Maux comptent double pour l’UMP: il y a François et Jean-François, un groupe parlementaire UMP et un groupe dénommé Rassemblement UMP, la COCOE et la CONARE, l’élection et désormais le référendum pour l’élection. En biologie, on appelle cela une mitose, en psychologie c’est un dédoublement, et en politique, c’est une bipartition annoncée.

On pourra donc gloser indéfiniment sur ce duel transformé en dualisme, sur cette UMPaire orpheline. La bipartition, c’est la suite logique d’une élection qui a vu les deux candidats arriver à 50-50 et dont le Président en place ne doit sa victoire qu’à un coup de force captieux dans les ultimes minutes.

L’UMP qui tout au long de la campagne n’a pas voulu assumer ses divergences intestines, se voit donc désormais contrainte à la scission entre un canal historique et un canal habituel.

L’absurde d’un référendum sur l’élection, qui revient en fait à voter pour savoir s’il faut revoter, permettra-t-il de sauvegarder l’unité ? Les 2 candidats semblent s’accorder sur le principe de l’organisation d’un tel scrutin. Cette proposition a des allures de solution de la dernière chance. Mais il y a peu d’espoirs qu’elle aboutisse en fait.

D’abord, parce que le problème fondamental perdure. Les 2 candidats se contestent réciproquement toute légitimité. Copé ne lâchera pas les rênes du parti. Fillon ne démord pas de l’idée d’une direction collégiale.

Mais surtout, parce qu’en annonçant la création d’un groupe parlementaire indépendant, Fillon a franchi le Rubicon. Alea Jacta est ! A moins qu’il n’abandonne cette idée avant le 30 novembre, date limite de la déclaration de rattachement des députés, on voit mal comment il pourra faire ensuite machine arrière. Dans trois semaines, son groupe aura de l’argent mais pas de dettes, un président de groupe et pas de tutelle, une expression politique de droite mais singulière. Les soixante sept députés qui ont rejoint Fillon ne verront aucun intérêt au rétropédalage, surtout si le FN s’en mêle et fait ressortir toutes les divergences politiques et stratégiques qui existent en fait entre Jean-François Copé et François Fillon. La nécessité d’une droite rassemblée pour préparer les élections attendra donc sans doute… les prochaines élections.

3 Commentaires

  1. J’ai bien compris que les institutions du parti avaient été modifiées en profondeur, on peut même suggérer qu’elles le furent dans les grandes largeurs, mais on ne m’ôtera pas de l’esprit qu’un, deux, trois ou choisissez votre nombre de vice-présidents ne le sont ni les uns des autres ni d’un secrétaire général en place ou de trois secrétaires généraux adjoints sans quoi il eût fallu les qualifier de vice-vice-présidents ou vice-secrétaires généraux ou vice-secrétaires généraux adjoints, mais bel et bien d’un président clairement élu et se trouvant temporairement dans l’incapacité d’exercer sa fonction, de même qu’un secrétaire général assisté s’il le faut d’un ou deux assistants n’est pas un président, sinon la disparition d’un président de la République issu de ses rangs n’entraînerait jamais la nécessité d’en réélire un à la tête d’un parti que sa défaite n’ébranlerait pas. Je répète donc que Nicolas Sarkozy est techniquement le président de l’UMP, que son devoir fut au soir du 6 mai de recouvrer toute prérogative inhérente à son poste et d’y assurer la transition jusqu’aux élections suivantes aussi longtemps qu’un nouveau président n’aurait pas été déclaré élu et bien élu pour lui succéder, fût-il son homonyme.

  2. Alors qu’en 2007 le président de l’UMP venait d’être élu à la tête de la République, il fut décidé que le parti duquel il avait été candidat n’élirait pas de nouveau président, mais se doterait d’un secrétaire général pour diriger le parti jusqu’à nouvel ordre. Nous avions compris à l’époque qu’il s’agissait pour Nicolas Sarkozy de ne pas se créer un rival pouvant prétendre cinq ans plus tard, au même titre que lui, au titre de «candidat naturel de la droite», formule imparable. En somme, le président de l’UMP n’a jamais été remplacé. Ni en 2007. Ni en 2008. Ni en 2010. Ni en 2012, à en juger l’incapacité des caciques du parti à se mettre d’accord sur le nom de leur nouveau leader. Reprenons. L’UMP n’a jamais remplacé son président explicite de 2004-07 pas davantage que son président implicite de 2007-12. L’UMP possède donc aujourd’hui un président qui a pour nom Nicolas Sarkozy. Celui-ci aurait quitté la vie politique, c’est sans doute la raison pour laquelle on le voit siéger au Conseil constitutionnel. Est-il raisonnable qu’il s’abaisse maintenant à descendre de son siège pour s’occuper des affaires d’un parti qui s’il est bien le premier parti de France, n’est rien de plus qu’un parti au-dessus duquel se doit de trôner un ancien chef d’État que sa fonction a consacré à l’ensemble de la nation? À lui de nous le dire. À l’UMP de se souvenir de ce qu’il représenta pour elle sous Devedjian, Bertrand ou Copé. Je crois que monsieur Raffarin était aux premières loges de cette apparente acéphalie de sa famille politique puisqu’il avait accepté d’en devenir le vice-président du non-président après la propulsion de ce dernier à la fonction suprême.

  3. La droitisation de l’UMP! D’où cela sort? Où cela entre? Les sympathisants auraient toujours été moins à droite que les militants. Parce que refuser un Feuj ou une Beurette à la tête du principal parti de droite et de centre droit de la cinquième puissance mondiale, cela ferait montre d’un esprit d’ouverture sur la diversité culturelle et de rupture avec le maurassisme. Parce que Guéant et Ciotti, cela deviendrait soudain tellement plus fréquentable qu’un ancien membre du Caca’s Club… Qu’est-ce qui dérange autant chez ce faciès délictueux? C’est à se demander si. Certes, on a pu noter des excès dans le portrait qu’il dressa d’une gauche incompétente en matière d’insécurité ou de lutte contre le communautarisme. Un grand classique de la droite que de souligner l’incompétence de la gauche, d’autant plus à côté de la plaque au moment où le gouvernement Ayrault prend le taureau par les cornes avec une poigne de toréador. Mais s’il y a bien une proposition qui réactive la France réac sans pour autant qu’elle puisse être associée à la tradition nationaliste en ce qu’elle recherche l’assimilation là où l’autre vise l’épuration, c’est l’idée de renouer avec les noms de baptême issus du calendrier chrétien, et cette nostalgie-là, si je ne m’abuse, elle n’est pas venue du camp copéiste. Étonnant qu’on s’en émût si peu… Car la France qui ne reconnaît pas comme de bons Français des Samuel Benchetrit ou des Zohra Dati n’est pas exactement la France qui me réconcilia avec elle. D’un autre côté, il faut vraiment que la droite soit devenue faible pour qu’elle déshonore l’esprit de justice d’un corédacteur de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, – Mirabeau avait arraché à la fosse mémorielle commune l’influence toute particulière de la Haskala sur les Lumières européennes, – en s’arrêtant à l’inscription des racines chrétiennes de la France dans sa Constitution. Je ne suis pas sûr que l’on réponde ainsi à l’absence de questions des offensés offensants et offensifs qui chient à la raie des racines juive, grecque et romaine d’une chrétienté débordant d’autre part très largement la forme hexagonale de sa fille aînée. Il faut revenir aux racines de ce qui nous traite à inégalité sous le Nouveau Régime. On ne rémane pas à coupes rabattues dans la nostalgie pour les injustices d’un âge d’or et de fumier assigné par nos vilains d’ancêtres à une fonction qui doit rester purement décorative, à la tête d’une pique. Et là encore, il faut peut-être un homme capable d’un coup de force de type mai 58 pour mettre au pas la pelleteuse de campagne de Sarko filant sur sa lancée. L’élection à la présidence d’un parti est aussi une histoire d’incarnation. Ou si vous préférez, une incarnation de l’Histoire. Et à ce titre, l’histoire de Copé incarne la quintessence trop longtemps occultée de ce que fut le pétainisme et l’opposition salvatrice à ce dernier. Aussi durablement que le pétainisme, celui de droite mais aussi celui de gauche, se verra assurer une postérité à l’endroit même où il faillit faire de notre beau pays une province de l’Empire du Pire, nous aurons besoin d’assurer au même endroit, à savoir ici-même, la postérité de l’antipétainisme, et à travers lui, de l’antinazisme, qu’il se pose sur la mémoire de Moulin ou de Mandel, de Breton ou de Maritain. Pour autant, le président de l’UMP n’est pas le candidat de l’UMP à la prochaine présidentielle et à ce titre, il me paraît grossièrement immature que les ambitions des uns et des autres s’affolent déjà de la prise du parti par un quelconque cadet de leur propre famille. Souvenez-vous le PS 2006. Le prochain leader de l’UMP peut très bien s’appeler Kosciusco-Morizet et écraser de tout son poids plume les poids lourds de son camp. Cinq ans, c’est long. Le Fillon 2017, nul n’en connaît le goût. Le Copé 2017 n’existe pas. Le Hollande 2022 se construit chaque jour. Son bilan le tuera ou le rendra immortel. Et rien d’autre que cela ne doit occuper son esprit. La démocratie pluraliste est le meilleur des régimes en ce qu’il est seul au monde à se savoir imparfait. Le président de la République élu par la gauche doit maintenant user de notre pouvoir pour nous améliorer. Affûter l’esprit de ses réformateurs. Corriger les erreurs de ses prédécesseurs au risque de déplaire à la part de nous-mêmes qui aurait bien voulu qu’on la laisse persister dedans.