Hier, jeudi 16 août, lors du sommet du sommet de La Mecque en Arabie Saoudite, l’Organisation de coopération islamique (OCI) a annoncé la suspension de la Syrie. Selon Ekmeleddin Ihsanoglu, le secrétaire général de l’OCI, cette décision est un « message fort adressé par le monde musulman au régime syrien », ajoutant que le monde musulman « ne peut plus accepter un régime qui massacre son peuple en utilisant avions, chars et artillerie lourde ». Mais, selon le chef de l’OCI, la portée de cette décision ne s’arrête pas là, « C’est aussi un message adressé à la communauté internationale, disant que le monde musulman soutient une solution pacifique, veut la fin de l’effusion de sang et refuse que ce problème dégénère en conflit confessionnel et déborde ». Parmi les 57 pays membre de l’OCI, seul l’Iran, fidèle allié du régime de Bachar al-Assad, s’est opposé à cette suspension.

Jeudi toujours, le Conseil de sécurité de l’ONU a annoncé, comme prévu, la fin de la mission de ses observateurs militaires en Syrie. Commencée en avril, la Mission de supervision des Nations Unies en Syrie (Misnus) se terminera dimanche à minuit. « La constatation générale a été que les conditions n’étaient pas remplies pour la poursuite de cette mission » a précisé l’ambassadeur de France à l’ONU, Gérard Araud. Malgré cet échec, qui est donc celui de l’ONU et de son médiateur international en Syrie, Kofi Annan, le diplomate algérien Lakdhdar Brahimi a accepté de remplacer M. Annan à la fin du mois, lorsque ce dernier démisionera.

Le même jour, des enquêteurs indépendants des droits de l’homme de l’ONU ont publié un rapport de 102 pages qui accuse les forces gouvernementales syriennes et les milices chabihas de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. « La commission a trouvé un terrain raisonnable permettant de croire que les forces gouvernementales et les chabihas ont commis des violations flagrantes du droit international en matière de droits de l’homme et du droit humanitaire, y compris des exécutions sommaires, des actes de torture, des arrestations arbitraires, des pillages et des destructions de biens », peut-on lire dans le rapport de l’ONU. Dans un souci de partialité, le rapport accuse également les rebelles syriens de crimes de guerres mais précise que ces crimes ne sont pas « de la même gravité, de la même fréquence, et de la même échelle » que ceux commis par les forces du régime syrien et par les milices chabihas. Concernant le massacre, fin mai, au village de Houla, le rapport indique que les forces gouvernementales et les milices chabihas sont bel et bien coupables de la mort d’une centaine de civils, dont la moitié d’enfants.

En tournée de trois jours au Proche-Orient, le ministre des Affaires étrangères français, Laurent Fabius, a déclaré hier, lors d’une visite dans un camp de réfugiés syriens à la frontière turque, « le régime syrien doit être abattu et rapidement », ajoutant, « je suis conscient de la force de ce que je suis en train de dire : M. Bachar Al-Assad ne mériterait pas d’être sur la Terre. » Espérons que le ministre des Affaires étrangères profitera de la fin de sa tournée et des annonces fortes de l’ONU et de l’OCI pour concrétiser sa parole et surprendre sur le dossier syrien.