de plus, allez savoir ! — il ne serait pas superflu de mettre toutes les chances de notre côté pendant que nous nous préparons au pire.