PARIS – Un nouveau film du cinéaste iranien Jafar Panahi, condamné à six ans de prison et interdit de quitter son pays, sera présenté en sélection officielle le 20 mai au Festival de Cannes, ont annoncé samedi les organisateurs.
« In Film Nist (Ceci n’est pas un film) de Jafar Panahi et Mojtaba Mirtahsmab est sélectionné en Séance spéciale et sera présenté le vendredi 20 mai », précise un communiqué.
Un film d’un autre jeune réalisateur iranien, Mohammad Rasoulof, qui s’est aussi vu infliger six ans de prison, sera lui sélectionné dans Un Certain Regard. « Bé Omid é Didar » (Au revoir) sera présenté le 13 mai.
Ces longs métrages ont été « réalisés dans des conditions semi-clandestines » et « sont parvenus au Festival ces derniers jours », indiquent les organisateurs.
En sélection officielle du Festival qui aura lieu du 11 au 22 mai, le film de Jafar Panahi ne fait toutefois pas partie de la compétition qui compte 20 films.
A 50 ans, le cinéaste iranien a été condamné le 20 décembre à six ans de prison et 20 ans d’interdiction de travailler pour avoir filmé des manifestants hostiles au régime. Il a fait appel et attend, assigné à résidence à Téhéran, la décision de la justice.
« Le fait d’être en vie et le rêve de garder le cinéma iranien intact nous encourage à dépasser les restrictions actuelles qui nous sont faites », a déclaré M. Panahi dans un message adressé au Festival le 5 mai, et cité dans le communiqué.
Son film est « un journal de bord » qui « raconte comment, depuis des mois, Jafar Panahi est en attente du verdict de la cour d’appel », précise le communiqué.
Le fait que les deux réalisateurs adressent leurs films à Cannes « la même année, alors qu’ils connaissent le même sort, est un acte de courage en même temps qu’un merveilleux message artistique », ont déclaré le président du festival de Cannes Gilles Jacob, et le directeur artistique Thierry Frémaux.
Appelé à siéger au jury de Cannes l’an dernier, comme à Berlin et à Venise, Jafar Panahi avait été privé de fête. Des hommages lui ont été rendus dans tous ces festivals.
Cette année à Cannes, la Croisette avait prévu de rediffuser son film « Offside » (Hors-Jeu), tourné en 2005. Une table ronde sur le thème « Faire des films sous une dictature » témoignera du travail des cinéastes en Iran et ailleurs.
Comme l’an dernier au jury, un siège vide symbolisera l’absence de Jafar Panahi toute la durée du festival à l’orchestre du Théâtre Croisette, lieu des projection de la Quinzaine des Réalisateurs.
(Source AFP)
Je demeure intimement convaincu de ce que Jafar Panahi aurait servi la cause de son peuple avec beaucoup plus d’efficacité s’il avait fait le choix de Casals ou Buñuel, qui firent survivre l’âme de l’Espagne hors de l’Espagne nationale-catholique, où elle aurait fini par y rester à refuser d’en partir. Je pense que Jafar Panahi, en exil à Paris, eût toute latitude de dire au moins un demi-mot pour Sakineh, pour le fils de Sakineh, pour l’avocat de Sakineh, durant les longs, très longs, trop longs mois où des intellectuels, des politiques, des artistes européens, américains, africains, asiatiques, australiens, ont pu hurler leur murmure d’indignation au silence du monde. Jafar Panahi a choisi de rester près des siens. Ce choix, évidemment, est éminemment respectable. Nous ne pouvons qu’espérer maintenant que ses collègues cinéastes ne passeront sous silence aucunes des dimensions criminelles de la tyrannie qui prive l’Iran, à cette heure historique, d’inspirer un grand coup au cœur du zéphire nord-africain. Je veux dire, ne plus se sentir obligés cette fois encore, d’inscrire en toute fin de liste des chefs d’accusation, en s’en excusant presque, la plainte déposée par Israël dont la population barre la route au projet de reconquête d’un prétendant au titre de successeur de Mahomet, lequel ne feint peut-être pas de ne rien comprendre au fait que si les ciels ont quelque chose à faire dans tout ça, il y a de grandes chances pour que ce soit le même Dieu dans lesquels siège Son Trône, qui un jour permet à des Arabes de prendre place là où la veille, il permettait à des Romains de s’inviter parmi des Juifs avant qu’Il ne finisse, le surlendemain, par autoriser d’autres Juifs à effectuer leur retour en ces lieux n’appartenant qu’à Lui.
Je demeure intimement convaincu de ce que Jafar Panahi aurait servi la cause de son peuple avec beaucoup plus d’efficacité s’il avait fait le choix de Casals ou Buñuel, qui firent survivre l’âme de l’Espagne hors de l’Espagne nationale-catholique, où elle aurait fini par y rester à refuser d’en partir. Je pense que Jafar Panahi, en exil à Paris, eût toute latitude de dire au moins un demi-mot pour Sakineh, pour le fils de Sakineh, pour l’avocat de Sakineh, durant les longs, très longs, trop longs mois où des intellectuels, des politiques, des artistes européens, américains, africains, asiatiques, australiens, ont pu hurler leur murmure d’indignation au silence du monde. Jafar Panahi a choisi de rester près des siens. Ce choix, évidemment, est éminemment respectable. Nous ne pouvons qu’espérer maintenant que ses collègues cinéastes ne passeront sous silence aucunes des dimensions criminelles de la tyrannie qui prive l’Iran, à cette heure historique, d’inspirer un grand coup au cœur du zéphire nord-africain.