La crise syrienne semble avoir atteint son apogée. Même si l’issue de la contestation populaire reste encore incertaine, l’isolement du clan Assad ne fait plus aucun doute. En cause, l’insoutenable répression subie par la population depuis près de huit mois (l’ONU parle aujourd’hui de 3500 victimes), en cause également, le refus de Damas d’appliquer le plan de crise de la Ligue arabe (prévoyant notamment le retrait des forces armées et la libération des manifestants arrêtés) qu’il s’était engagé à respecter. Résultat : ce n’est plus seulement aux yeux de la Communauté internationale que ce régime a perdu toute crédibilité, c’est aussi, désormais, au regard du monde arabe.

Preuve que nous sommes loin du consensus absurde qui prévalait, au début du conflit, qu’il ne fallait pas trop attiser les tensions à l’intérieur d’un pays clé dans l’équilibre du Moyen-Orient. Ce temps-là est terminé. Enfin ! La Ligue arabe vient d’annoncer qu’une réunion extraordinaire se tiendrait mercredi à Rabat en vue d’entériner sa décision de suspendre la Syrie – ce qui, en d’autres termes – signifierait son exclusion. Ce n’est pas tout. Le roi Abdallah II a, dès lundi, appelé Bachar al-Assad à quitter le pouvoir. La Turquie a également affirmé être désormais du côté du peuple syrien dont elle juge le combat “légitime”. Rifaat Assad lui-même, l’oncle du président syrien, a souhaité (depuis Paris) prendre provisoirement la tête du pays et appelé le peuple syrien à poursuivre la résistance, tout en craignant une montée des extrêmes faute d’une résolution rapide de la crise.

Seule la Russie campe sur ses positions et accuse l’Occident d’encourager la population syrienne au soulèvement. Propos indignes eu égard à la situation et aux victimes de la répression sanguinaire qui sévit dans ce pays. Hier encore, 70 personnes auraient trouvé la mort suite aux interventions des forces de sécurité. L’Observatoire syrien des droits de l’Homme a notamment rapporté qu’à Deraa, elles avaient tiré sur des civils faisant 23 victimes. Par ailleurs, 34 soldats auraient péri lors d’affrontements  avec des hommes armés, vraisemblablement des déserteurs. Les Comités locaux de Coordination affirment que le régime a dépêché des renforts militaires près de la localité d’al-Zabadani, dans la région de Damas, en vue de la prendre d’assaut.

C’est dire que s’il existe un complot en Syrie, il ne vise aucunement le pouvoir en place mais bien sa propre population.