En décembre dernier, Bernard-Henri Lévy consacrait dans Paris Match un long reportage de terrain, au Nigéria, sur les massacres commis par les Fulanis dans le centre du pays. Le texte, ainsi que les images, étaient limpides et accablants. Ces derniers jours, l’émission À vrai dire de TV5 Monde a voulu «vérifier» les affirmations du philosophe : il en ressort un sujet relayé par le site de France Info qui, inexorablement, reprend tous les poncifs sur l’Afrique, mêlés à une pusillanimité et une mauvaise foi insondables.

1° – TV5 Monde reprend l’antienne d’un conflit qui ne serait, non pas politique comme le soutient BHL, mais simplement, agricole, lié à la surexploitation des terres au Nigeria. On est, à vrai dire, confondu par tant d’hypocrisie. Comment ne pas se souvenir que le conflit au Darfour est né des tensions entre, en effet, nomades et sédentaires pour l’exploitation des terres, mais qu’il a été aussitôt investi par l’idéologie, pour devenir ce génocide politique et religieux effroyable ? Les deux explications ne sont en rien contradictoires, mais complémentaires. Pire, car les chercheurs interrogés par la chaîne ne sont sans doute pas aveugles, cette cécité volontaire est inconséquente. On imaginait que, depuis Le Dix-Huit Brumaire de Louis Bonaparte, en 1852, l’université avait envisagé qu’il y ait d’autres déterminants de l’Histoire que des structures, des conditions économiques, des intérêts sociaux ; et si les Fulanis, qui brûlent des églises, retournent des croix, et s’acharnent sur les chrétiens simplement en raison d’un mauvais cadastre des terres agricoles, alors, à ce compte-là, on apprendra bientôt que la Saint-Barthélémy tenait à l’appropriation des champs en pays huguenot ou que la Révolution russe était toute entière la conséquence d’un morcellage douteux des parcelles de blé dans le sud de l’Ukraine.

2° – TV5 Monde, par la voix de spécialistes interrogés, dément également le lien entre Fulanis et Boko Haram. D’abord, Bernard-Henri Lévy, dans son article ne passe pas sous silence les différences entre les deux groupes – il les rapproche, comme le fait tout penseur global d’une situation pour, justement, en démarquant les singularités et les dissemblances, «comprendre », prendre ensemble, une situation. Or, comment ne pas voir que deux groupes ayant l’islam radical pour étendard ont de vagues similitudes ? Bien sûr que, par exemple, Boko Haram n’est pas Aqmi, mais il y a une différence de degré et non de nature. Et puis, relevons le côté «pinailleur» de chercheurs qui détestent que d’autres se penchent sur leurs sujets d’études, un conflit dont ils ne se lassent pas de raffiner les causes, sophistiquer les motifs, de le rendre si nuancé et si parfaitement décrit, de diviser les groupes ethniques en sous-catégories, balancer les responsabilités entre victimes et bourreaux, de faire un tableau si minutieux et exhaustif qu’on ne puisse jamais solliciter qu’eux-mêmes pour en expliciter les principes. 

En décembre dernier, Bernard-Henri Lévy consacrait dans Paris Match un long reportage de terrain, au Nigéria, sur les massacres commis par les Fulanis dans le centre du pays. Le texte, ainsi que les images, étaient limpides et accablants. Ces derniers jours, le site de TV5 Monde est revenu sur les conclusions du philosophe : il en ressort un article qui, inexorablement, reprend tous les poncifs sur l’Afrique, mêlés à une pusillanimité et une mauvaise foi insondables.

1° – TV5 Monde reprend l’antienne d’un conflit qui ne serait, non pas politique comme le soutient BHL, mais simplement, agricole, lié à la surexploitation des terres au Nigeria. On est, à vrai dire, confondu par tant d’hypocrisie. Comment ne pas se souvenir que le conflit au Darfour est né des tensions entre, en effet, nomades et sédentaires pour l’exploitation des terres, mais qu’il a été aussitôt investi par l’idéologie, pour devenir ce génocide politique et religieux effroyable ? Les deux explications ne sont en rien contradictoires, mais complémentaires. Pire, car les chercheurs interrogés ne sont sans doute pas aveugles, cette cécité volontaire est inconséquente. On imaginait que, depuis le Dix-Huit Brumaire de Louis Bonaparte, en 1852, l’université avait envisagé qu’il y ait d’autres déterminants de l’Histoire que des structures, des conditions économiques, des intérêts sociaux ; et si les Fulanis, qui brûlent des églises, retournent des croix, et s’acharnent sur les chrétiens simplement en raison d’un mauvais cadastre des terres agricoles, alors, à ce compte-là, on apprendra bientôt que la Saint-Barthélemy tenait à l’appropriation des champs en pays huguenot ou que la Révolution russe était toute entière la conséquence d’un morcellage douteux des parcelles de blé dans le sud de l’Ukraine.

2° – TV5 Monde, par la voix de spécialistes interrogés, dément également le lien entre Fulanis et Boko Haram. D’abord, Bernard-Henri Lévy, dans son article ne passe pas sous silence les différences entre les deux groupes – il les rapproche, comme le fait tout penseur global d’une situation, pour justement, en démarquant les singularités et les dissemblances, «comprendre», prendre ensemble, une situation. Or, comment ne pas voir que deux groupes ayant l’islam radical pour étendard ont des similitudes ? Bien sûr que, par exemple, Boko Haram n’est pas Aqmi, mais il y a une différence de degré et non de nature. Et puis, relevons le côté «pinailleur» de chercheurs qui détestent que d’autres se penchent sur leurs sujets d’études, un conflit dont ils ne se lassent pas de raffiner les causes et de sophistiquer les motifs, au point que le tableau qu’ils en brossent devient si obscur et minutieux qu’on ne peut plus solliciter qu’eux pour en expliciter les principes. 

3° – TV5 Monde dément aussi la mansuétude, relevée par Bernard-Henri Lévy, des autorités fédérales nigérianes face à ces massacres. Or, pour le coup, il suffit de lire non seulement les témoignages relevés par le philosophe, tous concordants, mais aussi ceux des associations sur place, ainsi que ceux des différents organes étrangers ou internationaux qui se sont penchés sur le sujet. 

4° – Quant à l’affirmation que, en signalant qu’une situation puisse tourner au génocide, on accélère le processus génocidaire – comme le fait Vincent Foucher, chercheur au CNRS, c’est une accusation à la fois classique et pitoyable. Classique – c’est l’éternel procès fait aux Cassandre, qui ont souvent raison. Pitoyable – quand aucun chercheur n’a jamais vu venir la façon dont des conflits supposés «ancestraux» et «agricoles» ont donné naissance à l’islamisme radical, au Mali ou au Darfour, il serait élégant d’être moins péremptoire.

5° – Rappelons enfin que, à la suite de l’article paru dans Paris Match, le Département d’État américain a inscrit le Nigéria sur sa «liste de surveillance spéciale», le désignant parmi les pays qui ont «de graves violations de la liberté religieuse». Rappelons que, de ce conflit oublié dont les «spécialistes» semblent parfois se chagriner qu’il leur échappe, on n’avait, avec ce degré d’arguties mais aussi d’éclairage médiatique, jamais parlé à ce point. C’était tout le but de ce reportage lancé à la presse comme on jette une bouteille à la mer. BHL ne demande qu’à être démenti – que les Fulanis, saisis par la lumière politique et médiatique, soient retenus, combattus, et empêchés dans leur course vers l’abîme. Le reste n’est qu’un mélange de mesquinerie, de sophismes, de pusillanimité et de vieilles haines. Le Nigeria, l’Afrique méritent mieux que cette guerre de patentes et ces rentiers de l’exotisme – c’est bel et bien, qu’on le veuille ou non, l’un des fronts d’un grand combat entre islamisme et islam des Lumières.

3 Commentaires

  1. Doctrine fin de siècle :
    1 – On ne choisit pas son ennemi (cf. Montoire)
    2 – Équidistance entre bien et mal (cf. Oslo)
    « Tout est au Quai ? »
    Si nous voulons éviter LA confrontation directe avec un État de non-droit qui s’appuiera toujours sur le fameux principe de souveraineté pour mater la révolte d’une population qui — « Ah ben merde alors… » — refuse de se laisser exterminer sans réagir, laquelle riposte diplomatique doit, en effet, intégrer dans son logiciel les risques d’humiliation et d’embrasement que notre haute diplomatie met en avant pour justifier son attentisme, eh bien, désertons de concept de guerre civile dans son acception actuelle et basculons dans le paradigme de la Guerre Civile mondiale, nous devrions pouvoir ainsi contourner les responsabilités nationales des régimes collaborationnistes en les soumettant à un droit international plus efficace car mieux adapté aux modes opératoires du Grand Délégateur.

  2. On comprendra qu’en des temps messianiques où le bien est assimilé au mal par ceux-là mêmes qui l’assimilent au bien, quand ce n’est pas l’un et l’autre que l’on jette aux ordures avec leurs processions principielles respectives, le président d’un pays de l’envergure du Sénégal en arrive à « assumer » « le soutien » « de la France » « au Sahel », à savoir qu’il assume de prendre le risque de se mettre à dos toute une partie, qu’il juge nécessaire de prendre en considération au point de s’adresser indirectement à elle, du peuple qu’il dirige et des peuples voisins, en affirmant sa volonté de défendre le monde libre contre la coranisation globale.
    La place du chef de la diplomatie de l’une des cinq premières puissances mondiales, au moment même où le génocide des infidèles de l’Oumma se poursuit en s’accélérant, est en réunion d’urgence, au ministère des Affaires étrangères, face aux derniers grands témoins du massacre en cours.
    La place du chef de l’État sus-évoqué est, elle aussi, en réunion d’urgence, mais quelques crans plus haut, au Conseil de sécurité, afin de préparer l’intervention sous mandat de l’ONU qui répondra à l’absolue nécessité de chasser de la Terre, aussi vite que possible, les fossoyeurs de notre humanité.
    Toutes les formes de systèmes et régimes politiques sont admissibles par des États-Unis du monde en voie d’apparition, dès lors que ces derniers veillent à garantir la liberté de conscience derrière chaque éboulis mobile ou immobile de la tour de Babèl.
    Pour la clé de voûte des États droits que sont les législateurs abstraits du droit international, à toute heure désormais, c’est l’heure de vérité.