A Evry, mais aussi à Corbeil, à Bondoufle, à Lisses, à Villabé et à Courcouronnes, le peuple s’est exprimé, clairement et sans ambiguïté. Le candidat divers gauche Manuel Valls l’a emporté avec 50,3% des suffrages face à la candidate de la France insoumise (FI), Farida Amrani.

C’était visiblement sans compter avec le nouveau régime cognitif de nos sociétés, la post-vérité, nom «tendance» du bon vieux relativisme généralisé.

Traduction : la victoire de l’ex-premier ministre honni des conformistes douche leurs espérances, donc elle n’a pas eu lieu.

Nous avons, depuis dimanche soir et le happening vociférant des anti-vallsistes dans le préau de la mairie d’Evry, été les témoins d’un phénomène prodigieux : l’extension indéfinie, cancéreuse, du recours contre le réel. Impossible, dès lors, de s’en tenir au constat juste mais éculé du sectarisme des amis français de Chavez : c’est bien à l’irruption d’un surréalisme électoral que nous assistons depuis quatre jours.

De quoi, au fond, s’agit-il ? D’affaiblir à l’Assemblée et, à terme, de neutraliser dans le pays une voix libre de la gauche qui défend de longue date une laïcité autrement plus exigeante que celle des contorsionnistes de FI, robespierristes au dehors, clémentine-autainesques au-dedans ?

S’agit-il de délégitimer un homme d’Etat qui estime, avec Clemenceau, et contre la sous-culture permissive des multiculturalistes, que la notion d’ordre républicain n’est pas un gros mot et qu’elle devrait figurer en bonne place dans le panthéon de la social démocratie ? Ou s’agit-il d’impeacher celui qui, assez solitairement, a pointé dans le néo-antisémitisme d’une partie de la racaille, et dans la complaisance qui l’entoure encore trop souvent, une trahison caractérisée de l’éthique républicaine ?

En tout cas, le fait est là : les anti-vallsistes les plus visibles et les plus organisés, dans le giron de FI et avec la sympathie de certains leaders d’opinion, cherchent désormais à jeter le poison dans les âmes, à l’instar de l’élu communiste Bruno Piriou, opposant de Serge Dassault et soutien de Farida Amrani, déclarant n’avoir «aucune confiance en Manuel Valls».

L’auteur de ces lignes a cru, comme tant d’autres, dans le noyau de sincérité, ou, si l’on veut, dans le lignage rationaliste de FI. Et, plus d’une fois, ces derniers mois, l’universalisme du mouvement mélenchoniste a semblé plus prometteur que le tribalisme du FN. A tort ? L’avenir dira si l’arôme progressiste des insoumis se doublait d’un arrière-goût nationaliste et populiste, plus inspiré des théories d’Ernesto Laclau que de l’humanisme hugolien.

Pour l’heure, un seul impératif – la vigilance démocratique. En d’autres termes : ne rien céder à la démagogie des «recouristes». Ne pas s’en laisser accroire par leur pronunciamento idéologique. Riposter à leur coup de force et tenir bon face aux haters.

Ils ne sont pas la gauche.

Ils n’ont, au fond, rien de gauche.

Et il en va, à terme, de la possibilité même du débat contradictoire, et du dissensus électoral, en France.

3 Commentaires

  1. ZABETH DIT:allez sur you tube voir la vidéo QG DECOLONIAL « notre pote Mélenchon »!!!
    Mélenchon et autre députés FI doivent dénoncer les islamo gauchistes

  2. Article courageux qui va à contre-courant des faiseurs d’opinion . Vals est en effet l’un des rares hommes politiques français à défendre avec fermeté et rigueur ( je ne dis pas rigidité) la laïcité républicaine et universaliste . Cette défense exigeante est certainement la raison de la haine qu’ils suscite chez ses  » camarades » socialistes ( sauf malek bouttih) et plus encore chez des élus prétendument républicains de la France insoumise qui, faute de prolétaires, ont décidé que les émigrés  » musulmans  » sont les nouveaux  » damnés de la terre » , vieille résurgence , d’ailleurs , d’un antisémitisme de  » gauche », qui , comme l’a écrit l’auteur de l’article est  » le socialisme des imbéciles » .
    Cette France prétendument insoumise ne représente, au demeurant , que 2% du nombre des inscrits . Ce n’est pas autour d’elle que se reconstruira la gauche mais autour de ceux qui, comme Vals, n’ont pas oublié que la vraie gauche est , profondément, républicaine et , donc , laïque .