Derrida à Cerisy en 1997, une vidéo inédite de cette conférence fleuve dont nous publions une première partie. Elle intéressera tous les passionnés de Derrida et les autres tant le philosophe semble proche de nous. Nous y avions exposé aussi une trentaine de ses portraits peints.

Il s’agirait, dans un parcours varié traversant l’oeuvre entière de Derrida, de présenter au lecteur ou au regardeur un point essentiel de sa pensée autour du vivant, du « petit vivant » que nous sommes tous selon son expression, en particulier dans sa théorie du portrait, de l’autoportrait et notamment de la peinture de ses autoportraits dont il aimait à nommer les portraits peints qui ont été faits de lui.

Cette théorie du portrait se noue aussi avec une pensée de l’animalité, en particulier autour du zoographos, l’écriture du vivant comme les grecs nommaient le peintre. C’est donc ce point, cet aspect resté inaperçu de sa pensée entre le vivant pictural de ses portraits et sa pensée du vivant animal, dont la décade de Cerisy justement intitulée «L’animal autobiographique» autour de Derrida porte témoignage.

Mais ce vivant, c’est toute la question derridienne, est aussi une pensée de la spectralité, de la mort que le portrait, la signature tracent inévitablement. La spectralité du portrait, de l’amitié, d’un «être-avec les fantômes» par quoi «on apprendrait à vivre enfin»…

Ce qui ne signifie pas mettre à mal l’animal, Derrida s’engageant justement dans la défense des animaux, une pensée radicale de l’animalité redéfinissant les contours, le dessin, l’image de l’essence ou de la figure humaine.