Un communiqué du CALM

« Je viens d’être informée du mandat d’amener qui a été lancé à l’encontre de Raja  Ben Slama. Attachée à la Tunisie par des liens étroits, je ne saurais rester indifférente au sort de ma collègue tunisienne, ni au destin de la liberté d’expression comme telle. En conséquence, et avec le « nihil obstat » du Pr. Fethi Benslama, frère de Raja, consulté par Jacques-Alain Miller, je lance la pétition suivante

Lilia Mahjoub, ancienne présidente de l’Ecole de la Cause freudienne

Pétition en faveur de la psychanalyste Raja Ben Slama

Les soussignés, soucieux de ne pas s’immiscer dans la vie politique tunisienne, mais défendeurs inconditionnels de la liberté d’expression en Tunisie comme en tous pays, demandent aux autorités tunisiennes de renoncer à inquiéter pour délit d’opinion la psychanalyste Raja Ben Slama.
Ils souhaitent que soit rapidement annulé le mandat d’amener lancé à son encontre hier, jeudi 21 février.
Ils seront attentifs aux garanties qui protégeront les droits humains dans la Tunisie issue du « Printemps arabe ».

Paris, le 22 février 2013

Premiers signataires:

Lilia MAHJOUB, Jacques-Alain MILLER, Maria de FRANCA
Jean-Daniel MATET, Anne POUMELLEC, Leonardo GOROSTIZA

Mitra KADIVAR, Philippe SOLLERS, Clotilde LEGUIL, Yann MOIX

Mais aussi parmi les membres de La Freundian Association, depuis la République Islamique d’Iran :

Afshin Zamani MONFARED, Khadijeh FASAEE, Marjan POSHTMASHHADI, Farzam PARVA, Masoume HASHEMI, Hamed KHATIBA, Zahra MAHMOUDI, Maryam RAHDARI, Mansoureh ARDESHIRZADEH, Marieh MORADI, Soode RAKHSAH, Mahin HAJI-SEYED-NNASIR, Hanieh MORADI, Tahereh MAHMOUDY, Masoumeh RAKHSAH, Esmail MINBASHI, Masoumeh MAHMOUDI, Soodeh SAHRAEI, Zoya ASHRAFIZADEH, Zahra NOEE, Ahmad KARIMI-DEHKORDI

Pour signer la pétition :

raja2013.com
(à partir de 21h00 ce soir, heure de Paris)

Qui est Raja Ben Slama ?

Née à Kairouan en 1962, Raja Ben Slama est une figure importante des milieux intellectuels et universitaires tunisiens. Après son agrégation d’arabe en 1989, elle obtient en 2001 le grade de docteur d’Etat és lettres pour sa thèse consacrée à l’amour dans la tradition arabo-islamique. Professeur à la faculté des lettres, des arts et des humanités de Manouba à Tunis, elle se tourne rapidement vers la psychanalyse qu’elle pratique au Caire à partir de 2005. Membre de l’espace analytique de Paris, elle rédige de nombreux ouvrages en arabe et en français sur les rapports de la psychanalyse et de l’Islam. Mais Raja Ben Slama est surtout une supportrice convaincue de la laïcité en Tunisie ; membre fondateur du Manifeste des Libertés, elle est également directrice et rédactrice en chef de la revue électronique de pensée critique, Alawan, fondée par elle en 2007.
Le 21 février 2013, le pouvoir en place en Tunisie, supposé assurer la transition démocratique depuis la révolution de Jasmin, semble avoir fini par s’offusquer des activités de Raja. Un juge d’instruction lance à son encontre un mandat d’amener pour « dénonciation calomnieuse », en vertu d’une loi théoriquement abrogée par la révolution de 2011. La raison en est la reprise sur sa page Facebook de la dénonciation, par un groupe de députés de l’Assemblée constituante, de la falsification d’un procès verbal par le rapporteur général de la constitution, Habib Khedher. Membre d’Ennahda, Habib Khedher aurait, selon l’opposition, vraisemblablement été élu à ce poste à la suite d’une série de calcules politiques, dont l’objectif est de permettre à un parti malmené par l’opinion de se maintenir en bonne position dans les rouages de la machine constituante. Le mandat d’amener autorise toute personne représentante de la force publique, via des mesures de contrainte s’il le faut, à conduire l’individu nommé devant un juge. Dans le cas de Raja Ben Slama il s’agit d’un délit d’opinion qui marque une entorse grave à la liberté d’expression.
Alerté par le frère de Raja, Lila Mahjoub ancienne présidente de l’Ecole de la Cause freudienne a lancé, avec l’aide de Jacques-Alain Miller et du CALM, initialement formé pour soutenir la psychanalyste iranienne Mitra Kadhivar mais qui est aujourd’hui devenu un comité de soutien aux psychanalystes empêchés d’exercer leur métier, une pétition pour l’abandon des charges pouvant êtres retenues contre Raja Ben Slama. Ce texte, déjà relayé par le Point.fr, peut être signé sur le site raja2013.com.

Romain David