La science-fiction, ce n’est pas seulement la 3 D, les armes chimiques et la fin du monde en 2012. La science-fiction, c’est aussi l’improbable à nos portes, l’irréel qui frappe au carreau. Ainsi ces rumeurs, que l’on nomme « légendes urbaines » et dont regorge l’histoire parisienne : le vampire de Montparnasse, les fantômes du métro, l’homme rouge des Tuileries, les crocos des catacombes… La plus récente est aussi l’une des plus aberrantes. On sait que Place Saint-Germain des Prés, la librairie La Hune, présente depuis 1949, doit être remplacée par une fameuse maison de toile enduite. On sait également qu’elle va déménager à deux pas, en lieu et place d’une illustre enseigne de confection. Jusqu’ici, les chaises musicales culture-inculture sont à peu-près équitables. Commence la rumeur : on dit que le célèbre kiosque à journaux qui fait face à la librairie (celui où Sartre, Beauvoir, Camus, Queneau allaient acheter Le Chasseur Français, qu’ils lisaient au Flore ou aux Deux Magots) va être supprimé. Non pour raison d’hygiène, mais parce que la maison de luxe entend que ses clients puissent avoir du recul pour convoiter ses produits. Ça, c’est forcément de la science-fiction, non ?