Nous n’avons plus une seconde à perdre pour sauver Sakineh Mohammadi Ashtiani, Iranienne de 43 ans et mère de deux enfants, qui attend toujours dans le couloir de la mort de la prison de Tabriz (nord-ouest de l’Iran) l’issue de son recours.
On apprend aujourd’hui par son fils que Sakineh a subi de nouvelles pressions psychologiques après le lancement la semaine dernière par la Règle du jeu d’une pétition internationale qui, en compagnie de toutes les campagnes de soutien mondiales, empêche pour l’instant les autorités iraniennes de l’exécuter.
Son crime : elle a été reconnue coupable de « relation illégale » par la justice iranienne. Condamnée tout d’abord à la lapidation, son fils et son avocat vont alors tenter d’abattre leur dernière carte en révélant le triste sort de Sakineh dans le seul but de provoquer une campagne internationale de soutien. Un pari réussi, puisque l’émotion suscitée dans le monde entier va forcer les autorités iraniennes à suspendre la peine début juillet. Mais le soulagement ne va être que de courte durée et la République islamique ne va pas tarder à montrer son vrai visage. Menacé d’emprisonnement, Mohammad Mostafaei, l’avocat de Sakineh, ainsi que l’un des plus éminents défenseurs des droits de l’homme toujours en Iran, va être forcé de fuir son pays, alors que sa femme est retenue en otage dans la funeste prison politique d’Evin.
D’autre part, rien n’indique que les autorités judiciaires iraniennes ne vont tout de même pendre Sakineh qui, elles l’affirment, est aussi condamnée pour « meurtre et crime ». Faux, va alors répondre Sakineh Mohammadi Ashtiani au Guardian, depuis sa cellule de prison de Tabriz, où elle va révéler : « J’ai été rendue coupable d’adultère et ai été acquittée du meurtre, mais l’homme qui a tué mon mari a été identifié et emprisonné. Or il n’a pas été condamné à mort ». Or ce geste de courage inouï, et l’attention internationale qu’il va susciter, Sakineh va le payer au prix fort.
À peine cinq jours plus tard, l’Iranienne « confesse » à la télévision d’Etat iranienne qu’elle a été complice du meurtre de son mari et qu’elle entretenait bien une relation adultère avec le cousin de celui-ci, des aveux ouvrant la voie à une exécution imminente. Heureusement pour l’Iranienne, son autre avocat, Houtan Kian, se risque à révéler que sa cliente a été torturée pendant deux jours avant que l’interview ne soit enregistrée dans la prison de Tabriz.
Consciente du peu de temps qu’il reste pour sauver l’Iranienne, la Revue La Règle du Jeu, qui avait déjà œuvré en mai dernier à la libération de prison du cinéaste iranien Jafar Panahi, s’engage avec Libération aux côtés de Sakineh. Son directeur, Bernard-Henri Lévy, va récolter 17 prestigieuses signatures de personnalités internationales et La Règle du Jeu, associée à Libération, va lancer une pétition permettant de démarrer une vaste campagne de mobilisation en France, touchant jusqu’au sommet de l’État français mais aussi de l’Union européenne. Des manifestations de soutien à Sakineh vont avoir lieu à Paris et dans cent autres villes à travers le monde.
Comme d’habitude, l’Iran va réagir en rejetant les « ingérences occidentales dans ses affaires » et indiquer que l’affaire est en « cours d’examen » par sa « justice indépendante ». Comble de l’ironie, suite à la proposition brésilienne d’accueillir l’Iranienne condamnée, le président Ahmadinejad va déclarer : « Il n’y a aucun besoin de créer un problème au président Lula », ajoutant que l’Iran « préfère exporter sa technologie au Brésil que de telles personnes ». La République islamique ayant refusé l’offre du Brésil, il revient désormais à l’autre allié international de Téhéran, la Turquie, cette fois un pays musulman, de faire un geste pour Sakineh.
Aujourd’hui, les médias du monde entier s’intéressent d’avantage à la première centrale nucléaire du pays à Bushehr (sud), inaugurée samedi, qui n’est pourtant ni un secret, ni un danger pour personne, la Russie retardant depuis quatre ans sa livraison légale à l’Iran.
Souvenons-nous alors des révélations de Sakineh au Guardian : “L’attention internationale que suscite mon cas embarrasse (les autorités) et elles tentent désespérément de détourner l’attention des médias pour pouvoir me tuer en secret”.
Voilà pourquoi il est aujourd’hui de notre devoir, aux personnalités mais surtout à vous, lecteurs, de ne pas laisser tomber cette attention et de poursuivre au quotidien la mobilisation pour sauver d’une mort atroce Sakineh Mohammadi Ashtiani. Surtout que nous bénéficions d’un répit supplémentaire. Les autorités iraniennes ayant annoncé qu’elles n’exécuteraient pas Sakineh durant la période du mois de Ramadan, nous disposons à partir d’aujourd’hui de 18 jours, pas un de plus, pour sauver Sakineh.
Dès lundi, nous publierons chaque jour une « Lettre à Sakineh », des poèmes, citations, témoignages de solidarité ou prières écrites par vos soins, qui arriveront directement aux mains de la famille de l’Iranienne.
Nous n’avons plus une seconde à perdre. Le sort de Sakineh est entre vos mains, et à travers elle celui de huit autres femmes et de trois hommes qui, selon Amnesty International, courent aujourd’hui le risque d’être lapidés en Iran.
Plus jamais ça ! Nous ne sommes plus au moyen-âge… Libérer Sakineh !