Un article pro-Israël du philosophe français Bernard-Henri Lévy disparaît de Facebook
Parmi le déluge de critiques adressées au géant des réseaux sociaux Facebook à propos du contrôle, ou du manque de contrôle, de la haine anti-Israël et antisémite, un article résolument pro-Israël d’une personnalité de renom a été mystérieusement effacé des pages du réseau.
L’article, intitulé « Ce qu’il n’est plus possible d’entendre au sujet de l’ »Intifada des couteaux »», est signé par le fameux philosophe et militant français Bernard-Henri Lévy et publié en exclusivité par The Algemeiner mercredi.
Dans cet article, Lévy fait référence à l’usage de Facebook par les islamistes comme outil pour fédérer le soutien autour de leur cause, et il attire l’attention sur les injustices autour de la dernière vague d’attaques au couteau par des Palestiniens contre des Juifs israéliens qui s’est abattue sur la Terre sainte.
Parmi les éléments dénoncés par Lévy figurent les propos « expliquant, ou excusant, ces actes criminels » contre des Israéliens, les condamnations « molles » du terrorisme par la communauté internationale, et le fait que « la plupart des grands médias ne portent pas aux familles israéliennes endeuillées le dixième de l’intérêt qu’ils portent aux familles des Palestiniens ».
La disparition de l’article de Facebook a d’abord été signalée à The Algemeiner par le groupe de surveillance The Committee for Accuracy in Middle East Reporting in America (CAMERA) [une organisation de surveillance des médias, de recherche et d’adhésion consacré à la promotion d’une couverture médiatique exacte et équilibrée d’Israël et du Moyen-Orient], qui a noté l’absence de l’article. La publication a également été retirée de la page Facebook de The Algenmeiner, où il avait amassé 40 000 vues. Les autres lecteurs de The Algemeiner ont également remarqué qu’elle avait été retirée de leurs propres pages Facebook, et une recherche de l’article sur Facebook ne donne aucune réponse.
L’artiste et militant franco-israélien Ron Agam, proche de Lévy, était furieux lorsqu’il a découvert que l’article avait été retiré de son mur Facebook. « Je suis stupéfait que Facebook ait l’audace et l’effronterie de réduire au silence l’une des plus importantes voix juives au monde », a déclaré Agam à The Algemeiner. « Je suis furieux et déçu… Les Israéliens sont poignardés à cause d’une idéologie incitant à la haine véhiculée par Facebook pendant qu’ils trouvent le temps de réduire au silence un homme de paix et de réconciliation. »
Il conclut : « Facebook doit des excuses à Lévy. »
Facebook n’a pas immédiatement répondu aux requêtes de The Algemeiner demandant des explications à propos de l’article.
Le retrait de l’article de Lévy survient après que Facebook ait été traîné au tribunal pour sa façon de gérer l’incitation au terrorisme sur ses pages. L’ONG israélienne Shurat HaDin – Le centre de loi israélien a annoncé le 15 octobre qu’elle prévoit d’intenter une action en justice contre l’entreprise à la suite de multiples plaintes déposées par des utilisateurs préoccupés par la montée de pages en arabe appelant au meurtre de juifs. Quelques 10 000 Israéliens ont déjà signé la pétition pour rejoindre la poursuite judiciaire.
« Nous pensons que la lutte contre le terrorisme requiert de minimiser l’incitation », dit Nitsana Darshan-Leitner, fondatrice du Centre de loi d’Israël, à The Algemeiner. « Et c’est pourquoi nous essayons d’obtenir une injonction contre Facebook pour faire fermer certaines pages et pour surveiller le site afin de prévenir l’apparition de pages de ce type. »
D’autres se montrent toutefois plus sceptiques quant aux possibilités de contrôler ce qui est posté sur Facebook. Le porte-parole du Ministère des Affaires étrangères israélien Emmanuel Nahshon a récemment évoqué, auprès de The Algemeiner, les tentatives de son bureau de faire retirer à Facebook et Google, qui possède Youtube, les contenus incendiaires et d’empêcher des publications similaires d’apparaître à l’avenir. « Il n’est pas certain que retirer de telles vidéos des réseaux sociaux aura un effet » sur la situation sécuritaire actuelle en Israël, ni sur la population palestinienne, dit-il. « Souvenez-vous, les réseaux sociaux ne peuvent rien faire en avance. Ils réagissent à ce qui est rapporté et signalé par d’autres utilisateurs. Ainsi, pour chaque film retiré, un autre apparaît. »
Darshan-Leitner dit voir les choses différemment.
« C’est ridicule de dire que Facebook ne peut pas surveiller ces choses-là », dit-elle. « Regardez ces millions d’algorithmes qui savent exactement ce que vous aimez porter et manger, qui sont vos amis, quelle musique vous intéresse, etc. Comment, sans cela, les publicités ciblées spécifiquement pour vous apparaîtraient mystérieusement sur vos fils d’actualité et sur le côté de la page ? S’il existe des algorithmes dans des buts commerciaux, il peut en exister dans d’autres buts, de la même façon. »
D’autres Israéliens protestent également contre l’attitude de Facebook envers le problème de l’incitation.
La semaine dernière, le militant Rotem Gez a réalisé un graffiti anti-terrorisme, montrant une paume rouge avec les mots « sang sur vos mains », sur les murs des bureaux israéliens de Facebook. Il dit faire partie du grand nombre d’Israéliens consternés par l’échec du géant des réseaux sociaux à supprimer des pages encourageant le meurtre de juifs et d’Israéliens.
Facebook est un moyen d’expression public, heureusement ou malheureusement il reflète les opinions des gens dans toute leur variété, pour le meilleur et souvent pour le pire…
Et si Zuckerberg ne faisait que feindre de s’insurger contre la NSA qui doit probablement — nous l’entendons d’ici — juger la propagande antisioniste sur Facebook cyniquement tolérable dès l’instant qu’elle la met en balance avec des actions terroristes que la fermeture en chaîne de tous les comptes djihado-compatibles l’empêcherait de déjouer? La question de Lévy demeure néanmoins. A-t-elle pris soin (la NSA) de véritablement évaluer les effets d’une telle propagation de haine?