L’affaire est plus ou moins entendue : le RN n’apprécie guère les étrangers, les immigrés et les musulmans (et ceux qui leur ressemblent trop), ainsi que les féministes, les journalistes, les syndicalistes, les LGBT, les antiracistes, les « gauchistes » ou les « assistés ».

Mais qu’en est-il des Français qui ont la chance d’avoir la bonne origine, la bonne sexualité, les bonnes opinions politiques et les bonnes convictions religieuses ? Est-il si certain que le RN s’en soucie ?

Le mépris des frontistes pour la population suinte en tout cas de partout. Plusieurs candidats du RN ont ainsi expliqué, ces dernières années, que les Français sont des « burnes », des « couilles-molles », des « lâches », des « cons », des « moutons » ou des « sodomites passifs » (sic), ou qu’ils n’ont ni « honneur », ni « valeur », ni « courage ». Certaines de ces marques de mépris ont d’ailleurs fait parler dans la presse. Julien Odoul, aujourd’hui député RN, a par exemple été épinglé pour s’être moqué des suicides de paysans. Et l’indifférence du RN pour les infortunés n’a d’égale que sa haine. Le parti s’était ainsi opposé à l’ouverture d’un centre d’accueil pour SDF par crainte que des migrants puissent peut-être, un jour, y être hébergés.

Les votes du RN trahissent aussi son peu d’intérêt pour les habitants du pays. Le RN présente par exemple souvent la lutte contre les délocalisations comme la clé pour protéger nos emplois. Le parti a pourtant voté contre une résolution qui défendait la nécessité d’une politique de réindustrialisation. Une enquête méticuleuse a par ailleurs prouvé que les eurodéputés RN alignent souvent leurs votes sur les pires lobbies industriels (comme McDonald’s ou Monsanto). Le même phénomène a aussi été documenté au Parlement français, où le parti est allé jusqu’à relayer le lobby du tabac. Drôle de façon, a priori, de défendre les Français…

Et le bilan social des mairies RN n’est guère plus glorieux. Le maire d’Hayange est même allé jusqu’à couper les subventions, et multiplier les avis d’exclusion, contre le Secours populaire ; et ce alors que de nombreux maires RN ont commencé leur mandat en faisant voter leur propre augmentation.

Pour peu qu’on l’écoute, les mots et les votes du RN montrent que celui-ci n’a que faire des Français. Le parti valorise plutôt une France de papier glacé, immuable et immaculée – et n’a aucunement la population en tête. Une candidate du FN avait même dit explicitement, sur X (ex-Twitter), que « la France est plus fascinante que les Français ». 

Et plus encore que cette France gazeuse et momifiée, le RN aime surtout l’autoritarisme et l’oppression, poussés jusqu’au firmament. Comment expliquer, sinon, que le RN s’aligne si souvent sur les intérêts de la Russie poutinienne contre ceux de la France ?

Le RN prépare aujourd’hui ses électeurs à les trahir sur toutes ses promesses, sauf une : s’en prendre aux minorités. Mais le reste des Français aurait tort de se sentir rassuré, et de se désintéresser du sort de ces populations. D’autant que le parti pourrait très bien s’en prendre à eux par la suite.

Comme l’écrivait le pasteur Martin Niemöller, 

Lorsque les nazis sont venus chercher les communistes
Je n’ai rien dit
Je n’étais pas communiste

Lorsqu’ils sont venus chercher les sociaux-démocrates
Je n’ai rien dit
Je n’étais pas social-démocrate

Lorsqu’ils sont venus chercher les syndicalistes
Je n’ai rien dit
Je n’étais pas syndicaliste

Lorsqu’ils sont venus chercher les Juifs
Je n’ai rien dit
Je n’étais pas Juif

Puis ils sont venus me chercher
Et il ne restait plus personne pour protester.

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