Je suis désolé mais prouvez-le. Nous n’avons aucune preuve que cette photo de Rimbaud, qu’on nous impose depuis une semaine, soit une photo du véritable, du vrai Rimbaud. Des « libraires », des « spécialistes » ont regardé de près. Les dates concordent ? Rimbaud est venu à l’hôtel l’Univers entre 1870 et 1880. Donc, c’est lui. Mais c’est un « donc » qui n’est pas suffisant, strictement non suffisant. Sur la photo de Rimbaud, Rimbaud ne se ressemble pas ; tous les journaux ont publié cette photo, à grand renfort de spectacle, faisant confiance aux « recoupements », aux « nombreux recoupements » des spécialistes, mais les spécialistes en question n’avaient, bande de pauvres moutons que vous êtes, pas grand-chose à recouper : huit autres photos. Huit autres clichés qui, justement, quand on les regarde tranquillement, gentiment, chez soi, à tête très bien reposée, n’ont rien à voir, n’ont rien à faire avec le Rimbaud de cette photo de Rimbaud qui représente quelqu’un qui, à mon avis, n’est pas Rimbaud. Ces paupières tombantes, ce n’est pas Rimbaud. Cette implantation de cheveux, qu’on nous vend spectaculairement comme la preuve ultime, tellement absolue, vraiment définitive, elle n’est pas rimbaldienne : nous voyons, sur la photo inédite, un pauvre bougre un peu idiot, bouche un peu bée, au regard sans intelligence, et je veux bien croire que Rimbaud était tout ce que vous voudrez qu’il fût (tout le monde lui vole sa vie depuis cent ans), mais il n’était pas celui qu’on voit sur la photo. Ses yeux bleus deviennent ici foncés, et surtout, contrairement à ce qu’on nous clame partout, je ne reconnais pas, moi, du tout, sa lèvre inférieure, habituellement épaisse et charnue et ici totalement mesquine, tellement pas rimbaldienne. Je ne reconnais pas, je suis désolé, son nez en trompette : on essaie de nous convaincre avec des attributs connus de Rimbaud, et quand nous prenons dix-sept secondes, puis trente secondes, puis trois minutes, pour vérifier : rien ne concorde.

Rimbaud enfant
Rimbaud enfant

Nous sommes dans la mascarade, alors : prouvez-le. Il est certain, il est très évident que la découverte de photos nouvelles, inédites, neuves, toute neuves d’un écrivain mythique, dont nous connaissons peu de clichés, ne peut aboutir que sur une rectification de son image éternelle, de l’image éternelle que provisoirement nous avions de lui ; cette éternité est vouée à la révision, c’est souvent dommage car les photos inédites viennent empêcher la beauté de se perpétuer dans la beauté, et c’est la déception qui jaillit, car l’auteur ne ressemble pas à l’idéal construit de cet auteur à partir de deux, trois documents rarissimes. Mais il y a des clichés de Rimbaud qui sont acceptables et des clichés de Rimbaud qui ne le sont pas, parce qu’il y a des clichés de Rimbaud où ce n’est pas Rimbaud qui figure sur le cliché de Rimbaud.

Rimbaud_Jeune_Peu importe que « notre » Rimbaud nous soit volé, qu’il puisse, c’est le risque à prendre, posséder une tête d’abruti, avoir finalement les traits d’un demeuré, d’un simplet, seulement là, aujourd’hui, je dis autre chose : je ne marche pas ; je dis que je n’acquiesce pas, que je ne tombe pas dans le panneau, que je n’entérine pas sous prétexte qu’on m’a juré que, qu’on a vérifié pour moi : je n’ai strictement aucune confiance en les gens, en les spécialistes, en les libraires, en les rimbaldiens qui ont vérifié : qu’ils viennent chez moi, me faire la démonstration, qu’ils viennent à la télévision, dans une librairie, ou ailleurs, qu’ils louent une salle à la Sorbonne ou qu’ils louent le Stade de France, car Rimbaud n’entre pas dans l’homme de la photo, qui est assis, les cheveux courts comme Rimbaud, avec une petite moustache et un air vide, qui ne prouvent pas, qui ne prouvent rien. Ce ne sont pas ses sourcils, ce n’est pas son regard, ce n’est pas la couleur de ses yeux : j’ai autant le droit d’affirmer qu’il ne s’agit pas là de Rimbaud que eux de proclamer partout, à grand renfort de marketing, appuyés sur une légitimité qui sort de nulle part, que c’est bien lui. En attendant, ce ne sera pas Rimbaud pour moi.

33 Commentaires

  1. Bien sur que c’est Rimbaud,vous n’etes pas très physionomistes
    bande de conservateurs…….

    • JP AMOYEL ,bonjour.Sur vos deux images de RIMBAUD vous remarquerez que les lobes des oreilles sont plus grands sur la photo enfant de CARJAT à l’age de 15ans alors que sur la photo de l’inconnu de ADEN que vous montrez il a des lobes d’oreille beaucoup moins larges et plus petits.De plus sur cette photo de CARJAC, RIMBAUD adolescent n’a aucune pointe frontale de cheveu alors que l’inconnu de la photo d’ADEN en a une.Il est impossible qu’en l’espace de 10 ou 11ans les lobes d’oreilles puissent avoir diminuer en dimention et qu’en plus une pointe de cheveux se soit mise à pousser sur le front de RIMBAUD.De plus le regard est très différent sur les 2 photos et ne peut pas changer 10 ans après au motif qu’il aurait changer ses activités et de pays.Ce n’est pas les memes yeux et RIMBAUD avait des sourcils plus éloignés des yeux que l’inconnu de ADEN .Regardez le dessin fait à l’hopital à MARSEILLE par ISABELLE sa soeur ,vous verrez que les sourcils sont loin des yeux contrairement à celui de l’inconnu d’ADEN qui a des sourcils trés rapprochés des yeux.

  2. des nouvelles sur la bobine à Rimbe,

    Allez voir le blog de Jacques Bienvenu et sa dernière parution ce lundi 3 janvier 2011. Je pense que notre portrait de Rimbaud a fait long feu. Cette photo date de fin 1879 et Rimbaud n’est pas sur la photo. Cela devient à chaque instant plus probable!
    Mais enfin! il ne lui ressemble pas! c’est quand même un critère et toute la science n’y peut rien!
    j’attends les rectifications dans la presse!!!

  3. L’énigme est lancée elle est irréversible.
    (Toutes les fictions réalisées sont vraies).

  4. […] manifestement spécialisé dans les hommes de cette trempe là. Un peu plus loin on trouve ainsi un texte de Yann Moix sur la photo récemment attribuée à Rimbaud. Elle est intéressante cette photo. […]

  5. Yann Moix n’en fini pas de m’étonner. Il accuse de faussaires et mystificateurs les « inventeurs » (au sens de découvreurs) de cette photographie de Rimbaud alors que lui même dans son ouvrage « Mort et vie d’Édith Stein », nous montre : une fausse : Édith : sans saveur : Monsieur Moix peut ne pas reconnaître : Rimbaud : Moi : je le : reconnais ! Mais pas son : Édith. Voyez chère Yann, comment vos « deux points » répété à outrance dans votre « Mort et vie d’Edith Stein », énerve facilement : le lecteur

  6. Ma conviction est qu’il ne s’agit pas de Rimbaud, mais d’une belle opération médiatique qui va faire fructifier la photo en question et surtout le portefeuille des « découvreurs ». Ce qui me désole, c’est la façon dont les médias suivent sans réfléchir les dires incertains de quelques « spécialistes » et placardent cette photo un peu partout. Les journalistes ne seraient-ils plus que des suiveurs décérébrés?

  7. Si c’est bien Rimbaud… La preuve il est assis juste à côté de Staline. Regardez bien à sa doite, la ressemblance est frappante…

    Qui a dit anachronisme ?

  8. Il faut voir le dessin que fait Delahaye de Rimbaud juste après la mort de sa soeur Vitalie, intitulé « la tête à machin ». 20 ans, crâne rasé, moustache naissante – c’est déjà le Rimbaud de l’hôtel de l’univers. Les thuriféraires, monsieur Moix, ont raison et c’est cela qui vous les rend insupportables.
    J’ai une autre révélation à vous faire : sur la photo d’Etienne Carjat que vous publiez et qui date de 1870, ce n’est pas Rimbaud. C’est un petit con de 16 ans qui se prend pour un poète.

  9. vous oubliez quelque chose d’important dans la vie de Rimbaud : à cette époque il n’est plus Rimbaud, il est l’homme qui erre dans les désert, non celui qui les peuple de ses mots. Il s’est arrêté, s’est mutilé dans son talent sublime. Il devient creux. Et pourquoi ce visage ne serait-il pas celui d’un homme dont le visage adolescent, mais surtout la plume, nous a fait rêver.
    Peut être l’est-il, peut être non…

    • « l’homme qui erre dans le désert » : pas du tout, c’est un commerçant qui cherche à vendre ses produits et qui pour cela « monte » des caravanes afin d’aller vendre sa camelote à des peuplades éloignées.
      il « s’est mutilé » : ah bon ????

  10. Ce Rimbaud n’est pas Rimbaud…
    Ce Rimbaud est une supercherie, un avatar, un mensonge, un sujet pour CAFÉCRIME, car c’est Rimbaud qu’on assassine…
    Tout est si simple aujourd’hui… Un petit coup de photoshop, en fait il s’agit bien d’une mise en scène réalisée sur Terre par deux libraires. L’absence d’atmosphère de cette image le prouve…il y a sur ces tables de café des objets dans l’ombre qui sont visibles comme s’il y avait une ou plusieurs autres sources importantes de lumière. De plus, le contour des silhouettes si imprécis soit-il me fait penser à un flou gaussien numérique… Les ombres portées vont dans des directions différentes, alors que selon la lumière globale de l’image, toutes les ombres devraient être parallèles. Cela ne vous rappelle rien.

  11. Je ne trouve pas qu’il a le regard vide ; je ne trouve pas qu’il a la bouche bée. je trouve que la photo est de mauvaise qualité pour vraiment apprécier son visage ; je trouve qu’on ne connait pas les circonstance de cette photographie et ses dispositions à ce moment précis. Je ne pense pas qu’il dut en toute circonstances continuer à se conformer au lauriers esthétiques que nous lui avons tressé. Je préfère le savoir être devenu un homme qu’un éternel adolescent vieilli ; un aventurier qu’un vieux poète embourgeoisé.

  12. La photo serait de Rimbaud ? Et Byblos ? (*)

    Byblos

    Ta foi dans les parchemins, les secrets d’étendues calmes, l’étude du martyre.

    Les géraniums et les coussins verts hésitent, la véranda, la nacre,
    ta foi dans l’assemblage, le goût des groupements quelconques,
    les étagères et tout le nécessaire de lecture.
    – Je suis bon, mon petit.
    Peu d’aigreur ! Côté bêtise, elle s’accroche à l’orchestre dans toute sorte de page,
    écrasée comme frêle coquille,
    poudre d’ailes et encore !
    – Il faudrait une danse instinctive et grotesque, et massive,
    des paroles fervemment couchées sur la Muse,

    la pâte grise des arbres coupés.

    (*) manuscrit fantôme aux curieux allers-retours Lyon-Paris, cité pour la 1ère fois – fonds bibliothécaire des manuscrits, exposition universelle de Lyon 1894, acquis par un collectionneur anonyme, puis réapparu à l’auditorium de Lyon où il serait tombé de la poche d’un déménageur, lors du transfert à l’auditorium Maurice Ravel de l’orgue de l’ancien Palais du Trocadéro.

  13. Belle rhétorique que celle exposée ci-dessus. Il me semblait important de le souligner, d’autant plus que moi même j’ai douté de l’authenticité rimbaldienne de cette photo. Hélas, ce qui me gêne dans cet article, c’est qu’à travers votre refus de nous imposer cette photo comme représentant le poète disparu, c’est son caractère fallacieux qui nous est imposé. En effet, de nombreuses incertitudes pèsent sur la photo mais les arguments cités dans le présent article peuvent aussi être retournés. La différence au niveau des cheveux et des sourcils: avec l’âge, la pilosité se développe à certains endroits (sourcils) et recule à d’autres (crâne). La couleur des yeux et le regard: la photo reste très floue et les contrastes faibles d’où la difficulté de comparer la profondeur du regard de Rimbaud à 17 ans et celle de l’inconnu. La lèvre inférieure est aussi insaisissable puisque retroussée sur une photo, pendante sur l’autre compte tenu de la bouche ouverte.Enfin, le nez en trompette est difficile à retrouver sur la photo récente dans la mesure où la fin du nez est aveuglée par un halo de lumière…
    Selon moi, de fortes ressemblances parviennent à émerger et peuvent laisser penser à un Rimbaud âgé d’une quarantaine d’années. En premier, la forme des oreilles qui est strictement la même. Ensuite, les yeux en amande. Enfin, une esquisse de menton en galoche qui a pu se développer au cours du temps.
    En vertu de tous ces éléments, je ne prétends pas assurer qu’il s’agit de l’artiste mystérieux, mais le doute est bel et bien permis!

    • —> Boris, vous écrivez :
      « laisser penser à un Rimbaud âgé d’une quarantaine d’années ».

      Il est mort à 37 ans en 1891 et la photo qu’on nous présente daterait du début des années 1880. Faites le calcul.
      Par ailleurs, s’il s’agit d’un canular, cette fois-ci l’abruti manceau Raphaël Zacharie De Izarra n’y est strictement pour rien…

  14. Très long commentaire pour simplement dire: non, c’est pas lui!
    Mais… merci d’avoir mis la photo de Carjat et la la photo découverte. Moi, je vois ainsi que c’est bien lui!
    A suivre?

  15. Deux libraires ont déniché une photo inédite d’Arthur Rimbaud…

    Une photo inédite d’Arthur Rimbaud, âgé d’une trentaine d’années, la seule de bonne qualité de lui adulte, prise à Aden en Abyssinie, a été découverte par deux libraires qui doivent la présenter ce jeudi soir au Salon du livre ancien. Jusqu’à prése…

  16. Le Doute – avec un grand D – m’a immédiatement saisi et puis, je ne me suis plus posé de questions car je n’ai pas à ma disposition de photographies d’Arthur Rimbaud à l’âge d’homme. Juste le souvenir estompé d’une où on le voit debout et seul, sans que je puisse dire si c’était à Aden ou en Abyssinie. Le visage des adolescents se transforme parfois assez considérablement pour que l’on ne puisse assurer qu’un document photographique, saisi vingt ou trente ans après celui de la jeunesse, soit authentique. Cependant, j’ai eu l’occasion professionnellement de m’occuper d’iconographie et je reste sceptique en ce qui concerne celui-ci. Toutefois, une étude critique et scientifique devrait permettre, sinon de juger définitivement de la véracité de ce portrait, du moins du niveau de probabilité à lui accorder. Ce serait dommage de rejeter dans l’oubli une pièce authentique du « dossier Arthur Rimbaud », mais encore plus dommage de laisser croire que l’on tient une image de lui, le montrant à tel jour et tel endroit en compagnie de X et Y.

  17. Votre démonstration est aussi convaincante que celle des « découvreurs » de la photo….On dirait que vous n’avez pas envie que ce soit Rimbaud ….Je lui trouve quand même des traits communs. Ce pourrait être Rrimbaud, à l’examen, c’est vrai que le nez en trompette ne se retrouve pas … Mais on ne peut émettre, ce me semble, un jugement sérieuxsur la couleur claire ou foncée des yeux, la lèvre inférieure je la trouve plus charnue sur la photo hôtel de l’Univers… qui sait si cette découverte est passée par des cribles scientifiques, il doit bien y avoir des moyens scientifiques de trancher ce débat, non ?

  18. Beaucoup s’étonnent de découvrir la nouvelle bobine de Rimbaud. Pas mal en sont attristés. Comme si un mythe, un rêve, un être absolu, prenait soudain un corps de chair et de sang, et c’est décevant. Comme si le temple de « l’homme aux semelles de vent » se trouvait profané.

    C’est dommage. Car personne (presque) jusqu’à ce jour ne conteste, n’ose contester Rimbaud-Le-Voyant. Qui conteste Rimbaud ? Tout le monde est rimbaldien dans l’âme. C’est quasi obligatoire.

    Soan et Michel Drucker l’adorent, et Michel Deguy et Brigitte Fontaine, et Gainsbourg et Bonnefoy et Christian Prigent, et tout le monde et nous tous depuis plus de cent ans. Les maîtres tels Michaux Breton Leiris nous l’ont dit : Arthur est La Poésie, Il L’a libérée.

    Regardez ce qui s’écrit partout sous le nom de poésie : 18259 poètes rimbaldiens, rien que pour l’annuaire poétique de la Basse-Indre 2009.

    Nous avons reçu la Vérité ! A genoux tout le monde.

    Au fait… lui le dédaigneux, lui Rimbaud le voyant, Rimbaud le violent, qu’aurait-il dit de ce consensus ? Quel regard porterait-il sur son intronisation ? Lui le dénonciateur du statu quo, de la norme ? Lui le rejet de l’autorité, lui le mépris des dieux ? Le f. de coups de pieds au c. de l’Institution, qu’aurait-il pensé de notre rimbaldo-conformisme.

    L’invention poétique, artistique, scientifique… ne s’est jamais bornée à l’adoration, à l’admiration docile. Elle est faite de conquêtes et de remises en cause. Les révolutions passent souvent par le bris des idoles.

    Fallait-il attendre la photo pour jeter les clichés ? Je me réveille ! Cf cet article dans le bulletin des Etudes byroniennes 2008 ici

    http://www.theatreartproject.com/langage.html

    « … il est sage de sentir nos œillères – culturelles, lexicales. Quelques clics sur la toile, quelques heures de vol… Voici l’Afrique, l’Inde, la Chine et cent contrées, cent mondes nous offrant leurs poètes, leurs chantres virtuoses, leurs shamans exaltés – naïfs, conscients, lucides, maîtres de leurs moyens, inspirés dans leur art. Leurs langues, classiques, dialectales, leurs styles secs ou fleuris y portent aussi bien à l’émotion intime qu’à l’introspection ou à la transe collective. Les fioritures extrêmes du kriti, le « récitatif aux huit timbres », le « chant chuchoté » – tant d’extraordinaires particularités de tous les arts du monde, les uns traditionnels, les autres récents (y compris les concerts de l’art pop, l’art vidéo, les « performances », la « culture urbaine »…) vivent manifestement hors cadre rimbaldien, mallarméen, mais saisissent le rapport au monde et rythment l’action bien plus sensiblement qu’un poème dans son livre.

    La leçon n’est pas tendre. Notre religion n’est plus la bonne. Notre Terre n’est plus le centre de l’Univers. Mais nous vivons ce temps où sous toutes latitudes, de toutes nations, toutes langues, – mieux instruits des visages multiples de leur art, éclairés des progrès des sciences du langage, les poètes peuvent enfin comparer leurs approches, leurs efforts respectifs, mesurer fertilement les chemins déjà faits, œuvrer de conséquence, en conscience plus grande…  »

    Reviens-nous donc vivant, Arthur ! Mais je t’en prie fais autre chose.

    Crache sur les fleurs fanées de notre consensus, crache sur ta Sainte Image !

    Fais en 2010 ce que tu as fait en ton temps, fais mieux, fais pire !

    Détruis nos rimbaldiennes certitudes, f. en l’air la leçon devenue officielle.

    Reste-nous jeune.

  19. PHOTO DE RIMBAUD : JE SUIS L’AUTEUR DE CETTE NOUVELLE MYSTIFICATION

    Je constate que certains journalistes sont plus avisés que d’autres. J’ai eu l’heureuse surprise de dénicher un article de Jacques Quentin http://fauxrimbaud.blogspot.com/ qui parle de moi avec grande lucidité… Je trouve fort flatteur qu’un journaliste (de province) un peu plus futé que les autres ait l’audace d’avancer une thèse fort pertinente à propos de cette nouvelle « découverte », à savoir que je serais l’auteur d’une énième farce médiatique à base d’Arthur … Il faut dire que ce Jacques Quentin connaît bien son gibier : c’est à ma connaissance le seul qui a dénoncé en toutes lettres et sans la moindre ambigüité l’énorme plaisanterie izarrienne au sujet du « Rêve de Bismarck ». C’était en avril 2008.

    Cette fois je n’ai même pas eu besoin d’aller répandre des alarmes sur la toile en expliquant que je suis effectivement l’auteur d’un nouveau coup monté concernant cette photo : ce journaliste provincial à la tête froide s’en est chargé à ma place… C’est dire la profondeur de ses intuitions ! Il est vrai qu’il connaît bien son cher IZARRA, mystificateur obsessionnel à but strictement égocentrique : il ne me fait aucun cadeau quand il s’agit de me disséquer de sa plume tranchante comme la vérité, me sachant sur ce point aussi avare de pincettes à l’égard des exégètes crédules que je m’amuse à faire braire avec mes espiègleries rimbalesques de qualité quasi professionnelle répandues à grande échelle médiatique…

    Mes détracteurs apprécieront.

    Raphaël Zacharie de IZARRA

    =======

    L’article de Jacques Quentin à mon sujet :

    LES DESSOUS DE LA PHOTO DE RIMBAUD : IZARRIMBAUD ?

    Elle lui ressemblait comme une fille peut ressembler à son père.

    Avec la bonne foi, la sincérité de son âme entière, de son coeur franc (fatalement lucides), le public ne s’y était pas trompé. La France était convaincue !

    Sauf que les tests ADN avaient rendu leur verdict, pétrifiant : désaccord génétique total et définitif entre la fille et son prétendu géniteur.

    La douche froide.

    Qui ne se souvient pas de cette douloureuse affaire Aurore Drossard, fille imaginaire de Montand ? La leçon, authentique cas d’école, doit nous inciter à adopter à l’avenir la plus extrême prudence dans ce genre d’information où la subjectivité peut brouiller les pistes les mieux balisées.

    Or, avec le dernier avatar concernant Rimbaud, nous sommes dans un processus médiatico-hystérique exactement inverse : cette fois ce sont les « spécialistes » qui, enivrés de doctes fumées, se sont eux-mêmes convaincus. Et de quoi donc me demanderez-vous ? Du pire : la mine patibulaire d’un Rimbaud aux antipodes de sa légende esthétique.

    La pilule à du mal à passer chez les vrais-faux admirateurs du poète de Charleville qui, avec ce bon sens inné caractérisant les profanes et les ignorants, doutent.

    La découverte de la photo date de deux ans. Troublant : à la même époque un certain Izarra criait à qui voulait l’entendre -et nul ne semblait vouloir prêter sérieusement l’oreille à ses élucubrations- qu’il était l’auteur du « Rêve de Bismarck », un autre inestimable trésor rimbaldien sauvé des rebuts d’un bouquiniste de Charleville-Mézières. Décidément, le hasard facilite bien des choses dans l’environnement de cet énigmatique Izarra…

    Mais revenons à la tête de Rimbaud. Les spécialistes dont le fameux Jean-Jacques Lefrère se sont basés sur quatre de ses photos (plus ou moins nettes) déjà connues et reconnues pour établir un nouveau dogme avec cette vertigineuse certitude propres aux exégètes de leur niveau, élevés au pain blanchit. La farine universitaire a d’incontestables vertus de salubrité intellectuelle… Bref, c’est avec la même conviction, pour ne pas dire la même ferveur que le « Rêve de Bismarck » fut décrété authentique.

    Rien n’est plus ressemblant à un portrait qu’un autre portrait, pour peu que le coeur s’emballe. On s’interrogera sur les méthodes employées par ces imprudents spécialistes cherchant à faire passer à la postérité le visage d’un parfait anonyme confondu avec Rimbaud sous le prétexte d’une enseigne d’hôtel en guise de (fausse) piste aux stars du Parnasse, de chasse aux mythes… Bertillonnage ? Identification judiciaire ? Tests ADN ? Les rieurs riront.

    Les convictions pour le moins subjectives -autant dire hautement fantaisistes- de Jean-Jacques Lefrère et ses disciples sont une bonne gifle pour nous rappeler qu’à travers ce genre de révélation sensationnelle pleine de flou artistique lié à l’univers de Rimbaud, un Izarra peut toujours en cacher un autre.

    Les érudits échaudés ajouteront : aujourd’hui plus qu’hier.

    Méfiance donc.

    Jacques Quentin
    jacquesquentin@hotmail.fr

    ARTICLE ORIGINAL : http://fauxrimbaud.blogspot.com/

    Lire aussi « Rimbaud et ses faux embrouillages » : http://fauxrimbaud.blogspot.com/2008/11/rimbaud-et-ses-faux-embrouillages.html

  20. C’est simple, c’est parce que cette homme pourrait être Rimbaud, que ce n’est précisement pas lui !

    Pourquoi Rimbaud serait-il le seul à dévisager l’appareil quand presque tous les autres semblent regarder ailleurs, serait-ce parce qu’il nous regarde, parce qu’il regarde sa postérité ? Aurait-on voulu d’un Rimbaud qui ne regarde pas l’objectif ?
    Or ce dont ne se doute pas ce prétendu Rimbaud, c’est que plutot que de lire Rimbaud, sa postérité ne veut qu’une chose : le posteriser ! le carte-postaliser !

    Ne veut-on pas jouer sur le mimétisme facile qui existe entre ces 2 photos comme si Rimbaud était figé a tout jamais dans sa représentation la plus connue, cette fameuse photo de lui jeune et beau qui a fait le tour du monde, comme si à tout jamais, il ne pouvait être plus que cela dans notre imaginaire, comme s’il n’était doué que d’une seule émotion et que celle-ci avait traversée toute sa vie.
    Accepter cette pseudo photo, prétendre que ce cliché est authentique, revient à le carte-postaliser définitivement et surtout confirmer le cliché qu’on s’est fait de lui, il suffira donc désormais de regarder ces photos pour savoir qui est Rimbaud, le bel avantage c’est qu’on ne sera plus obligé de le lire.

  21. Et pour moi ce le sera 🙂

    http://denaturaredrum.blogspot.com/2010/04/rimbaud-est-ce-lui-sur-la-photo.html

    Quant à la « tête d’abruti », eh bien, notre pauvre Rimbaud de 26 ans, aventurier sans succès, ex-adolescent bouillonnant entré malgré lui dans ce monde adulte et cynique qu’il décriait, oublieux de son passé de poète, rêvant de fortune plus matérielle, ce Rimbaud terre-à-terre DEVAIT-il vraiment ressembler pour toujours à une caricature de poète maudit, à une face de T-shirt, à un poster punaisé dans une chambre de « rebelle » entre celui du Che et celui de James Dean ?
    Mais je respecte votre choix, de toute façon nous ne saurons probablement jamais qui est cet homme sur la photo. Mais si c’est bien Rimbaud, et que celui-ci vous lit depuis le Walhalla ou l’éther quantique, je gage qu’il appréciera le « pauvre bougre un peu idiot » 🙂

    • Arnaud-jamin: Yann MOIX à raison,ce n’est pas RIMBAUD .L’inconnu de la photo du coin de table à Aden à les yeux plus foncés et les sourcils sont nettement plus proches des yeux que ceux de RIMBAUD .RIMBAUD avait une ligne frontale de cheveu arrondie alors que cet inconnu à une pointe frontale de cheveu sur le front.Regardez le portrait de RIMBAUD dessiné par sa soeur Isabelle à l’hopital de la conception à MARSEILLE en 1891et vous pourrez voir qu’il n’a aucune pointe frontale de cheveu sur le dessin et que ses sourcils sont bien éloignés des yeux contrairement à l’inconnu de la photo d’ADEN qui a des sourcils trés proches des yeux et il n’a rien du regard de RIMBAUD.Il est impossible qu’il puisse avoir changé tous ces indices physiqueS en l’espace de 10ans par rapport a sa photo de CARJAC à 17ans.(une pointe de cheveux ne peut pas avoir pousser sur ces 10ans d’écart sur son front,ses sourcils ne peuvent pas s’etre rapprochés des yeux et ses yeux ne peuvent pas etre devenus plus foncés durand ces 10ans non plus.Enfin sur la photo de HARAR sous les bananiers le visages de RIMBAUD parait trés différent de l »inconnu de ADEN.