Woody Allen fascine. Ce n’est pas nouveau. Ce qui est plus intéressant est bien qu’il soit devenu, de son vivant et pour plusieurs générations de cinéphiles, l’objet d’un véritable culte qui ne faiblit pas avec le temps mais au contraire croît en mobilisant toujours plus d’adeptes. Voyez plutôt. Ces derniers jours à Paris, on voit partout fleurir les affiches du premier film de la réalisatrice Sophie Lellouche, Paris-Manhattan, habile comédie romantique aux accents woodyalleniens. Qu’y voit-on ? Une jeune femme un peu rêveuse tenant dans ses bras amoureux un portrait du mythique réalisateur américain. Celle-ci, interprétée par la comédienne Alice Taglioni, entretient chaque soir une conversation secrète avec un Woody Allen intérieur qui lui distille conseils et autres recommandations sur la vie et ses embarras avec l’humour et la profondeur qu’on connaît au natif de Brooklyn. En dépit de ce psychologue à domicile, d’un minois charmeur et d’une existence facile, l’héroïne tâtonne. Elle recherche l’être aimé. Existe-t-il ? Va-t-il un jour apparaître ? Au hasard des rencontres, le hasard fera bien les choses. Patrick Bruel joue juste, Michel Aumont enrichit un joli casting qui jouit d’une courte mais intense présence à l’écran de Woody Allen himself, une rareté !

Paris-Manhattan propose au spectateur tout ce qui fait le charme de la filmographie de Woody Allen. Une bonne dose d’exploration urbaine (à pied, à vélo, en voiture, en taxi,) quelques immanquables passages musicaux (jusqu’aux reviviscentes clarinettes à la Manhattan), une immersion dans le monde compliqué des relations adultes (la vie de couple, le lien intergénérationnel), un zeste d’humour et de nombreuses références au folklore juif.

Il est décidément beaucoup question de Woody Allen en cet été 2012. Doublement, triplement pourrait-on dire. D’abord par un film du réalisateur américain en personne, To Rome With Love, troisième volet plus ou moins heureux de son périple européen (après Vicky Cristina Barcelona et Midnight in Paris). Ensuite par le biais d’une rétrospective Woody Allen : A documentary, autobiographie autorisée mise en forme par Robert B. Weide qui ravira les fans du natif de Brooklyn. Enfin, par ce Paris-Manhattan qui se déguste comme un rafraichissant morceau d’Allen en ce mois de juillet sans trop de soleil.