Jean Clair disait naguère, à la sortie de son exposition fondatrice sur la mélancolie: « le prozac n’est pas fourni à l’entrée ». C’est aussi à cette veine sombre de l’inspiration que vient puiser l’événement consacré aux « Vanités » par le Musée Maillol. Beaucoup d’oeuvres intéressantes, à n’en pas douter: Damien Hirst, qui, quoi qu’on en dise, est un artiste qui a marqué son temps. Zurbaran, de la douceur à l’âpreté de la vie. Les Bolonais du XVIIe siècle. Braque. Picasso. Une deuxième version de Caravage. Pas d’Ensor? Célébré trop près, sans doute. Mais une exposition doit aussi se comprendre en termes rhétoriques: « ex-ponere », exposer, présenter, développer. Quelle est donc la thèse ici développée? A vrai dire, difficile de le savoir. Et l’on touche au premier problème posé par cet événement: une variation sans position. Le deuxième est lié aux catégories: on a la nette impression, en visitant l’exposition, que ses commissaires ont entendu le mot « vanité » au sens de « tête de mort ». Car partout, des crânes sont visibles. Mais les crânes sont-ils la seule incarnation du genre de la « vanité »? Stricto sensu, peut-être – mais très « stricto sensu », en ce cas, plutôt « strictissimo sensu ». Les mouches sur les natures mortes hollandaises ne constituent-elles pas, elles aussi, une touche de « vanité »?
Et les ossements sous la Croix, dans tant d’oeuvres, n’en sont-elles pas aussi? Troisième point dirimant: les barrières chronologiques. « De Caravage à Damien Hirst », comme est sous-titrée l’exposition.
De toute évidence, la relation entre les deux noms n’est pas vaine – il serait possible de proposer une étude ambitieuse de l’influence du premier sur le second – et elle attire le visiteur. Tant mieux! Mais « Les Ambassadeurs » de Holbein, dont le prêt aurait difficilement pu être obtenu, n’est-ce pas là un extraordinaire exemple de « Vanité »? Or Holbein n’a-t-il pas vécu soixante ans avant Caravage? Limites floues, rendues d’autant plus telles par la présence dans l’ensemble d’images issues de l’Antiquité… En résumé: évidemment, l’intelligence de se saisir d’une question-clef. Mais tout autant, la difficulté à formaliser, dans les murs du Musée Maillol, une approche pertinente de ce sujet crucial.
Je suis tout à fait d’accord avec vous : la représentation du crâne n’est qu’un aspect réducteur de la Vanité. Je vous invite à découvrit les « Vanités d’Anne Hecdoth » sur anne-hecdoth.blogspot.com (Bonne promenade !). A.H.
J’ai bien aimé cette exposition, difficile à aborder, mais les vanités sont une bon moyen de voir et regarder l’art contemporain!! Critique sur http://www.laboiteasorties.com/2010/02/cranes-thanatos-et-vanites-au-musee-maillol/
Bonne fin de journée!!