Dernière semaine d’août. Après un mois de rediffusions de programmes datés, le petit monde de la télé fait enfin sa rentrée. Pour les mastodontes que sont TF1, France Télévisions et M6, les perspectives ne sont pas réjouissantes : cheap et racoleuses, les nouvelles chaînes de la TNT grappillent toujours plus de parts de marché aux vieilles hertziennes qui, de leur coté, semblent brader la qualité sur l’autel de l’audimat. En France, la concurrence effraie. Plutôt que de pousser à la créativité et à l’innovation, cette dernière semble tirer tout le monde vers le bas… Résultat, une télé devenue anecdotique et déjà supplantée par Internet chez le jeune public.

Face à la TNT et au naufrage de la télévision publique, Canal Plus apparaît plus que jamais comme le seul recours pour le téléspectateur…

Pour voir de la télé qui ressemble à autre chose que de la bouillie à destination des masses écervelées, il faut encore et toujours se tourner vers Canal Plus. L’été y fut mouvementé. Exit Michel Denisot dont on ne voyait plus que le fantôme aphone et dépité au fil des émissions. Il fallait frapper un grand coup, redonner du pep’s au Grand Journal. Pour ce faire, la quatrième chaîne a donc décidé de revenir aux bonnes recettes d’antan. Dix huit ans après l’ère Gildas, Canal a rappelé Antoine de Caunes, enfant du rock et désormais maître de cérémonie chargé d’injecter un peu d’espièglerie dans #LGJ. Ultra commenté par le tout-Paris, son come-back est très attendu : du succès de de Caunes dépendra en fait toute la dynamique de la chaîne qui l’héberge. Une chaîne qui, selon la recette éprouvée, attire grâce au «clair» mais vit grâce au «payant». Lourde responsabilité.

Dans les faits, après plusieurs jours d’antenne, Antoine de Caunes au Grand Journal, cela fonctionne t-il? Sans surprise, oui! Même s’il n’est que dans sa première semaine d’existence, on voit se dessiner chaque soir un peu plus un show très écrit (peut-être trop au goût du présentateur qui entend d’ores et déjà corriger le tir) mais surtout expurgé de l’agaçant zapping d’invités, de reportages et de chroniques qui avait fini par épuiser le public de Denisot. Sans viser le débat de fond à heure de grande écoute, on offre désormais aux invités le temps d’articuler une pensée ; ce qui est déjà beaucoup. Pour une première, il y avait de l’idée et deux invités en vue : Valls et Poelvoorde en tête d’affiche, pas de seconds couteaux. Fidèle à lui-même, Antoine de Caunes (bien servi en textes par les auteurs de So Foot, Frank Annese et Alexandre Pedro) apparaît fringant, oscillant entre humour anglais et entertaining à l’américaine. On craignait que l’acteur-présentateur s’inspire outrageusement des fameux late shows US au format intransposable en France : ouf, l’écueil est évité! A ses cotés, les nouvelles têtes font un bien fou à l’émission. Derrière l’indéboulonnable Jean-Michel Apathie, Karim Rissouli et Hélène Jouan musclent la première partie consacrée à la politique tandis qu’Arié Elmaleh, trublion et frère de, se charge de la déconne façon Canal. A la météo, Doria Tillier a rempilé pour une année supplémentaire. Ses deux premiers sketchs, dans la droite ligne de cet esprit qui fit les grandes heures de la chaîne cryptée, laissent augurer un cap franchi par la miss ayant d’autres arguments à faire valoir que sa seule plastique.

A peine une semaine d’existence et déjà beaucoup de satisfactions à l’actif de ce nouveau Grand Journal. Demeurent tout de même, comme points d’interrogation, la présence en plateau d’un Augustin Trapenard qui aura peu de possibilités pour imposer une chronique littéraire digne de ce nom mais surtout la participation surprise de l’ex-secrétaire d’Etat à la Jeunesse et à la Vie associative, Jeannette Bougrab, dont on ne sait encore que penser. Que fait-elle ici, quel est son rôle ? Difficile à dire. A l’instar d’une Roseline Bachelot désormais adoptée par le PAF, on sent du narcissisme chez Bougrab, une envie d’apparaître devant les caméras qui lui font désormais préférer les paillettes du jeu médiatique à l’exigence de la comédie politique. Sévèrement jugée par les réseaux sociaux, l’avocate de formation devra conquérir le grand public sous peine de disparaître du casting. Un bon point et de sérieux encouragements pour ce Grand Journal version Antoine de Caunes. Vous pouvez rallumer votre télé !

3 Commentaires

  1. Un article vraiment très indulgent… Après une semaine, je trouve que tout est revoir ou presque! Textes pas drôles, happenings téléphonés, manque de naturel, etc…
    On ne voit pas vraiment le travail de la douzaine d’auteurs qui oeuvrent à ses côtés… Pour moi le compte n’y est pas du tout!

  2. Pas de tentation entomologiste à épingler.
    Pas de sourire acquis aux intalentueux encartés.
    Pas de gifle remise aux talents sans papiers.
    Pas de seuil critique.
    Pas de crocs niqueurs.
    Pas de KGB victimaire.
    Pas de si j’avais pu être dans le plat que j’interviewe.
    Pas de si je pouvais être dans le pot que j’interviewe.
    Pas de dictature du politiquement correct.
    Pas de dictature du politiquement incorrect.
    Pas de féminisme culpabilisateur.
    Pas de virilisme contempteur.
    Pas d’ibérisation de l’Espagnol (c’est déjà fait).
    Pas de judéisation du Juif (c’est déjà fait).
    Pas de belgisation du Belge (c’est déjà fait).
    Pas d’arabisation de l’Arabe (c’est déjà fait).
    Pas de bon immigré.
    Pas de mauvais immigré.
    Pas de rire intempestif soufflé dans l’oreillette.
    Pas d’autocensure contrevenant à l’absence de tact.
    Pas de malaise en cas de perche tendue dans le vide.
    Pas d’exclusion par private joke.
    Pas de plateau d’argent privé de tête de mort.
    Pas de jabot sans plume dans le cul.
    Pas de reprise de parole intimidante.
    Pas de chasse à l’ange qui passe.
    Pas de promo capitonnée.
    Pas de sérieux sans esprit.
    Pas d’impertinence sans pertinence.
    Pas de multicasquette honteuse.
    Pas de chanteur chutant de scène s’écrasant en bout de table.
    Pas de notation sur 10.
    Pas de notation sur 20.
    Pas de plat qui se mange froid.
    Pas de perte de temps.
    Pas de peur du temps.
    Pas de nostalgie.
    Pas de teinture.
    Pas de grosse tête.
    Pas de regrets.
    Pas de remords.
    Pas encore.
    Pas forcé.
    Pas de nulle part sans départ.
    Pas d’ailleurs sans ici.
    Pas de défaut sans défi.
    Pas de déconne sans De Caunes.

  3. « Pour voir de la télé qui ressemble à autre chose que de la bouillie à destination des masses écervelées, il faut encore et toujours se tourner vers Canal Plus »

    Je me suis arrêté de lire à ce moment.