Lorsque la nouvelle de l’invasion de l’Ukraine par la Russie a éclaté l’année dernière, la nécessité de faire quelque chose s’est imposée à moi. J’ai immédiatement su que je devais aider. Et ceci non seulement par la proximité de mon pays avec l’Ukraine. Mais parce que je viens, précisément, de Przemyśl, une ville à quelques kilomètres de la frontière dont l’histoire est intimement liée à l’Ouest de l’Ukraine. Cette histoire plus vaste a toujours fait partie de ma vie.
Très vite, les réfugiés sont arrivés. Des centaines, des milliers, des dizaines de milliers et, enfin, des millions ont traversé la frontière : femmes et enfants fatigués, affamés, assoiffés et surtout désorientés. Et alors que ma ville, l’un des principaux points de passage, se levait pour les accueillir, j’ai ressenti un mélange aigu de fierté, de compassion et de détermination. Je devais en faire plus.
Ce fut le début d’un voyage qui a finalement abouti, le 15 mai 2023, à la projection de Slava Ukraini, le documentaire de Bernard-Henri Lévy, devant une salle comble de dignitaires, journalistes et sympathisants de la cause ukrainienne à Varsovie.
L’ambassadeur américain Mark Brzezinski, l’ambassadeur français Frédéric Billet, le représentant spécial de l’Union européenne pour les droits de l’homme Eamon Gilmore, étaient présents au rendez-vous avec cette œuvre produite par François Margolin et coréalisée par Marc Roussel.
À l’issue de la projection, le public s’est levé comme un seul homme pour une standing ovation. Et Bernard-Henri Lévy, qui venait de Washington, où son film était tout juste sorti en salles, a répondu aux questions du journaliste-animateur et du public. La soirée ne s’est terminée que bien après 22 heures, tant le public avait de questions.
Au dire de tous, la projection a été un triomphe et c’est tout à l’honneur de l’équipe de personnes qui a travaillé dans les coulisses, presque dans le secret, pour que cela se produise.
L’événement, qui a été une première pour la nouvelle organisation non gouvernementale polonaise « Values Unlimited Foundation », avait un objectif précis. Au fil du temps, l’intérêt pour l’Ukraine et pour les souffrances du pays a diminué – ce qui est peut-être inévitable. Les personnes ne peuvent subir, sans doute, qu’un nombre limité de mauvaises nouvelles avant de commencer à débrancher. Mais il est essentiel que nous n’oubliions pas ce pays. La projection était ma petite tentative de garder l’Ukraine au premier plan dans l’esprit des gens.
Au cœur de tout cela, bien sûr, se trouvait le film lui-même. Engagé depuis des années en Ukraine, Bernard-Henri Lévy a passé des semaines à parcourir le pays – d’Izioum au Nord-Est à la capitale Kiev, en passant par Bakhmout à l’Est et à Kherson au Sud.
Sa caméra ne s’est pas tant concentrée sur les lignes de front parcourues que sur les personnes frappées par la guerre. Grâce au film, nous avons rencontré une femme qui préparait son déjeuner devant sa maison, au milieu des tirs d’obus, ainsi qu’un combattant grimpant sur un toit pour accrocher un drapeau ukrainien dans un village récemment repris aux Russes. Nous avons également rencontré des soldats vivant dans des tranchées sur la ligne de front au même titre qu’une femme qui ignorait si ses enfants étaient encore en vie. Ces histoires déchirantes ont montré pourquoi il est capital de continuer à soutenir le pays.
Le film s’est terminé par une dernière histoire d’héroïsme. Celle d’une commandante basée sur la ligne de front près de Kinburn Spit. La commandante est mère d’un enfant de sept ans. Son engagement envers la cause de sa nation, son dévouement et son courage discrets ont, à eux seuls, valu la peine de projeter Slava Ukraini à Varsovie.
Au cours de son séjour en Pologne, Bernard-Henri Lévy a accordé une série d’interviews, dont voici quelques liens.
Polish Radio (public national radio)