L’Ecole de la Cause freudienne et La Règle du Jeu organisait ce dimanche 9 octobre un grand Forum des femmes en soutien pour Rafah au Palais des Congrès. Ce rassemblement s’est avéré un franc succès, mobilisant un public large et  nombreux venu écouter les interventions de Julia Kristeva, psychanalyste émérite ; Blandine Kriegel, célèbre philosophe du droit et de la politique ; Cynthia Fleury, philosophe ; Aurélie Filippetti ; Sihem Habchi, qui préside l’association Ni putes ni soumises ; et Valérie Toranian, de Elle, qui donna au public un aperçu des vues citoyennes de la rédaction du magazine universellement réputé.

Du champ freudien sont intervenus Judith Miller, Clotilde Leguil, Flory Kruger, Lilia Mahjoub, Dominique Miller, Carole Dewambrechies La Sagna, Agnès Aflalo, Fouzia Liget, Aurélie Pfauwadel, Deborah Gutermann.

Le Docteur Boubakem, recteur de la Grande Mosquée de Paris, envoya un message.
Alexandre Adler vint, quant à lui, présenter la Syrie sous un jour inédit.

Sans oublier, bien sûr, la présence et le discours de Martine Aubry, le jour même du premier tour des primaires socialistes.

La conclusion fut apportée par Léonard Gorostiza, Graciela Brodsky, Eric Laurent, et Jean-Daniel Matet.

Ce grand forum des femmes était présidé par Isabelle Durant vice-présidente du Parlement européen et Jacques-Alain Miller, ancien président de l’Association mondiale de psychanalyse.

Pour rappel. Il y a un mois, Rafah Nached était arrêtée par les services de sécurité syriens à l’aéroport de Damas alors qu’elle s’apprêtait à se rendre à Paris où sa fille était sur le point d’accoucher. Durant près de 36 heures, sa famille reste sans nouvelle. On apprendra par la suite que Rafah a été incarcérée dans une cellule minuscule et que, soupçonnée de porter atteinte à la sécurité du pays, elle subit des interrogatoires à répétition.

Rafah Nached est la première femme psychanalyste à exercer en Syrie. Elle a récemment fondé l’Ecole de Psychanalyse de Damas, en collaboration avec des psychanalystes français.
Ses proches s’inquiètent de l’état de santé de Rafah. À 66 ans, elle souffre de troubles cardiaques et d’hypertension artérielle et doit impérativement être suivie médicalement.

L’émotion et un sentiment de profonde injustice se sont rapidement répandus dans de nombreuses capitales arabes, bien sûr, mais aussi à Paris et dans beaucoup d’autres villes. De plus en plus de  personnalités de la vie intellectuelle et artistique ont très vite tenu à marquer leur solidarité envers la psychanalyste, parmi Jean-François Kahn, Philippe Sollers, Bernard-Henri Lévy, mais aussi du monde politique comme François Hollande, Jean-François Copé, Arnaud Montebourg et Martine Aubry.

Le psychanalyste Jacques-Alain Miller a lancé, ici, sur le site de la Règle du jeu, une pétition réclamant aux autorités syriennes la libération immédiate et inconditionnelle de Rafah. Cet appel mobilise un nombre croissant de personnalités à travers le monde. Carla Bruni-Sarkozy dont nous publiions la lettre de soutien au mari de Rafah ici même ; Noam Chomsky, sans compter maints psychanalystes et intellectuels russes, turcs, chinois…

Le vendredi 7 octobre, le ministère français des affaires étrangères réclamait par la voix de son porte-parole Bernard Valero “la libération immédiate” de la psychanalyste syrienne. Il a notamment déclaré à cette occasion : “En détenant de manière purement arbitraire cette intellectuelle et scientifique reconnue et unanimement appréciée, le régime de Bachar al-Assad confirme son mépris absolu des droits fondamentaux”.

Rafah Nached serait aujourd’hui “sous le coup d’une possible inculpation pour incitation au soulèvement, incitation au renversement du gouvernement et non respect de l’ordre public”. Selon sa famille, elle  risque jusqu’à 7 ans de prison.

Samedi 8 octobre, c’est l’ex-président du Brésil (1995-2002) Fernando Henrique Cardoso qui ralliait l’appel lancé par Jacques-Alain Miller en ces termes :

“Au nom du respect le plus élémentaire des droits de l’homme, je demande la libération de Rafah NACHED, psychanalyste de renom international, arrêtée à l’aéroport de Damas le 10 septembre. Je joins mon nom aux nombreuses personnalités de différentes cultures et courants politiques qui ont tenu à exprimer leur soutien à Rafah NACHED. J’enjoins les autorités de la République Arabe de Syrie de procéder à la libération immédiate et inconditionnelle de cette femme de 66 ans dont la vie a été consacré à la promotion de la liberté, la science et le bien être des hommes”.

Il est à espérer que ce grand forum des femmes du dimanche 9 octobre mobilise d’autres initiatives citoyennes et politiques, ici et ailleurs, en faveur de la libération de Rafah Nached détenue arbitrairement en Syrie depuis un mois.

Un commentaire

  1. Je soutiens de tout mon coeur Rafah pour qu’elle puisse très rapidement retrouver sa Liberté, ainsi que sa Famille. Liberté qu’elle défend si bien et qui est plus que bafouée…
    Kathleen