Voilà un sujet qui risque de faire la semaine : mercredi, le président Barack Obama s’est déclaré, à titre personnel, pour le mariage homosexuel : « Il est important pour moi d’aller de l’avant et d’affirmer que des personnes du même sexe devraient être autorisées à se marier  », a-t-il déclaré sur ABC News. Suicide politique ? Pas tant que ça : aux États-Unis, 52 % des Américains se prononcent en faveur du mariage gay et 7 états l’ont légalisé. De plus, Obama n’a affiché qu’une opinion personnelle, ne mentionnant à aucun moment la possibilité d’une loi fédérale. Si le président américain a donc pris un risque à six mois des présidentielles de novembre, cette déclaration est loin de constituer un danger pour sa côte de popularité, et lui permet une fois de plus d’afficher une image progressiste et courageuse, opposée à celle de ses rivaux républicains.

Depuis cette annonce, on ne cesse de rappeler la position similaire de François Hollande : le nouveau président a fait de cette réforme une promesse de campagne, et y est favorable depuis huit ans déjà. La question est alors de savoir si le mariage gay sera ou non légalisé durant les premières années du quinquennat. En Europe, la Belgique, l’Espagne, les Pays-Bas, le Portugal et la Suède ont déjà autorisé le mariage entre homosexuels. Tout mène à penser que la France devrait suivre d’ici peu – 63% des Français s’y déclarent favorables. Pourtant, le réel obstacle au mariage gay, c’est l’autorisation d’adopter pour les couples homosexuels. Et là, les mentalités semblent moins avancées : 56 % des Français se prononcent en faveur de l’adoption pour les couples homosexuels, selon un sondage de BVA paru en janvier 2012. François Hollande prendra-t-il le risque, à l’image de Mitterrand, de défier l’opinion publique ?

En effet, comme pour la peine de mort à l’époque, la question du mariage homosexuel pose un problème plus moral que législatif. Concernant le mariage gay, les mentalités ont cependant fort évolué en France depuis quelques années : en 2000, seulement 48 % de la population française était favorable au mariage gay, contre 63% aujourd’hui. Concernant l’adoption pour les couples homosexuels, les chiffres sont encore plus saisissants : seuls 28% des Français se prononçaient pour en 1998, contre 56% actuellement.

Pour finir, rappelons que le débat qui se joue actuellement en Occident apparaît désuet vis-à-vis de l’actualité en Amérique du sud. Après avoir autorisé le mariage homosexuel en 2010, l’Argentine vient d’approuver un projet de loi permettant à ces citoyens de choisir librement leur sexe, et de changer leur état civil en conséquence : « Toute personne peut demander un changement de sexe, de prénom et d’image, à partir du moment où ils ne correspondent pas au genre de cette personne, telle qu’elle la perçoit », précise le texte de loi. Et maintenant, aux présidents occidentaux de suivre le rythme !