Souvent, les personnes qui souhaitent dénoncer le RN se réfèrent à son histoire. Fondé en 1972 par d’anciens pétainistes et Waffen-SS, le parti serait ainsi disqualifié pour toujours sur la question de l’antisémitisme. 

Cet argument, il faut le reconnaître, ne convainc plus tout le monde. Il oublie surtout l’essentiel : l’antisémitisme fait toujours partie du présent du RN. On le retrouve au sein de ses cadres, de ses députés, et des proches de Marine Le Pen.

Passons, ici, sur toute la flopée de candidats RN dont les propos antisémites ont été déterrés, et qui ont été sanctionnés.

Bien sûr, il est difficile de voir une coïncidence dans le fait que tant d’antisémites candidatent pour le RN. Mais le plus grave est ailleurs. En effet, cet antisémitisme se retrouve aussi à la tête du parti. De nombreuses figures clés du RN ont fait preuve de négationnisme ou d’antisémitisme, sans jamais être suspendues ou désavouées.

Voici quelques exemples :

Jean-François Jalkh, député européen et délégué national du parti, s’était dit surpris par « le sérieux et la rigueur » des travaux des révisionnistes. Il avait notamment exprimé ses doutes sur l’utilisation du Zykon B. par les nazis. Ces propos, ressortis en 2017, n’ont eu aucune conséquence sur sa carrière au sein du parti. 

Frédéric Boccaletti, député RN de la 7e circonscription du Var, est l’ancien propriétaire d’une librairie vendant de nombreux ouvrages antisémites et négationnistes. Point qui, visiblement, n’a jamais posé de problème à sa direction.

Axel Loustau et Frédéric Chatillon sont des proches de Marine Le Pen (et aussi, désormais, de Jordan Bardella) qui ont accompagné le parti lors de nombreuses campagnes électorales. Leurs magouilles ont d’ailleurs valu au FN (désormais RN) une condamnation pour recel d’abus de biens sociaux. Mais ces deux amis sont surtout connus pour leur amour des saluts nazis et des soirées « pyjamas rayés ». Et contrairement à ce que prétend le RN, nos deux joyeux lurons continuent d’entretenir des relations avec le parti : ils ont par exemple contribué aux campagnes des dernières élections européenneset régionales.

David Rachline, directeur de la campagne présidentielle de Marine Le Pen en 2017, et maire RN de Fréjus depuis 2014,  fut proche d’Alain Soral. Il s’est notamment fait connaître par une blague célébrant avec joie, dans une Mercedes, « la voiture du Führer ! ».

Louis-Armand de Béjarry, ancien directeur du Front national jeunesse, avait été épinglé pour ses commandes sur des boutiques néonazies. Il est pourtant resté élu municipal à Dieppe jusqu’en 2021 (avant de démissionner pour « raisons professionnelles »). 

Le candidat RN à la mairie de Lille en 2020, qui mettait en vente des objets nazis, n’a lui jamais été désavoué par son parti.

Plus récemment, Thomas Lutz, conseiller régional du RN en Bourgogne-Franche-Comté, a employé le 11 avril 2024 le mot « untermensch » en pleine assemblée. Rappelons que ce terme a été forgé, par les nazis, pour qualifier les « sous-hommes » n’appartenant pas à la « race aryenne ». 

Tous les candidats aux législatives dont des propos antisémites ont été révélés n’ont pas été sanctionnés. Sophie Dumont, conseillère économique du groupe RN et candidate dans la quatrième circonscription de Côte d’Or, a par exemple sous-entendu sur X (anciennement Twitter) que le parti d’Éric Zemmour bénéficierait de « fonds juifs ». Elle n’a pourtant fait l’objet d’aucune sanction, trois jours après ces révélations. De même que Françoise Billaud, qui a été épinglée pour des publications à la mémoire du maréchal Pétain ou du prêtre collaborationniste Jean-Marie Perrot, et qui a été investie dans la 1e circonscription des Côtes-d’Armor. Agnès Pagneard, candidate dans la 10e circonscription de Paris, a pour sa part été condamnée à six mois de prison avec sursis en 2021 pour avoir brandi une pancarte antisémite lors d’une manifestation anti-pass sanitaire.

Soulignons aussi que le projet de Marine Le Pen pour les élections présidentielles de 2012 et 2017 prévoyait l’interdiction du port de la kippa dans la rue.

Et rappelons que les têtes du parti ne sont pas non plus toutes blanches. Jordan Bardella avait lui-même déclaré, en 2023, « ne pas croire » que Jean-Marie Le Pen était antisémite, avant de rétropédaler suite au scandale.

Marine Le Pen, lorsqu’elle entend dénoncer le « mondialisme », cible par ailleurs souvent les mêmes personnes (qui, coïncidence, s’avèrent presque toutes juives) : Bernard Henri-Lévy, Dominique Strauss-Kahn, Édouard de Rothschild, Jacques Attali…

Et Louis Aliot, vice-président du RN et maire de Perpignan, avait confié la gestion de sa revue à un ancien membre d’un groupuscule ouvertement antisémite (un prochain article reviendra prochainement, dans la RDJ, sur les liens du RN avec des groupuscules néonazis).

N’oublions pas non plus que l’électorat du RN est, de très loin, celui possédant le plus de préjugés contre les juifs. Plusieurs études ont prouvé que les électeurs du RN adhèrent bien plus à ces stéréotypes que les soutiens des autres partis. Une étude de la Fondation Jean Jaurès en 2018 a par exemple montré que 36 % des sympathisants du RN croient en un « complot sioniste à l’échelle mondiale ». Une étude de la Fondapol en 2022 a, elle, établi que 39 % de l’électorat de Marine Le Pen est convaincu que « les juifs ont trop de pouvoir dans le domaine de l’économie et de la finance ».

Bien sûr, les Français juifs (et toutes les personnes qui comprennent le danger de l’antisémitisme) savent que celui-ci peut jaillir de partout. Mais croire que le RN a complètement rompu avec son histoire est une illusion : cet antisémitisme perdure dans tout le parti, et jusqu’à ses têtes pensantes.

4 Commentaires

  1. Il y a quand même une différence de nature entre l’antisémitisme qui pue (RN) et l’antisémitisme qui tue (LFI et ses amis islamistes).

  2. J’ai peine à croire que l’électorat du RN dépasse en préjugés judéophobes celui des Insoumis, sauf à considérer que le retour de cette France moisie, qui mériterait le temps d’un Murray Tobacco qu’on la rebaptisât Parti antisémite, ait pu normaliser ses relations avec les Juifs d’un simple jet de dissolvant parlementaire afin qu’ils se détournent de l’extrême droite et rentrent sagement au bercail. Un recyclage du « et de droite et de gauche » en « et droit et tordu » en quelque sorte, ou quand la gauche unie est conviée aux noces d’Israël et du Jihad islamique palestinien… Tout un programme !

    • Robbe-Grillet fit remarquer à Daniel Emilfork qu’il avait une tête d’assassin. Emilfork lui répondit : « Je ne peux pas avoir une tête d’assassin car, quand vos ancêtres grimpaient aux arbres, les miens écrivaient le Talmud. »
      Celle qui fut entendue par la police dans le cadre d’une enquête pour apologie du terrorisme après que le parti qu’elle dirigeait se fut illustré, entre autres dégueulasseries, par un communiqué décrivant les attaques du 7-Octobre comme « une offensive armée de forces palestiniennes », affirme ce matin que « nous (le peuple) n’avons jamais nié qu’il y a de l’antisémitisme, mais il est à l’extrême droite ».
      Des glissements progressistes du dégoût. Non mais franchement, Madame, pour qui Nous prenez-vous ?

  3. Cet antisémitisme perdure dans tout leS partiS, et jusqu’à leurs têtes pensantes.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

*