Ce n’est pourtant pas faute d’avoir tiré le signal d’alarme. Ce qui devait arriver arriva. L’armée turco-azerbaïdjanaise a envahi le 19 septembre l’ex-République libre du Haut-Karabakh et est en train de se livrer à des atrocités sur sa population, dans la grande tradition des massacres anti-Arméniens. Au moment où s’écrivent ces lignes, l’armée turco-azerbaïdjanaise se trouve à la périphérie de Stepanakert, la capitale de l’enclave désormais occupée. Tandis que sa machine de propagande montre cyniquement des livraisons de pain à destination de ces mêmes Arméniens que Bakou affame depuis la mise en place du blocus, le 12 décembre 2022.
Les informations qu’essayent de faire passer les civils sur place sont toutefois, hélas, d’une tout autre teneur. Les maisons sont bombardées, leurs habitants se terrent dans les caves sans lumières ou se regroupent affamés dans les rues, impuissants, terrorisés. L’assaut azerbaïdjanais a fait 200 morts, 400 blessés et a provoqué le départ d’au moins dix mille personnes en une seule journée. Un bilan qui est en train de s’alourdir, heure après heure.
Car les soldats azerbaïdjanais ne sont pas des libérateurs, mais des envahisseurs, dont on ne compte plus les crimes de guerre passés, d’ailleurs ouvertement revendiqués. Et ils avancent, village par village, rue par rue, sans rencontrer la moindre résistance. Sur les réseaux, ils se vantent de leurs forfaits et menacent ouvertement des pires horreurs. L’organisation de Défense des Droits de l’Homme, Christian Solidarity international, a publié l’appel d’un de ces « militaires » qui offre 500 dollars à qui lui livrera une jeune fille dont il publie la photo. Ailleurs, elle cite des commentaires azerbaïdjanais sur les enfants de ces « fils de putes » voués à « être violés, coupés en morceau, donnés à manger aux chiens ». Les informations manquent. Elles circulent mal. Pas d’électricité, pas de réseau, pas de témoin, dans une terre coupée du monde. Mais les faibles échos qui nous parviennent, ajoutés à ce que l’on connaît de l’Histoire, ne laissent pourtant pas de place au doute. Le drame est là, en train de se nouer. Sans que personne ne semble avoir les moyens de le stopper. Au Conseil de Sécurité de l’ONU, Catherine Colonna a demandé des garanties tangibles sur la sécurité des populations. Les États-Unis ont rappelé l’Azerbaïdjan à ses obligations en matière de droits de l’Homme et Charles Michel, particulièrement passif ces derniers temps, s’est enhardi à mettre en garde l’Azerbaïdjan, estimant « inacceptables les moyens utilisés ». Quant à la Russie, elle a beau jeu de pointer la responsabilité de la médiation de l’Occident et de la France, estimant que « dès que l’idéologie occidentale est intervenue, la situation s’est considérablement aggravée ».
Et de fait, en effet, personne, ni d’ailleurs les forces russes d’interposition dont c’était pourtant la mission, n’est parvenu à contraindre le régime Aliev, encouragé par celui d’Erdogan, à desserrer l’étau autour du Haut-Karabakh dont le monde entier est pourtant témoin du drame. À travers la catastrophe humanitaire provoquée par le blocus, on a vécu en direct une véritable faillite du système international qui semble revenu cent ans en arrière, aux temps antérieurs à la création de la « Société des Nations », quand la force affirmait sans ambages son primat sur le droit. Ilham Aliev, qui voulait chasser les Arméniens comme des chiens, a pris le mors aux dents. Il fonce, la bride sur le cou, la bave aux lèvres. Il faut pourtant l’arrêter, tout de suite, et par tous les moyens possibles: sanctions personnelles et contre son État, gel des avoirs, poursuite devant la CPI, condamnation au Conseil de Sécurité, envoi de troupes d’interposition ou pour la moins de missions humanitaires, de journalistes, d’observateurs. Et il faut également prévoir, sans plus attendre un armement massif de l’Arménie, dont le territoire souverain, et la population sont la prochaine cible annoncée du tandem Erdogan-Aliev. Avant qu’il ne soit encore trop tard.
Hier j’ai laissé un commentaire tout à fait respectable qui est un reflet exact de la réalité. Vous avez choisi de ne pas le publier, ce qui rend votre journal inutile et sans valeur.
Qui peut reprocher au tandem Erdogan Aliev une quelconque duplicité? Ils ont dès le début annoncé clairement leur intention: anéantir les arméniens de l’Artsakh, anéantir les arméniens tout court en utilisant les méthodes qui ont fait leur preuve depuis le génocide. Ces deux complices dans le crime ont un agenda clairement exposé: revitaliser le panturquisme de Talaat Pasha, le Hitler turc. S’il faut désigner des coupables, mon choix s’oriente davantage vers la Russie de Poutine. Ce dernier personnage a sombré dans l’ignominie en devenant le serviteur d’Erdogan sans obtenir le moindre avantage pour la Russie. Il a approuvé dès le départ les attaques de l’Azerbaïdjan, il a consulté Erdogan en se pliant aux caprices du Sultan, il avili son image et humilié le prestige de la Russie en n’obtenant rien en retour, en devenant un nain dans le Sud Caucase. Un diplomate avait dit il y a plusieurs années que l’Arménie était aussi importante pour la Russie qu’Israël pour les USA. Poutine, stratège de bas étage, l’a oublié et de fait on peut dire sans se tromper que la Russie a perdu le Sud Caucase en perdant définitivement l’Arménie.