On a beau savoir que lois et pratiques iniques sont encore d’application dans maintes régions de la planète, c’est à chaque fois comme si l’horreur, et l’horreur à l’état pur, nous frappait à coups de massue. Quels qu’aient été les raisons qui ont valu l’inculpation de Sakineh Mohammadi Ashtiani, le châtiment qu’elle a déjà subit (99 coups de fouet), son séjour en prison (depuis sept ans) et la condamnation qu’elle encourt (après une menace de mort par lapidation maintenant il est question d’une mort par pendaison), ne peuvent que nous soulever le cœur d’horreur, d’effroi, d’indignation.

Cette iranienne, mère de deux enfants, attend son heure depuis près de six ans. Accusée d’adultère et de complicité du meurtre de son mari, elle fut d’abord condamnée à 10 ans d’emprisonnement puis à la peine capitale par lapidation. Dès l’annonce de cette condamnation, la Communauté internationale toute entière se mobilise (la pétition lancée ici par la Règle du Jeu recueille pas moins de 170 000 signatures !). Pression internationale telle que son jugement est suspendu en juillet 2010.

Mais à quel prix ? Adultère, homicide supposée, on apprendra que ses “aveux” furent extirpés sous la torture. La presse iranienne ne se risquera pas à ébruiter l’affaire. L’avocat de Sakineh, Mohammad Mostafaei, est inquiété, à tel point qu’il se voit contraint de demander l’asile politique en Norvège. (Notez que Sakineh n’eut droit à un avocat qu’à la fin de la procédure d’appel).

En juin 2010, l’exécution de Sakineh est imminente. Grâce aux efforts de ses deux enfants, soutenus par une mobilisation internationale, des manifestations importantes en France, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, des organisations des droits de l’homme, des personnalités et intellectuels de renom, l’exécution moyenâgeuse est suspendue en attendant la révision du procès. Ce qui ne signifie nullement qu’elle soit, de fait, acquittée.

Les tyrans de Téhéran cherchent juste une autre manière, peut-être moins spectaculaire, de l’exécuter.

Le 1er août 2010, Lula, alors président de la république brésilienne, offre l’asile à Mme Ashtiani. La requête est rejetée deux jours plus tard par les autorités de Téhéran.
Des manifestations ont lieu dans 100 villes à travers le monde.
Le 2 novembre 2010, un ordre d’exécution aurait été donné par la Cour suprême de Téhéran à la prison de Tabriz. Un appel au rassemblement est lancé par le Comité International contre la Lapidation pour le 3 novembre. On apprend également que le fils de Sakineh, Sajjad, ainsi que son second avocat pourraient avoir été torturés en prison, après avoir été arrêtés avec deux journalistes allemands. Des contacts entre Comités, médias et responsables politiques se font pour obtenir un sursis.

Enfin ce dimanche, Malek Ajdar Sharifi, chef de la justice de la province iranienne de l’Azerbaïdjan orientale où Sakineh est détenue, laissait entendre qu’elle restait passible de la peine de mort par pendaison. Insinuation qu’il se fit fort, hier mercredi, de nier en bloc, arguant que les médias… l’avaient mal cité ! « Ce dossier suit son cours normal conformément à la loi. Ces derniers jours, des informations me citant sur le dossier notamment (…) sur la manière d’appliquer la peine de Sakineh Ashtiani ont été publiées. Celles-ci sont tronquées et sont une interprétation incorrecte ». La pression internationale commencerait-elle à avoir quelque effet ? M. Malek Ajdar Sharifi redouterait-il devoir porter seul la responsabilité de cette ignominie ? Ou tout cela relève-t-il “tout simplement” d’une sinistre et cynique hypocrisie ?

Quoi qu’il en soit : ne pas baisser la garde. Pas un seul instant. L’affaire étant par trop tragique. Plus que jamais, il faut appeler à la libération immédiate de Sakineh, femme de chair et d’os, qui est aussi un symbole, un symbole pour toutes les femmes et tous les hommes dont la vie demeure, aujourd’hui encore, aux mains de la barbarie et de l’arbitraire.

16 Commentaires

  1. Pourquoi il n y a pas de pétition pour la sauver!!! comment faire pour aider cette femme?

  2. femme et citoyenne
    j ai participé au rassemblement pour Sakineh à Paris en 2011

    ne l oublions pas
    lapidation ou pendaison meme combat

    je suis prete pour une nouvelle action

    qu attendez vous ?
    ne nous decevez pas .
    nous avons besoin de croire qu’ on peut agir sur la barbarie et l obscurantisme .

    nous voulons l asile politique pour Sakineh! VITE

  3. …des commentaires, …oui bien sûr mais qui peut-mettre en route une pétition.c’est urgent !

  4. Malek Ajdar Sharifi, est-il chef de la justice de la province iranienne ou un barbare ? Ferait-il subir cela si cette femme faisait partie de sa propre famille ? Honte à lui et tous ceux qui préconise cette soit disant justice. Nous sommes au XXIème siècle et ces gens pensent et agissent comme si le monde n’avait pas évolué.

  5. Comment rendre justice de façon juste dans un pays où la justice n’en n’est pas réellement une ?
    Tout est faussé, tout est dicté par des dictateurs qui veulent en faire qu’à leur tête…souvenez-vous de Kadhafi, pour ne citer que lui !
    Rien nous prouve que Sakineh soit réellement coupable du meurtre de son mari, vu que tous les aveux des condamnés dans ce pays se pratiquent sous la torture !!
    Et tout le monde est sans ignorer que sous la torture, on est prêt à dire n’importe quoi pour qu’on n’arrête de nous faire crever !!!
    Toutes ces pratiques sont à vomir !!! Tellement d’innocents tués, tellement de combats sans soutien, par faute du nombre et non de la volonté de leur initiateur !
    Toutefois, si Sakineh a réellement participé au meurtre de son mari, elle a une peine de prison à purger, c’est d’ailleurs déjà ce qu’elle est en train de subir, mais pas jusqu’à la PEINE DE MORT !

    Ce que je souhaite pour 2012 et pour tous ces pays où la peine de mort est encore pratiquée, c’est ce slogan :

    Peine de mort à……la peine de mort !!!!

  6. L’IRAN, pays héritier de la belle culture perse. Aux mains d’une clique de barbares « nazis d’orient ».
    Un pays aux mains de psychopathes barbus et nuisibles qui ne sortira pas vainqueur de toutes ses horreurs.

  7. Libérez SALAH HAMOURI, citoyen français dans les geoles d’Israel sans aucune raison, ni procès !

  8. En tant que femme et citoyenne
    j ai participé à la mobilisation pour Sakineh à Paris .

    La lapidation est évitée
    Mais je refuse l’ oubli et la pendaison

    Libérons Sakineh : offrons lui l’ asile politique !

    je suis prête pour une nouvelle manifestation .
    A vous de nous rassembler et d organiser cette nouvelle bataille.
    Vite….
    Ne nous décevez pas. Nous avons besoin d actes et pas seulement de belles idées !

    Ensemble , nous pouvons gagner contre l’absurde et l’obscurantisme .

    MERCI

  9. Comment faire le poids contre la barbarie ?
    Espérons que notre mobilisation aura une influence pour sauver cette femme enfin une bonne fois pour toutes.

  10. Ok pour dénoncer l’éventuelle lapidation (si cela se passer comme ça) mais de là à dire qu’elle est innocente des charges retenues contre elle, c’est aller vite en besogne. On parle quand même d’une complicité d’homicide sur la personne de son mari (après l’avoir drogué) par un de ces deux amants. MAIS, elle n’a jamais été jugée pour adultère car celui-ci n’a pas pu être prouvé, la législation iranienne est stricte dans les preuves à apporter. Enfin il faut savoir qu’en Iran, pour respecter la charia, des peines de lapidation sont PRONONCÉES mais celles-ci sont après commuées en prison à vie ou en peine capital (pendaison & co). Du coup, l’Iran n’est pas si différent des Etats-Unis. Enfin fait plutôt remarquable de mon point de vue, la famille de la victime peut accorder son pardon à l’accusé, ce qui permet d’annuler l’exécution de la peine.
    Merci de faire un travail de journaliste la prochaine fois.

  11. Enfin une photo plus actuelle de Sakineh sur LRDJ, ENFIN, il était temps !! MERCI !

  12. Qu’éclaire tu la lumière ?
    Un papillon d’hier
    De nulle part, ni même d’ailleurs
    Presque sans mystère
    Sans gloire pour le jour
    qui ne trouve l’espoir que la nuit
    Si noir qu’on peut à peine le voir
    Pour comprendre une ombre
    Ou le tragique destin qui sombre
    Portant à bout de bras
    Toute la misère du monde
    Sur les ailes imprégnées de la fin
    La grandeur et l’éclat du déclin
    Ce n’est qu’un papillon géant dans ma main
    Pour moi le rayon du destin.

    J’ai écrit ce poème à la fin de l’année 2010 pour Sakineh avec l’espoir
    d’un grâce, qu’un main clémente veuille bien s’ouvrir, patrick manuia Rossignol .