PARIS, 19 juin (Reuters) – L’écrivain Bernard-Henri Lévy, qui a joué les intermédiaires entre les insurgés libyens et l’Etat français pendant la crise libyenne de 2011, espère que François Hollande sera « plus Sarkozy que Mitterrand » face à la crise syrienne.
La France souhaite une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU sous chapitre VII prévoyant « tous les moyens nécessaires », y compris militaires, pour mettre en oeuvre le plan Annan de règlement de la crise syrienne. Mais cette solution se heurte au veto de la Chine et de la Russie.
Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, souhaite ouvertement une victoire de l’opposition syrienne, férocement réprimée par le régime de Bachar al Assad, et s’est dit prêt à lui apporter une aide matérielle sous forme de moyens de communication.
Insuffisant, estime dans une interview à Reuters Bernard-Henri Lévy, qui avait contribué à convaincre l’ex-président Sarkozy d’intervenir militairement en Libye, pour éviter l’écrasement de Benghazi par le régime de Mouammar Kadhafi.
Le successeur socialiste de l’ancien chef de l’Etat a le choix entre deux voies, dit l’écrivain.
« Soit celle de son maître et mentor, François Mitterrand, qui a inventé en Bosnie la non-intervention new look, où tout est organisé pour ne rien faire en se donnant pour la galerie le mérite de quelques beaux gestes », explique-t-il.
« Soit celle de Nicolas Sarkozy, dont je veux espérer qu’il ne prendra pas, cette fois, systématiquement le contre-pied, et à qui revient le mérite d’avoir pavé la voie d’une ingérence prise à la lettre et réussie. »
Bernard-Henri Lévy plaide pour une intervention militaire, y compris sans l’aval de Moscou et Pékin.
Selon lui, la représentante des Etats-Unis au Conseil de sécurité, Susan Rice, a déclaré récemment au numéro deux de la mission Annan, Jean-Marie Guéhenno, que si Russes et Chinois s’obstinaient, « il faudrait faire sans eux ».
Contrairement à un avis généralement partagé dans les chancelleries occidentales, il estime qu’une intervention militaire en Syrie serait « plus facile qu’en Libye ».
Il invoque le soutien de la Ligue Arabe, « qui veut aujourd’hui à tout prix la chute d’Assad », le caractère selon lui moins jusqu’au-boutiste du président syrien en comparaison de celui de Mouammar Kadhafi et à et la présence d’un allié militaire de poids, la Turquie.
Il croit ainsi savoir que les états-majors qatari et turc ont une stratégie « qui ne demande qu’à être appliquée ».