La souffrance sociale qui pousse certains à voter pour le Front National ne les exonère pas de la lourde responsabilité qu’ils prennent en apportant leur voix à un parti politique qui fabrique de l’exclusion, de la violence, et qui produit encore plus de souffrances.

Il est vrai que l’extrême droite, en France comme ailleurs en Europe, est quasiment la seule force politique à proposer une explication et un discours structurés donnant du sens et une perspective aux souffrances ressenties par les individus sur notre continent.

Aux difficultés économiques et sociales consécutives à la crise, s’ajoute l’angoisse de la disparition. Angoisse de la disparition de l’Europe sur la scène internationale, qui résonne avec la crainte de la disparition d’un certain mode de vie européen qui serait menacé, d’après l’extrême droite, par les immigrés, leurs enfants ou petits-enfants, et ce d’autant plus que ces derniers possèdent aujourd’hui les mêmes papiers, les mêmes nationalités, les même droits que tous les autres citoyens.

A une période historique où « nous » « les » dominions, notamment dans les colonies, succède une période où « ils » « nous » dominent, sur la scène internationale comme sur le sol européen.

Cette analyse ne permet pas de penser le monde en d’autres termes que ceux de la domination de populations, définies racialement, sur d’autres.

Il est urgent d’investir pleinement la notion d’égalité entre les citoyens, pour proposer un modèle de société, en France comme ailleurs en Europe, qui offre une perspective véritablement démocratique aux souffrances ressenties par les individus sur notre continent.

Pour ce faire, la seule voie qui vaille, y compris d’un point de vue strictement pragmatique, est de faire plus d’Europe. Plus d’Europe, cela ne signifie sûrement pas plus d’institutions européennes, ni un renforcement des travers de la mécanique institutionnelle de l’Union, au premier rang desquels la bureaucratie.

Plus d’Europe, cela veut dire plus de paix sur notre continent, donc plus de Srebrenica ; plus de circulation des individus, y compris des citoyens de Bulgarie et de Roumanie que l’on voudrait perpétuellement renvoyer dans leurs pays ; plus d’éducation, surtout pour les individus issus des classes populaires pour qui l’accès à l’éducation est de plus en plus difficile ; plus d’importance accordée à la culture ; un pacte social plus fort, y compris en Grèce où il est en voie de destruction ou en Grande-Bretagne où il est actuellement mis à mal ; des institutions plus démocratiques, surtout en Hongrie ; combattre le racisme et l’antisémitisme partout, de la Norvège à la Grèce et de la France à la Lettonie, en passant par l’Autriche et la Bulgarie.

Il y a un désir de cette Europe-là. La société civile européenne antiraciste montre la voie en étant résolument engagée dans la construction de cette Europe, malgré les difficultés, malgré les différences culturelles, malgré les différences institutionnelles. Il est de la responsabilité des dirigeants politiques démocratiques de formuler un discours politique et des propositions qui répondent à ce désir.

Toute comparaison historique gardée, nous nous trouvons, en Europe, devant un choix similaire à celui qu’ont dû faire les Républicains espagnols à un moment clé de la Guerre d’Espagne : poursuivre la révolution ou conserver ses acquis pour se concentrer sur le gain de la guerre ?

La première voie, défendue notamment par les anarchistes, prônait une accélération de la Révolution pour entraîner une adhésion forte de la population, ce qui aurait privé les franquistes d’une certaine assise sociale derrière leurs lignes. La seconde voie, défendue notamment par les communistes staliniens, voulait stopper les progrès de la révolution pour se concentrer sur la victoire militaire.

C’est la seconde option qui l’a emporté, et qui s’est révélée une erreur politique et stratégique.

Tâchons de nous inspirer des erreurs du passé et engageons-nous résolument pour plus d’égalité, plus d’Europe !

Un commentaire

  1. vous pensez vraiment que faire plus d’europe va faire baisser l’extrême droite? Alors que c’est au contraire le rejet de l’europe qui la fait monter…

    Nom d’un chien mais retournez à l’école!