Depuis trois ans, le régime de Bachar Al-Assad en Syrie mène une guerre sanglante contre ses opposants, sans faire de distinction entre combattants et civils, et sans pour autant réussir à les vaincre. Fort de ses armes chimiques, ses missiles Scud, son artillerie lourde et ses « bombes à canon », le régime verrouille une à une les enclaves de l’opposition, particulièrement dans les sites stratégiques tels que Damas et Homs. Depuis septembre 2013, ces régions traversent une crise humanitaire sévère, dues à des pénuries alimentaires graves. Les rapports font état de plusieurs dizaines de personnes mortes de faim, et de milliers de personnes à risque.
L’opposition syrienne a maintes fois alerté la communauté internationale de ce qu’elle appelle une politique délibérée de famine pratiquée par le régime syrien. En octobre 2013, le célèbre opposant syrien Michel Kilo, membre de la Coalition nationale des forces de l’opposition et de la révolution (ci-après : La Coalition nationale) écrit dans le quotidien saoudien Al-Sharq Al-Awsat basé à Londres : « L’ombre de la mort plane sur près de deux millions de personnes résidant dans les zones assiégées. » L’opposition appelle la communauté internationale à garantir un passage sécurisé pour l’aide humanitaire. Dans le même temps, des militants à l’intérieur et à l’extérieur de la Syrie lancent des campagnes sur les médias sociaux pour attirer l’attention générale et exhorter le public à faire pression sur les dirigeants pour qu’ils mettent fin au siège.
Ces rapports ont causé quelques remous sur la scène internationale ; des États et organismes ont d’ores et déjà appelé le régime syrien à autoriser l’accès à l’aide humanitaire dans ces zones, mais en vain. Début octobre 2013, le Conseil de sécurité de l’ONU a publié une déclaration présidentielle appelant le gouvernement syrien à autoriser dans l’heure le passage des livraisons d’aide et exhortant toutes les parties du conflit à déclarer un cessez-le-feu pour faciliter l’opération. Le même mois, le Secrétaire d’Etat américain John Kerry déclarait au magazine Foreign Policy que le régime syrien empêchait systématiquement médicaments et denrées alimentaires de gagner une grande partie de la population, appelant la communauté internationale à une action déterminée pour que l’aide parvienne aux civils syriens. En novembre 2013, le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt, a incité l’UE à faire pression sur le régime syrien qui, selon lui, « utilise la famine comme arme dans le conflit ».
D’après des rapports récents, plusieurs pays arabes et occidentaux exigeraient une résolution du Conseil de sécurité établissant l’obligation des deux parties d’autoriser le transfert de l’aide humanitaire aux résidents. Mais la Russie et la Chine pourraient tenter de faire une fois de plus obstacle, comme elles l’ont déjà fait pour trois propositions de résolutions sur la crise syrienne.
Des tentatives internationales et locales ont également été mises en œuvre pour lever le siège dans des endroits précis. Lors du premier tour des pourparlers de Genève 2, entamés le 24 janvier 2014, le modérateur Lakhdar Brahimi, également envoyé spécial de l’ONU et de la Ligue arabe en Syrie, a tenté d’apaiser les tensions avec la signature d’un accord visant à lever le siège sur Homs. L’Autorité palestinienne (AP) a également établi des contacts avec le régime syrien pour permettre l’entrée de l’aide humanitaire dans le camp de réfugiés d’Al-Yarmouk.
Depuis, le siège aurait été levé en plusieurs points, y compris Al-Yarmouk et Moadamiyet Al-Sham, dans certains cas suite à un cessez-le-feu entre les forces du régime et les rebelles.
En outre, avant le second tour des pourparlers Genève 2, le régime syrien, les forces d’opposition locales et l’ONU ont déclaré un cessez-le feu de plusieurs jours à Homs pour permettre aux civils de partir, et permettre le transfert de l’aide humanitaire. Jusqu’à présent, plusieurs centaines de personnes, principalement des femmes, des enfants et des personnes âgées, ont été évacuées, et l’aide humanitaire aurait gagné la ville. Toutefois, le cessez-le-feu est régulièrement violé, chaque camp accusant l’autre de ces violations.
Il est manifestement dans l’intérêt du régime syrien de parvenir à une entente avec les acteurs locaux, ce qui lui permettrait de contourner la Coalition nationale et la communauté internationale. S’il y parvient, il créera l’impression que la Coalition nationale ne représente pas les forces rebelles et montrera au monde qu’une intervention internationale n’est pas nécessaire.
L’opposition syrienne a critiqué les accords locaux qui exigent l’évacuation des habitants des zones assiégées. Les membres de la Coalition nationale soutiennent que l’évacuation des résidents précède un bombardement massif des quartiers évacués ou leur repeuplement par des partisans du régime.
Pour l’heure, il semble que les tentatives des pays arabes et occidentaux pour gérer la crise humanitaire syrienne n’ont connu qu’un succès limité : la détresse du peuple reste sans réponse.
L’utilisation de l’arme de la famine par le régime reflète l’escalade du conflit et l’impuissance des acteurs arabes et internationaux face à cette crise.
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