FANDO & LIS
Une pièce de Fernando Arrabal
 © Bernard Hazaël-Massieux
Compagnie NoMade Art
Mise en scène Hélène Hazaël
GÉNÉRIQUE
Mise en scène
Avec
Scénographie
Lumières
Musique originale
Costumes
HHélène HAZAËL
Gabriel ACREMANT
Lis Julien RENON
 Fando Jean-François CHATILLON
 Mitaro Jean-Pierre JACOVELLA
Namur Flore LIAUD
Toso  Perrine LECLERE-BAILLY
Nicolas SIMONIN
Matthieu VONIN

Lis est paralysée des jambes. Elle dépend de Fando qui la tire sur une vieille voiture d’enfant. Ils forment un couple à la fois enfantin et violent, qui erre en quête de la ville de Tar, inatteignable probablement : « Non, ce n’est pas que ce soit impossible. Tout simplement personne n’est arrivé et jamais personne ne pense y arriver. » Cette ville serait une sorte de paradis, lieu de réalisation de tous les souhaits, soulagement de toutes les douleurs… Ils croisent en route trois personnages énigmatiques, Mitaro, Namur et Toso, qui se sont fixés le même but. Mais tous ont beau s’acharner, ils reviennent toujours au même point.
Si Fando et Lis de Fernando Arrabal peut laisser, à la première lecture, une impression sombre, j’y vois cependant une note foncièrement positive et riche d’espoir en l’humanité. Je trouve très vraie et très belle la capacité des hommes à s’adapter et à résister. Les personnages de la pièce montrent une forte aptitude à la résilience, que chacun de nous sait mobiliser quand il le faut.

FERNANDO ARRABAL Né en 1932 à Melilla (Maroc espagnol), Fernando Arrabal est un poète, romancier, essayiste, dramaturge et cinéaste, qui vit en France depuis 1955.
Il est cofondateur du mouvement Panique avec Roland Topor, Christian Zeimert et Alejandro Jodorowsky, et Transcendant satrape du Collège de Pataphysique depuis 1990. Pour le dramaturge, le Panique est une « manière d’être […] régie par la confusion, l’humour, la terreur, le hasard et l’euphorie » (Panique, Manifeste pour le troisième millénaire). Des thèmes récurrents dans son art.
Influencé par Lewis Carroll et son monde magique, mais aussi par Kafka, Beckett, Artaud ou encore Alfred Jarry, Fernando Arrabal a brisé les conventions, notamment au théâtre. Ami d’Andy Warhol et de Tristan Tzara, il a passé trois années avec le groupe surréaliste d’André Breton.
« Un théâtre fou, brutal, clinquant, joyeusement provocateur. Un potlatch dramaturgique où la carcasse de nos sociétés « avancées » se trouve carbonisée sur la rampe festive d’une révolution permanente. Il hérite de la lucidité d’un Kafka et de l’humour d’un Jarry ; il s’apparente, dans sa violence, à Sade ou à Artaud. Mais il est sans doute le seul à avoir poussé la dérision aussi loin. Profondément politique et joyeusement ludique, révoltée et bohème, elle est le syndrome de notre siècle de barbelés et de goulags : une façon de se maintenir en sursis. » — Dictionnaire des littératures, Éditions Bordas
Arrabal a souffert dans son enfance de la mystérieuse disparition de son père, condamné à mort par le régime de Franco, puis évadé en 1941, qu’il n’a cependant jamais revu. En 1967 il est, à son tour, jugé sous le régime franquiste et emprisonné pour son engagement politique à travers son œuvre. Celle-ci, comme souvent chez les auteurs qui ont vécu une grande violence, inexplicable de surcroît, joue avec les frontières de l’absurde et du surréalisme, ou plutôt « le réalisme de la confusion », comme l’auteur le revendique lui- même : un mélange de naïveté, de cruauté et d’humour.
Bien que controversée, son œuvre est reconnue partout dans le monde (grand prix de théâtre de l’Académie française, prix Nabokov du roman, Espasa d’essai, World Theater, Pasolini de cinéma, le Mariano de Cavia de journalisme, Alessandro Manzoni de poésie, etc.).
Premier prix international théâtre du millénaire (2010), il publie une centaine de pièces de théâtre dans le monde entier.
 « REALISME DE LA CONFUSION »
« J’entends par confusion tout ce qui est contradictoire, inexplicable, inespéré, tout ce qui forme les coups de théâtre, et je pense, aujourd’hui, que rien n’est humain, rien n’est de la Terre, s’il n’est pas confus. Je fais un théâtre réaliste qui représente cette confusion. »   F. Arrabal
INTENTION DE MISE EN SCÈNE
L’univers de Fernando Arrabal est aussi brutal que poétique. Les personnages de Fando et Lis évoluent dans un environnement aride où ils réussissent pourtant à imaginer des fleurs et laissent courir leur fantaisie. Les dialogues teintés d’absurde font écho à la perte de repères également physique des êtres vagabonds qui cherchent sans fin le sens – sens de la route ou du vent et sens du vécu. Dans ce no man’s land, les événements s’enchaînent : rencontres, conflits, douleurs et même la mort. Tout peut arriver, mais rien n’interrompt le cours des choses. Le mouvement est continu.
Loin d’une quête initiatique, Fando et Lis, comme Mitaro, Namur et Toso, n’apprennent rien de leur expérience. Ils ont perdu tout repère, jusque dans leurs rapports et dans leur compréhension du monde. Ainsi Mitaro et Namur « jouent » en permanence à s’opposer et ne s’allient que pour contredire Toso, qui tente d’être le sage, le pragmatique, la voix de la raison. Tandis qu’en l’absence de système moral, Fando s’invente un système de valeurs, ou plutôt un « truc » complètement aléatoire, comme pourrait le faire un enfant. Rien ne compte réellement ou tout peut être également important. Comme tout semble dérisoire, la quête impossible devient aussi bien celle du sens des paroles, des actes, voire de la vie.
J’ai toujours profondément aimé cette pièce depuis que je l’ai découverte il y a une dizaine d’années, en particulier pour cette forme de vérité que j’y vois, un réalisme tout à fait humain, fait de poésie, de cruauté et d’absurde… Comme elle m’accompagne et même m’habite depuis, c’est tout naturellement et non moins nécessairement que j’ai souhaité la mettre en scène. La perte de repères et la recherche de sens, le mélange de désillusion et d’espoir qui caractérisent la pièce me semblent aussi très présents dans ce que nous vivons tous actuellement, sans doute en réponse à la violence qui nous entoure et à l’insatisfaction grandissante. L’impossibilité de s’exprimer et de s’épanouir crée une frustration qui nous fait collectivement osciller entre abandon et acharnement.
Je tiens à retranscrire dans ma mise en scène le parcours des personnages vagabonds dans un décor sobre, constitué de grands pans de plastique translucide sur lesquels sont projetés des jeux de lumières et d’images, proche d’un paysage lunaire ou martien, le « no man’s land ». Le chemin des nomades trace autour le symbole de l’infini, qui abolit les distances et alterne ombres et apparitions. Seuls les quelques accessoires utiles au jeu sont présents sur
le plateau (parapluie, tambour, « voiture » d’enfant, etc.), nécessaire bric-à-brac des êtres qui transportent toute leur vie et pour qui l’essentiel peut sembler superflu à tout autre. De même les costumes soulignent l’usure du temps, l’abandon de toute attache. Les sorties et autres « noirs » ne stoppent pas l’action et laissent ainsi s’écouler cette tranche de vie sans impact des événements et sans influence du regard du spectateur, sans début ni fin.
Les personnages arrabaliens, dénués de psychologie et de morale sont entiers, sans ambiguïté mais pas sans complexité. Mitaro, Namur et Toso se révèlent à nous surtout à travers leurs relations. La perpétuité de leur quête, l’omniprésence de leurs obsessions et leur absurdité font d’eux des figures métaphoriques plus qu’humaines. C’est pourquoi je souhaite que leurs déplacements et attitudes soient chorégraphiés. Loin d’être naturels, ils confinent à l’absurde. En tout point, les trois acolytes sont grandiloquents, burlesques, insolites. Quant à Lis et Fando, témoins et acteurs (à première vue, les plus humains de l’aventure), ils naviguent entre domination et dépendance, gravité et légèreté, tendresse et violence. Touchants, excessifs et enfantins, ils sont dépendants l’un de l’autre, s’aiment, se supplient, se réconfortent. Mais tandis qu’elle est de tous assurément la plus lucide et la plus fataliste, lui, apparaît comme le plus émerveillé, vaniteux et brutal, capable de déchaîner sa violence et son désir sur le corps de sa compagne.
C’est à travers ces personnages qu’existe l’essentiel de la pièce et c’est donc tout naturellement sur le jeu des comédiens que repose avant tout sa réalisation sur le plateau. Lis vit pleinement son handicap autant que l’emprise physique, émotionnelle et morale de son compagnon. La contrainte physique et l’opiniâtreté mêlée d’acceptation dont elle fait preuve exigent un grand engagement de la part de la comédienne. De même les variations brutales de Fando demandent un jeu très incarné et un rythme soutenu. Enfin Namur, Mitaro et Toso font appel à l’intelligence de jeu des comédiens, avec une grande précision. Si j’accorde beaucoup d’importance au texte, je ne compte pas non plus négliger le travail corporel, qui est pour moi indispensable à l’expression. L’approche doit être complète afin d’offrir au public toute la richesse de cette pièce complexe, ludique, féroce et absurdement actuelle.
CRÉATION MUSICALE
Connaissant le talent, le professionnalisme et la passion de la comédienne et metteure en scène Hélène Hazaël, j’ai été très heureux quand elle m’a demandé de collaborer à sa mise en scène de « Fando et Lis » de Fernando Arrabal.
A la lecture de cette pièce, j’ai tout de suite été séduit et inspiré par sa beauté, sa complexité, sa noirceur et sa philosophie qui touche aussi par son actualité.
Habitué jusqu’ici à composer des musiques pour des spectacles essentiellement chorégraphiques – musiques omniprésentes, très rythmiques et « néo-romantiques », élaborées à partir de mélanges de sons synthétiques – je m’attelle pour cette pièce à composer une musique moins présente mais qui se doit d’être touchante et très proche de l’action scénique tout en apportant une ambiance et un univers qui soient en corrélation avec l’idée générale que Hélène Hazaël se fait de « Fando et Lis ».
Pour cela, j’ai choisi une ligne artistique différente de mes autres compositions : travailler surtout en audio, partir de sons réels et acoustiques (verres, bouteilles et autres), les traiter avec des effets étranges et novateurs, afin de transformer ce « bric à brac » (à l’image des décors et accessoires de la pièce) en mélodies simples et marquantes, mais respectant toujours une construction harmonique solide, inspirées par l’univers d’Arrabal : étonnant, enfantin mais très mûr, violent mais aussi tendre, sombre mais aussi comique, à la limite de l’absurde philosophique et toujours proche de la poésie.
Le challenge de cette nouvelle création musicale (et sonore) repose sur le fait que tous ces éléments devront transparaître dans un savant mélange qui servira au mieux les propos de Fernando Arrabal et d’Hélène Hazaël.
M. Vonin
LA COMPAGNIE
Fondée en 2014, la Compagnie NoMade Art est née pour la création de son premier spectacle « Monsieur Vagabonde » écrit et mis en scène par Mathilde Vachette et Flore Liaud. Ce spectacle, qui mêlent comédiens et marionnettes, a été nominé aux P’tits Molières 2016 dans les catégories Meilleur auteur et Meilleure mise en scène. Aujourd’hui la compagnie organise des scènes ouvertes une fois par mois, dans lesquelles se produisent comédiens, chanteurs, danseurs, poètes, improvisateurs et autres artistes en tout genre. En 2017 cette jeune compagnie très active est à l’origine d’une adaptation de « Inventaire » de Philippe Minyana qui se jouera notamment à Chalon dans la rue et Aurillac à partir de juillet 2017. En parallèle NoMade Art accueille Hélène Hazaël pour soutenir sa mise en scène de « Fando et Lis » de Fernando Arrabal.
PARCOURS
Hélène HAZAËL Metteure en scène
Après 3 ans sous la direction d’Henri Legendre au Théâtre de l’Alphabet à Nice, Hélène Hazaël suit une formation à Acting International et de nombreux stages, qui la font passer d’un répertoire d’abord essentiellement classique, au théâtre contemporain, au clown et à la caméra.
Sportive, volontaire et curieuse d’explorer l’univers théâtral dans sa grande variété, Hélène Hazaël joue ensuite dans un monologue écrit et mis en scène par Michel Jubet, « Comme une bouteille à la mer », créé au Théâtre Darius Milhaud, puis repris dans plusieurs festivals. Elle rejoint également l’équipe d’« Athalie », dirigée par Olivier Bruaux au Théâtre du Nord Ouest. Avec 15 années de pratique de danse modern’jazz, elle s’oriente volontiers vers un théâtre physique, et notamment le théâtre chorégraphique extrêmement précis d’Elizabeth Czerczuk, qui la met en scène dans « Matka » de Witkiewicz, « Le Banc de l’école », un hommage à Kantor et « Le Cri d’Yvonne », d’après Gombrowicz.
De tessiture soprano, la comédienne est amenée très régulièrement à chanter sur scène, tant dans les pièces de théâtre que dans les lectures ou les récitals poétiques. Elle pratique d’ailleurs le chant lyrique. Dans le domaine vocal, Hélène Hazaël suit également une formation de voix-off, qu’elle met en pratique en studio d’enregistrements.
Enfin, en parallèle, elle travaille comme assistante à la mise en scène, notamment auprès de Stéphane Russel (« Dreyfus, l’Affaire » _ Avignon 2013 et « Robots » – pièce inspirée de R.U.R de Karel Capek _ 2016) et de Patrick Forian et Daniel Caran (« Larven » _ 2014). En 2015, Hélène Hazaël retrouve l’écriture et la direction de Michel Jubet dans sa création « Passage », en tant que comédienne et assistante à la mise en scène.
Le texte de « Fando et Lis », découvert 10 ans plus tôt, lui donne finalement en 2017 l’occasion et l’envie irrépressible de s’engager dans sa propre création.
Gabriel ACREMANT Fando
Gabriel Acremant suit une formation à l’Atelier International de Théâtre Blanche Salant et Paul Weaver. Il intègre ensuite le Centre des Arts de la Scène où, parallèlement aux cours d’interprétations, il prend des cours de mime, de commedia dell’arte, de chant et de danse. Il y travaille Goldoni, Shakespeare (dont il tombe littéralement amoureux), Witkiewicz, Laurent Gaudé., etc. et y interprète avec Arnaud Pontois-Blachère, le rôle de Charlie Chaplin dans un spectacle sur sa vie. Il est également formé en couture, et réalise les décors de divers spectacles.
En 2013, il crée, avec son acolyte, son premier spectacle professionnel, « Le Paradoxe du Sommeil Paradoxal ». Il met également en scène plusieurs projets avec lui à la médiathèque Marguerite Yourcenar, lors de la 3e édition du Festival des « 15 cents coups » organisé par Jacques Mornas et Mélisande Guessoum. Aujourd’hui, ils travaillent ensemble au sein de la Compagnie Kukumatz.
En 2014, il rejoint la compagnie du Lapin Blanc avec laquelle il joue Feydeau, Courteline puis Marivaux.
Passionné également de cinéma, il réalise en 2012 un court métrage muet, « YgreK », avec lequel il parcourt les festivals. Il fait aussi des apparitions dans de nombreux courts métrages étudiants et dans certains longs métrages tels que « Adieu Berthe » de Bruno Podalydès (2011) aux côtés de Denis Podalydès, Michel Vuillermoz, Valérie Lemercier, ou encore dans « The Smell of Us » de Larry Clark (2013).
Sa passion pour l’art vivant et son insatiable envie d’apprendre, aussi bien en mise en scène, qu’en jeu, ou en fabrication de décors, de mécanismes et de costumes, le pousse à chercher constamment de nouvelles formes et de nouvelles approches du théâtre.
Exigeant et même perfectionniste, Gabriel Acremant intègre le Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique dans la promotion 2014-2017 et malgré le rythme soutenu de ses activités, continue ses propres projets de mise en scène et d’écriture et s’engage en 2017 dans le processus de création de « Fando et Lis ».
Jean-François CHATILLON Mitaro
Diplômé du Cours Périmony, de l’ENSATT et enfin du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique, où il a suivi notamment les classes de Maurice Jacquemont, Jean-Paul Roussillon et Michel Bouquet, Jean-François Chatillon exerce ses diverses compétences à la direction technique et à la création lumière de nombreuses pièces.
Dans son parcours de comédien, Jean-François Chatillon écume les scènes parisiennes et de province avec « Le Misanthrope », « Tartuffe », « Ruy Blas », « La Nuit des Rois », « Le Roi Lear », « On ne badine pas avec l’Amour », « Le Barbier de Séville », « En attendant Godot », etc. Il joue dans « L’Oiseau Bleu » de Maeterlinck, mis en scène par Olivier Morançais, mais aussi sous la direction de Jean-Paul Bazziconi, de Daniel Royan, d’Yves Carlevaris…
Il travaille à de nombreuses reprises avec Jean-Pierre Bouvier comme comédien, par exemple dans « Henri IV » de Luigi Pirandello et « Lorenzaccio » de Alfred de Musset et comme assistant à la mise en scène entre autres pour « Ruy Blas » de Victor Hugo et « Compartiment Séducteur » de Jean-Philippe Aroud-Vignaud.
Lui-même metteur en scène, Jean-François Chatillon explore le répertoire classique, avec plusieurs pièces de Molière – « Les Fourberies de Scapin », « Dom Juan », « Le Médecin malgré lui », etc. – mais aussi « La Surprise de l’Amour » et « L’Île des esclaves » de Marivaux, « La Nuit des Rois » de Shakespeare, « Les Troyennes » d’Euripide, « Don Quichotte » de Cervantes, etc. Il porte également à la scène Courteline, et des auteurs plus contemporains, tels Véra Feyder, Roger Gouze, Jean Quincy, Jean Curtelin. Il a aussi créé et dirigé la Compagnie Tréteaux IV avec laquelle il a joué et mis en scène une douzaine de spectacles, dont la série des « Trotte-menu », pièces pour enfants de Daniel Jean.
Il mène en parallèle une carrière devant la caméra, entre autres dans la série télévisée « Navarro » au côté de Roger Hanin, sous la direction duquel il joue également au cinéma dans le film « Soleil ».
Il met aussi ses compétences au service des futurs comédiens qui peuvent bénéficier de son enseignement et jouer sous sa direction, au Conservatoire de Montrouge notamment.
L’humour de ce comédien atypique et son grand sens de l’adaptation amènent aujourd’hui cet homme-caméléon à relever un nouveau défi et rejoindre la Compagnie NoMade Art pour la pièce de Fernando Arrabal, « Fando et Lis », dans un personnage aux frontières de l’absurde.
Jean-Pierre JACOVELLA Namur
Après des études au Cours Florent, un 1er Prix de comédie à l’École de la rue Blanche et un diplôme du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique, où il a suivi les classes de Jean-Paul Roussillon, Pierre Debauche et Louis Seigner, Jean-Pierre Jacovella entre vite en action. Il monte sur les planches dès 1973 avec Madeleine Renaud et Laurent Terzieff pour la Compagnie Renaud-Barrault dans « Ainsi parlait Zarathoustra » et dans « Christophe Colomb », mais aussi, au Théâtre de l’Œuvre avec Edwige Feuillère dans une mise en scène de Pierre Franck et dès 1977 à la Comédie Française dans « Lorenzaccio » mis en scène par Franco Zeffirelli. Il rejoint le Jeune Théâtre National avec lequel il joue dans « Si jamais j’te pince » de Labiche au Théâtre de La Commune et dans « La Manifestation » de Madral au Théâtre de l’Odéon.
Il est mis en scène, entre autres, par Daniel Benoin et Guy Rétoré. Sous la direction de Régis Santon, il incarne Gruggh dans « Les Affaires sont les affaires », spectacle récompensé par trois Molières en 1995. Il est également mis en scène par Michel Fagadau dans « Les Marchands de gloire », avec Michel Galabru et Pierre Meyrand et par Robert Hossein dans « Je m’appelais Marie-Antoinette » et dans « Celui qui a dit non ! »
Après avoir joué Pierrot du « Dom Juan » de Molière au Lucernaire sous la direction de Pierre-Marie Carlier, il retrouve le metteur en scène pour La Fête à Voltaire. Il y interprète le rôle de l’écrivain et philosophe des Lumières. En 2012, il est engagé dans la distribution de la pièce « Le Chemin des dames » de Bruno Jarrosson dans une mise en scène d’Yves Carlevaris. Il est le Général Pétain dans la pièce.
Il retrouve Daniel Benoin, comme assistant à la mise en scène au Théâtre Royal d’Anvers et met lui-même en scène « Le Canard à l’orange » de Robert Merle, « Jacques le fataliste », joué en Avignon, « Cuisine et dépendances » et « Un Air de famille » d’Agnès Jaoui et Jean- Pierre Bacri à la Comédie d’Angers, ainsi que de nombreuses commandes, reprises dans plusieurs festivals. Il est également l’adaptateur et metteur en scène des trois premiers Festivals du Loir de musique baroque et poésie du XVIe siècle.
En parallèle, il travaille régulièrement pour le cinéma – notamment dans « Caillotte » de Vincent Malandrin – et pour la télévision, où il alterne interprétation et métier de coach. Très engagé dans la transmission envers les jeunes comédiens, il consacre avec enthousiasme également une bonne part de son temps à l’enseignement, en particulier au Cours Florent.
En 2017, il rejoint la distribution de Fando et Lis pour y incarner Namur.
Flore LIAUD Lis
Passionnée de théâtre depuis l’âge de 8 ans, Flore suit des cours et monte des spectacles au sein de plusieurs compagnies amateurs (Cie Bacchus, Cie des sabliers, Cie La nuit venue). Elle se professionnalise par la suite en intégrant la formation l’Éponyme dirigée par Stéphane Lainé, formation de 20 heures par semaine combinant théâtre, chant et danse. Parallèlement elle organise des scènes ouvertes avec la compagnie des Songes une fois par mois ainsi que des matchs d’improvisation. Elle travaille également avec Antoine Paris pour Les films du Cagibi où elle est costumière et comédienne.
C’est de manière autodidacte qu’elle apprend la marionnette après avoir été séduite par cet art dans le spectacle « L’Opéra de quat’ sous » monté par Johanny Bert en 2011.
Aujourd’hui Flore joue dans le spectacle « L’Architecte des rêves » création de la compagnie « La Nuit venue », dans une mise en scène de Carlos Baldino, spectacle alliant théâtre et chants russes en polyphonie.
Elle monte également sa première création en association avec Mathilde Vachette « Monsieur Vagabonde », un conte pour adulte alliant marionnettes et comédiens, nominé aux P’tits Molières 2016 dans les catégories Meilleur auteur et Meilleure mise en scène.
En parallèle elle joue sous la direction de Michel Jubet dans « Passage ». C’est à cette occasion qu’elle rencontre Hélène Hazaël, qui lui propose le rôle de Lis dans la pièce de Fernando Arrabal « Fando et Lis » en préparation pour 2017.
« Personne ne demande rien. Ils sont tous très occupés à chercher la manière de se mentir à eux-mêmes. »
Lis (p50)*
Julien RENON Toso
Formé à Toulouse puis à l’école Claude Mathieu et au Centre de recherches théâtrales AYNA dirigé par Ali Ihsan Khaleci, Julien Renon suit plusieurs stages au Workcenter de Thomas Richards and Jerzy Grotowski avant de tourner au cinéma avec Martin Le Gall, William Karel et Coline Serreau.
Au théâtre, il travaille sous la direction de Jean Bellorini et Marie Ballet au Théâtre du Soleil dans un texte de Federico Garcia Lorca puis de Grégory Benoît dans « Le Baiser de la veuve » d’Israël Horowitz avec la Compagnie Les Yeux Grand Ouverts.
Il crée à son tour « Les Précieuses ridicules » au Potager des Princes à Chantilly puis récemment se met en scène dans « On n’est pas là pour se faire Engueuler ! », spectacle chanté autour de l’œuvre de Boris Vian.
Pendant plus de 7 ans, il travaille en tant qu’auteur, metteur en scène et assistant avec la compagnie Tamérantong. De 2012 à 2014, il anime deux mois par an des ateliers théâtre au Vietnam pour les enfants. Depuis 2012, il collabore régulièrement avec le Centre de Promotion du Livre Jeunesse de Montreuil en tant que formateur et animateur autour de projets sur la lecture à voix haute. Il est aussi comédien-formateur des Tréteaux de France.
Comédien du verbe, Julien Renon n’en est pas moins physique. C’est dans la pratique de l’escrime qu’il a rencontré Hélène Hazaël qui l’a vu depuis danser et chanter. Un homme de scène complet dont l’humour et le décalage naturel font un parfait Toso.
Perrine LECLERE-BAIILLY Scénographe
Diplômée du département scénographie de l’ENSATT après sa licence des Arts du spectacle, Perrine Leclere-Bailly enchaîne les créations dans les petites et grandes salles, dont l’Odéon et le Théâtre des quartiers d’Ivry.
Elle collabore avec de nombreux scénographes, tels Gouri, Alain Lagarde, Rudy Sabounghi et Yves Collet notamment pour les projets des metteurs en scène Emmanuel Demarcy-Mota, Philippe Adrien, Adel Hakim et Élisabeth Chailloux.
Elle signe la scénographie d’œuvres théâtrales, chorégraphiques et lyriques : pour la Cie Anadyomène, le Collectif 4 ailes, la Cie Dame de Pic, la Cie L’Yeuse et la Cie Stanislaw Wisniewski. Elle retrouve en 2017 la metteure en scène Sarah Capony pour la création de «Une Chambre à Rome ». Leur précédent spectacle « Femme de chambre » d’après Markus Orths a obtenu en 2012 les Prix du Public et Prix du Jury du Théâtre13. Elle crée récemment l’opéra « Turluru » avec la Cie In’sense.
Elle est engagée depuis 2009 sur les projets de scénographie et d’animation de l’association PLOT qu’elle conçoit et anime sur le territoire de Plaine Commune en Seine Saint Denis.
Formatrice, experte en bureau d’études, occasionnellement costumière ou (co-)metteure en scène, Perrine met ses multiples compétences au service de «Fando et Lis», en collaboration directe avec Nicolas Simonin, dans une grande entente.
« […] il pensait très mal et quand elle lui a montré dans quelle position il fallait se mettre, il n’a pu penser qu’à la mort. »
Mitaro (p94)*
Nicolas SIMONIN Créateur Lumière
S’il commence à approcher la scène par la construction de marionnettes de 1980 à 1985 et par la régie technique les années suivantes, Nicolas Simonin est diplômé du TNS en 1992 et depuis, ne quitte jamais l’univers du spectacle. Bien qu’il affectionne tout autant les autres formes scéniques, il a pu mettre en lumière près d’une centaine de pièces de théâtre depuis ses débuts. Il met aussi sa technique et son talent au service de la danse, de l’opéra, d’événements divers (magie, installation, mapping vidéo, etc.) et même au service des jardins, pour donner à tous en plus d’une esthétique, une mise en valeur des espaces et des jeux sur les plans et les profondeurs.
C’est ainsi qu’il structure l’espace jusqu’à élaborer entièrement des scénographies, complément évident de son travail sur la lumière, révélateur des surfaces et liant entre spectateurs et acteurs, qui lui permet de mettre en relation des objets concrets entre eux. Sensible à la complémentarité des deux métiers, il collabore en 2016 avec Perrine Leclere- Bailly pour « Une Chambre à Rome » dans une mise en scène de Sarah Capony. Leur complicité dans le travail donne ainsi une unité et une force révélatrices des matières et des ambiances.
Pour le théâtre, il travaille dans plusieurs mises en scène de Jacques Kraemer, Christophe Huysman, Paul Desvaux, Marie Montegani, Stéphane Fortin, Thomas Gaubiac, Sylvie Ollivier et bien d’autres. Ses créations sont vues au Collège des Bernardins, au Théâtre de la Loge, au Lucernaire, à la Tempête, au Théâtre de Nanterre-Amandiers, et celui des Déchargeurs, à l’IVT, mais aussi à Cergy, à Chartres, Reims, Avignon, en tournée dans toute la France et même à l’étranger. Ce globe-trotteur de la lumière est amené régulièrement à exporter ses éclairages jusqu’à Séoul ou en Inde.
Toujours soucieux de se renouveler et de s’adapter à chaque nouvelle création, malgré tout ce qu’il a déjà fait, Nicolas Simonin réserve assurément à « Fando et Lis » un point de vue neuf et un éclairage unique !
Matthieu VONIN Compositeur
Fils de musiciens professionnels, Matthieu Vonin se passionne depuis tout jeune pour la musique et compose, à l’époque, des petites pièces pour piano. Diplômé de piano, cor d’harmonie, solfège et composition dans divers conservatoires régionaux et parisiens, il décide en 2004 de se consacrer exclusivement à la composition. A la demande de son frère aîné, violoniste, qui lui commande des œuvres pour musique de chambre jouées en Belgique, il obtient de francs succès dans ce pays dans les années 2004-2008. Son répertoire et son activité deviennent très variés : musiques de courts métrages, enregistrements au cor et au piano pour de nombreux films, publicités… arrangements divers, musique de chambre, musique symphonique…
En décembre 2009, il rencontre Elizabeth Czerczuk, metteure en scène polonaise, qui lui confie la composition musicale de son spectacle « Carnaval » réalisé dans le cadre du projet européen « Homme@Home ». Depuis, il a composé la musique originale des spectacles « L’Adieu à l’Automne », « Matka », « Les femmes et Platonov », « Le Banc de l’école » et « Le Cri d’Yvonne » d’Elizabeth Czerczuk au Théâtre Laboratoire de Paris.
Il compose ensuite la musique originale du spectacle « Passage » de Michel Jubet, joué au Théâtre du Gouvernail, à Paris. Ces compositions pour le spectacle vivant ont toujours été saluées tant par le public que par les professionnels. Il se consacre aussi à des œuvres symphoniques telles que sa « 1ère Symphonie avec piano » (2011-2012) ou encore « OMNI » (2015-2016). Il commence aussi à travailler pour le cinéma.
Toujours ancré dans la recherche de l’émotion, de l’expression poétique et la surprise, il crée un style qui lui est propre – mélange de styles musicaux et de sons différents – avec une large palette de couleurs musicales. Matthieu Vonin s’engage dans une démarche résolument moderne, inédite et « néo-romantique », tout en respectant l’héritage des plus grands noms de la composition.
En 2017 Matthieu Vonin, de plus en plus ancré dans ses créations symphoniques personnelles, est avant tout absorbé par la composition d’un opéra, mais séduit par le propos de « Fando et Lis » et par l’approche d’Hélène Hazaël, il décide de renouer avec le monde du spectacle pour apporter une touche acoustique d’un bric-à-brac composé dans l’esprit de la pièce.
Fando. – Comme tout est simple pour toi.
Lis. – Non, pour moi aussi tout est très difficile.
Fando. – Mais tu trouves des solutions à tout.
Lis. – Non, je ne trouve jamais de solutions, ce qui se passe, c’est que je mens en disant que j’en ai trouvé.
Fando. – Mais ce n’est plus du jeu.
Lis. – Je sais que ce n’est plus du jeu. Mais comme on ne me demande jamais rien, c’est la même chose. Et puis ça fait très joli.
(p49)*
*Les extraits et la pagination font référence à l’édition