Depuis plusieurs années, M.Ilham Aliev, président de l’Azerbaïdjan se fait de plus en plus menaçant à l’égard des Arméniens du Haut Karabagh qui ont fait sécession. Joignant le geste à la parole, il multiplie ces derniers temps les violations du cessez-le-feu (décrété en 1994) sur la ligne de démarcation entre la République du Haut Karabagh et l’Azerbaïdjan, provoquant la mort de plusieurs soldats.
Confirmant ce regain de tension, une dépêche de l’AFP annonçait le 22 octobre que le budget militaire de ce pays pour 2011 venait d’être augmenté de 89,7 % par rapport à celui de cette année, lequel était déjà démesuré pour la région. Les sommes consacrées à l’armée azerbaïdjanaise dépassent donc désormais l’ensemble du PIB arménien. Mais ce n’est pas tout. Le maître de Bakou, élu au terme d’un suffrage frauduleux, rejeté par sa population et réputé pour sa rhétorique belliqueuse, a trouvé moyen de radicaliser encore davantage son attitude. Ainsi en vient-il à déclarer de plus en plus fréquemment et publiquement que l’Arménie a été artificiellement construite sur des terres azerbaïdjanaises.
Plus rien ne semble donc devoir détourner Ilham Aliev de ses projets guerriers. Ses revenus pétroliers lui donnent la possibilité de très vite passer à l’acte. La communauté internationale, qui aurait le devoir de s’interposer, cherche davantage en cette période de crise d’hydrocarbure à se ménager les bonnes grâces du tyran qu’à se mettre en travers de son chemin. Quant à la Turquie « soeur », elle jette de l’huile sur le feu, en exerçant un blocus sur l’Arménie et en prodiguant son assistance militaire et diplomatique à Bakou. Rien d’étonnant à cette convergence : mus par une idéologie panturquiste, ces deux pays proclament former deux Etats pour un seul peuple. Il s’agit de leur slogan commun officiel au nom duquel, ils oeuvrent de concert depuis près d’un siècle pour venir à bout de l’existence des Arméniens.
En dépit du génocide de 1915 et des diverses initiatives visant à éradiquer leur présence dans la région, il reste cependant à ce jour deux petits bouts d’Arménie qui ont pu, par miracle, survivre à l’anéantissement. L’un est constitué par la République d’Arménie, placée à l’époque du génocide sous domination russe et qui a pu à ce titre être épargnée. Elle a été soviétisée en 1921 et reconnue par l’ensemble des nations comme un Etat indépendant depuis 1991. Le deuxième est né en 1994 au Haut Karabagh, grâce à une résistance armée qui lui a permis d’échapper au nettoyage ethnique auquel il était promis, à l’issue d’une guerre de 4 ans avec l’Azerbaïdjan. Les autres Arméniens du pays qui vivaient à Soumgaït sur la mer Caspienne, à Kirovabad ou à Bakou, la capitale, ont eu moins de chance. Ces pauvres hères dont le nom se terminait en « ian » ont été à nouveau la cible de pogromes faisant des centaines de morts. Sur les 500 000 Arméniens qui étaient recensés dans la RSS d’Azerbaïdjan, il n’en reste plus aucun. Tous ont fui aux alentours des années 1990, y compris les fiertés nationales comme le champion d’échecs Gari Gasparov, à la fois juif et arménien, qui résidait à Bakou et qui a dû plier bagage en catastrophe avec sa famille. Tous ont été chassés de leurs maisons, de leurs terres, à l’exception de ceux du Karabagh, haut lieu historique de la résistance arménienne. Mais jusqu’à quand ? On fait souvent cas du problème des réfugiés azerbaïdjanais de la guerre du Haut Karabagh, mais beaucoup plus rarement de ces Arméniens. Est-ce parce qu’ils ont souhaité continuer leur vie et ont refusé de se laisser parquer dans des camps ?
Quoi qu’il en soit, la menace qui s’accentue sur cette république autoproclamée est d’autant plus inquiétante que derrière, c’est l’existence de l’Arménie qui est explicitement visée. Si le Haut Karabagh tombait, il ne resterait plus à franchir qu’une étroite bande de terre de moins de 20 km de large au sud du pays pour réaliser une continuité territoriale totale entre l’Azerbaïdjan et la Turquie. Autant dire, rien. Et on ne voit pas, dans l’hypothèse d’une chute du Haut Karabagh ce qui pourrait empêcher ce verrou devenu indéfendable de sauter à son tour. Il ne subsisterait alors vraiment plus grand-chose de l’Arménie. L’Azerbaïdjan et la Turquie seraient en mesure d’opérer leur jonction à la frontière située au nord de l’Iran. Un nouvel espace géopolitique religieusement homogène naîtrait, au carrefour des rêves néo-ottomanistes des dirigeants turcs contemporains et des ambitions panislamistes de toutes natures.
Faudrait-il s’en réjouir ? Du point de vue de l’éthique démocratique, qu’il soit permis d’en douter. Sous l’angle de la sécurité et de la paix, assurément aussi.
Peut-on, à ce stade, éviter ce désastre annoncé ? Il suffirait d’un peu de courage politique. Reconnaître, comme on l’a fait pour le Kosovo, la République du Haut Karabagh et la doter d’une personnalité juridique lui offrirait au moins la possibilité d’en appeler au droit international. Et de pouvoir dès lors négocier sa survie avec Bakou dans de meilleures conditions, ne fusse que sur le plan légal. Le Caucase du sud est certes pour nous plus loin que les Balkans. Mais ses Etats constitutifs sont membres du Conseil de l’Europe. Et celle-ci, en se donnant les moyens d’empêcher le domino arménien de tomber et d’entraîner dans sa chute une série de catastrophes, se prémunirait d’un risque majeur dont on ne saurait à ce jour ni mesurer l’étendue, ni prédire la fin.
Ara Toranian
Directeur de Nouvelles d’Arménie Magazine
C’est ce qui arrive souvent aux premiers que les suivants rebaptisent «précurseurs», comme si leur avènement n’avait eu de valeur qu’annonciatrice. Qui recevant au large des nations la révélation du Seul Dieu. Qui adoptant avant 314 le christianisme comme religion d’État, oh! pardon, Sa Sainteté, un an ou deux après le chrismatique In hoc signo vinces flamboyant dans la tête de l’empereur endormi, évidemment, mais pas moins de vingt-quatre années, tout de même, avant son râle de conversion, ce qui élève l’édit de Thessalonique, Théodose et l’empire tout entier, à un handicap de 66 relativement au calendrier de Tiridate IV. Ajoutons à cela une autocéphalite aiguë avec mutation miaphysique épineuse… Moins facile à défendre que des Roms depuis le très saint siège de Rome!
C’est ce qui arrive souvent aux premiers que les suivants rebaptisent «précurseurs», comme si leur avènement n’avait eu de valeur qu’annonciatrice. Qui recevant au large des nations la révélation du Seul Dieu. Qui adoptant avant 314 le christianisme comme religion d’État, un an ou deux après le chrismatique In hoc signo vinces flamboyant dans la tête de l’empereur endormi, évidemment, mais pas moins de vingt-quatre années, tout de même, avant son râle de conversion, ce qui élève l’édit de Thessalonique, Théodose et l’empire tout entier, à un handicap de 66 relativement au calendrier de Tiridate IV.
on voit bien que la Turquie se rapproche de plus en plus de l’Iran (le fait qu’il na pas été admis en Europe il va forcement se rapprocher de l’Iran).
l’Iran entretien de bonnes relation avec les Russes
tans-dit que la Turquie améliore de son coté ses relation avec Putine…
je pense que le triangle Russie-Iran-Turquie(+azéri) va mettre en très mauvaise situation l’Arménie et Israël !!!!Bon courage!!!!
Désolé mais L’ARMENIE à depuis des siècles de très bonnes relations avec le peuple iranien et avec le peuple russe ce qui n’est pas le cas de la turquie avec l’Iran … Bon courage à vous 🙂
V. Mamikonian
Bravo à Ara Toranian et ma proposition est la suivante ABOLITION DE TOUTES LES FRONTIERES ENTRE LES TROIS PAYS GEORGIE ARMENIEN ET AZERBEIJAN comme en Europe Unis, les Etats Unis d’Amérique, les Emirats Arabes Unis … etc. etc.
Mille merci à Ara Toranian, pour sa réactivité, son talent, ses compétences, sa lutte pour la Justice et mille merci à BHL qui se range derrière les vraies victimes de l’Histoire et dont le talent, la supériorité intellectuelle et morale fait la différence avec tous ces pseudo-intellos petits et cyniques.Même ses détracteurs admettent ses qualités et son inaliénable honnêteté.
En refusant de reconnaître la Républqiue autoproclamée du Haut Karabagh, l’Arménie ne fait-elle pas une erreur historique ? Il faut se prononcer sur ce problème. Il est crucial.
Je crois qu’il faut pas protéger les Arméniens, ils faut qu’ils se proteger. N’oublions pas que les navires britanniques ne pouvaient pas monter les montagnes Arméniennes…..
Bonne chance et espérons que le prix du pétrole va baisser et qu’un jour se conflit anachronique se résoudra.