Trois mille personnes, hommes, femmes, enfants, sont mortes ces derniers mois en essayant de rejoindre l’Europe. Les réfugiés affluent quotidiennement dans des conditions iniques. Peut-être le temps est-il venu pour notre société de se rassembler avec ampleur pour soutenir l’accueil de ces damnés de la terre ? Des voix se sont levées, déjà, des ONGs s’épuisent, des initiatives individuelles fleurissent, des artistes s’engagent mais quid du mouvement massif que la situation exige ?

Un évènement, peut-être un mouvement, discrètement revendiqué circule actuellement sur les réseaux sociaux. Les initiateurs de ce bouillonnement né sur Facebook, nous invitent à nous mobiliser pour l’accueil des réfugiés ce samedi à 17h, place la République, en tant que « simples citoyens ne pouvant rester indifférents à une tragédie humaine qui déshonore la France et l’Europe ». Dans l’appel inscrit sur le tract numérique, on peut y lire les arguments de cette belle démarche de solidarité :

« […] Pour montrer notre solidarité et marquer notre indignation. Pour demander l’accueil des réfugiés et le respect de la dignité humaine de tous les migrants. Pour dire que l’Europe ne peut se hérisser de murs et transformer ses mers en charniers sans perdre son âme. Notre âme. Pour affirmer que pareilles politiques répressives menant à tant de drames humains ne sauraient être menées en notre nom. Pour partager notre honte, mais aussi nos espoirs […] »

Le titre et les slogans de la manifestation donnent le ton de la mobilisation sur les réseaux sociaux : #PasEnNotreNom #Réfugiés #Europe #RefugeesDignity. À utiliser sans modération.

Derrière ces hashtags, des citoyens solidaires sans bannière ni drapeau, de plus en plus nombreux, qui souhaiteraient voir de tels rassemblements se dérouler en région, et promettent, en tout cas, de se rendre Place de la République à Paris, toutes les semaines à partir de ce week-end.

Peut-être est-ce là le début d’une grande vague de solidarité, à l’instar de ce qu’il se passe en Allemagne ? Difficile de le dire mais c’est finalement à chacun d’entre nous de jouer, ici et maintenant.

Une crise migratoire submerge l’Europe, dit-on. En réalité une crise de réfugiés, devenue le symptôme de la difficulté européenne à s’accorder sur ses valeurs fondatrices.

Si Laurent Fabius s’est dit scandalisé par les pays d’Europe n’acceptant pas les contingents de répartition des exilés, la Hongrie d’Orban a entamé l’édification d’un mur pour tenter d’endiguer le flux de réfugiés et exige que soient trouvées des solutions communes face à « la pression stupéfiante et dramatique subie du fait de la migration via les Balkans de l’Ouest ». Elle semble surtout patauger. Tout comme la Serbie voisine. Car la violence de ce mur ne règlera en rien la situation, sauf à tenter de rassurer une population déjà soumise aux dérives haineuses de son administration. Ce qu’un mur produit sur un réfugié fuyant la guerre et la mort pour sauver sa famille : prises de risque, drames et malheurs en plus, mais il ne l’arrêtera en rien.

L’Allemagne quant à elle, ironie de l’histoire contemporaine, est devenue le nouvel eldorado pour les arrivants de Syrie, d’Irak, d’Afghanistan ou du Pakistan. De nombreux élans populaires de soutien aux réfugiés y ont vu le jour dans la presse, les stades et les rues. Angela Merkel, la chancelière allemande, a barré clairement la route à toute manifestation d’intolérance : « Les droits civils universels étaient jusqu’ici étroitement associés à l’Europe et à son histoire. Si elle échoue sur la question des réfugiés, ce lien étroit se briserait et ce ne serait plus l’Europe telle que nous nous la représentons », a-t-elle prévenu.

Pour l’heure, aucun consensus, excepté sur la date d’une réunion des ministres européens de la justice et des affaires intérieures réclamée par Berlin et Paris. Il est venu le temps pour nous de battre le pavé….

Pour suive la mobilisation, cliquez ici.

5 Commentaires

  1. La compassion instinctive que nous éprouvons à l’accostage de ces cohortes de familles fuyant l’enfer d’État instauré par des chiens qui ont tourné le dos à leur humanité, ce soupir de soulagement synchrone qui nous étreint à l’instant même où nous les savons rentrées chez elles, parmi les hommes, saines et sauves, cette bouffée d’amour que nous peinons, parfois, à éprouver entre nous, les uns envers les autres, ne doit pas nous cacher que l’occasion d’un tel rapprochement, aussi honnête et impérieux qu’il soit, n’aurait jamais dû se présenter. Si une chance est offerte à l’âme européenne d’être rachetée en réparant ses actions ou inactions passées, cette chance induit le fait que nous sommes, une nouvelle fois, mis en échec par une armée de délinquants essentialistes, un Dreor de Refrés cheurprés parfaitement conscient que notre fraternité en morceaux est paralysée par ce mal singulier au parfum d’innocence trompeur… la peur de vaincre.
    Je ne doute pas que nous parvenions, un siècle ou l’autre, à renverser le dernier des régimes totalitaires. Je rappelle juste que parmi ces Daech qui ont réussi, certains sont censés nous aider à éteindre un incendie qui les dévore à notre place. Nonobstant ce couloir sans portes et bordé de miroirs, la position visant à établir une hiérarchie entre, d’une part, des migrants politiques bons à arracher au bras d’un décapiteur et, d’autre part, des migrants économiques bons à maintenir la tête sous l’eau salée, cette position honteusement confortable est évidemment intenable. « Un bon migrant est un migrant mort » sous-entend-on de-ci de-là. Or, arrêtez-moi si je me trompe, mais je n’ai pas eu l’impression que Manuel Valls s’engageait dans cette voie scabreuse. Je l’ai entendu parler de mérite à propos du droit d’asile et de retour organisé le plus humainement possible pour les clandestins en situation irrégulière. Hollande et Merkel réclamaient, lundi dernier, à Berlin, un système unifié de droit d’asile. Pour tout vous dire, je crains qu’après un examen rigoureux des conflits qui ravagent actuellement l’Afrique, le nombre des demandes d’asile méritant qu’on les rejette, comme le Poisson de la Bible, sur un rivage messianique, ne se compte sur les doigts d’une main.
    Cela étant, nous ne pouvons pas laisser des pays entiers sombrer dans l’inhumanité et nous contenter de nous féliciter d’avoir contribué à les vider de leurs derniers soubresauts d’humanité. L’exportation de l’État de droit ne peut se limiter à une coopération économique renforcée avec les démocraties balbutiantes. Elle doit viser, au premier chef, les États de non-droit. Si des armées de sans-culottes potentiels ont fui dans notre direction les territoires perdus de la République internationale, il faut peut-être commencer de songer à leur fournir les moyens de combattre leurs oppresseurs sur place et nous donner une chance de vaincre, ensemble, une idéologie néfaste dès lors que celle-ci a instauré la terreur chez elle et le terrorisme partout ailleurs. Ne pas fermer nos portes à ceux qui ont eu la force de se traîner jusqu’au paillasson de Schengen est donc le minimum que nous puissions faire. Ce minimum implique que nous puissions faire plus et, probablement, beaucoup plus. Nous préparer, avec eux, à retourner au cœur de ce qui n’aurait jamais dû être cédé au néant. Oui, il existe un moyen d’humaniser ce monde. Le réhumaniser.

    • P.-S. : Tous les candidats au droit d’asile en provenance d’Afrique noire que nous n’avons pas pu entendre crier au secours du fond de la Méditerrannée ne sont pas devenus, en l’espace de quelques jours, des abstractions. Et si l’effondrement de l’État libyen permet aux trafiquants d’êtres humains de se remplir les poches, ce n’est pas à cause de Bernard-Henri Lévy. Crevons vite cet abcès qui n’est pas le nôtre. Les intellectuels antisionistes de Tunisie et d’Algérie qui empêchèrent leur collègue français d’organiser l’après-Kadhafi avec les démocrates libyens ont leur part de responsabilité dans ce qui se passe aujourd’hui entre nos deux continents. Et rien au monde ne nous fera regretter notre soutien à ce printemps libyen qui n’aura duré que le temps d’un printemps. Des villes entières furent sauvées d’un martyre annoncé. Si les Européens avaient été assez cons pour se refoutre sur la gueule après mai 45, les Alliés n’y auraient été pour rien.

    • Mais tu dis que le bonheur est irréductible et je dis que ton espoir n´est pas si désespéré à condition d´analyse que l´absolu ne doit pas être annihiler par l’illusoire précarité de nos amours et qu´il ne faut pas cautionner l’irréalité sous des aspérités absentes et désenchantées de nos pensées iconoclastes et désoxydé par nos désirs excommuniés de la fatalité destitué et vice et versa.

    • Après la psychiatrie punitive douguiniste, on me propose une cellule d’aide psychologique? Je pense qu’au bout de l’embout, je devrais parvenir à recouvrer mes esprits.

  2. Nous sommes dans ce moment où l’indignation est absolument necessaire à la dignité de la conscience